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Hamon et Montebourg attaquent l’exécutif, mais « en parfaite loyauté »

Très critiques envers la politique économique du pays, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon ont justifié leur orientation dimanche à la Fête de la Rose de Frangy, tout en jurant leur loyauté envers le couple exécutif.

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Arnaud Montebourg et Benoît Hamon à la Fête de la Rose de Frangy.

Par Les Echos

Publié le 24 août 2014 à 09:51

Samedi, le ministre de l’Economie dénonçait dans Le Monde la politique de rigueur, faisant entendre que d’autres choix économiques étaient possibles. Dimanche, c’était au ministre de l’Education de lancer ses critiques, dans Le Parisien. Plaidant pour « une relance de la demande », il y fustigeait la politique menée outre-Rhin, se disant avec son collègue de Bercy « pas loin des frondeurs » socialistes qui critiquent les choix gouvernementaux.

« Il y a aujourd’hui un débat, qui existe en raison de faits nouveaux: l’isolement de Mme Merkel, la menace de la déflation, et ce débat il justifie, comme beaucoup d’économistes le suggèrent, comme beaucoup de chefs de gouvernement le demandent, d’être mené. On le fait en parfaite loyauté », a-t-il ajouté, devant la presse à son arrivée à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), niant toute contradiction avec la ligne fixée par François Hollande.

De son côté, Arnaud Montebourg a estimé que face à « une situation nouvelle très grave qui s’appelle la menace déflationniste » il est « normal, pour le ministre de l’Economie, d’ailleurs (pour) tout homme d’Etat, d’ouvrir le débat ».

Selon lui, le débat, qui « a commencé sur la table du conseil des ministres déjà il y a plusieurs mois » doit être mené « devant l’opinion publique, avec les Français, avec les parlementaires, avec l’opposition ». Et le président ? « Eh oui! ».

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Nouvelle dissidence au sein du gouvernement ? « On peut avoir un avis, une conviction, l’exprimer et être loyal », assure Benoît Hamon, qui « évidemment » reste au gouvernement.

Quand à M. Montebourg, accueilli par une nuée de caméras pour cette fête annuelle organisée dans son fief, il a refusé de réponde à la question de savoir s’il se sentait bien au gouvernement.

Visiblement joyeux des remous provoqués par sa sortie de la veille, il lance : « Je vais lui envoyer une bonne bouteille de la +cuvée du redressement+ au président, hein! », référence aux quelque mille bouteilles mises en vente pour cette 42e édition. « Je vais apporter une bouteille à tous les membres du gouvernement », ajoute-t-il.

Les réactions de la classe politique

La sortie de Montebourg et Hamon a suscité de nombreuses réactions à gauche. La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a publié un message de sympathie sur Twitter: « Je souhaite une belle journée à #Frangy2014 à @Montebourg et @benoithamon ».

Invités par le ministre de l’Economie, plusieurs députés « frondeurs » se sont massés autour des deux ministres, tel Laurent Baumel, ou Christian Paul, qui se dit « heureux que le débat ait lieu au sein du gouvernement ».

A droite, leurs prises de positions ont été vivement critiquées par Roger Karoutchi, sénateur UMP des Hauts-de-Seine: « il y a maintenant deux solutions: soit les ministres en contradiction absolue avec la ligne démissionnent et rejoignent les frondeurs - c’est la logique du système de la Ve République; soit on ne respecte pas cette logique et cela veut dire que le président et le Premier ministre, déjà très affaiblis, sont totalement discrédités et ne peuvent plus parler au nom d’un exécutif aussi divisé », a-t-il dit.

Pour Christian Paul, député PS de la Nièvre et « frondeur », « ils font au sein du gouvernement ce que nous avons engagé depuis plusieurs mois au Parlement : ils posent sur la politique les bonnes questions (...). Nous parlons d’un « plan d’urgence » et Montebourg d’un  « électrochoc » : il y a évidement une communauté d’analyse, des propositions qui peuvent converger. Attention, ce n’est pas un débat socialo-socialiste mais européen : même outre-atlantique, on s’étonne de voir comment la France et l’Europe mènent des politiques restrictives qui ne font pas sortir de la récession. Il ne faut pas ramener cela à un débat interne aux socialistes. Il est grand temps que ce débat européen ait lieu. Je suis heureux que nous ayons ouvert la brèche au mois d’avril et je suis heureux que ce débat ait lieu au sein du gouvernement : c’est le moyen pour une démocratie, assiégée par les marchés et qui traverse une crise aiguë et durable, de s’en sortir. »

Pour Roger Karoutchi, sénateur UMP des Hauts-de-Seine, « au-delà de tout clivage politique, il y a un vrai problème de fonctionnement de la République : le gouvernement est celui qui fait la vie quotidienne des Français donc quand il y a des positions aussi antagonistes au sein du gouvernement, c’est tous les Français qui trinquent ! François Hollande et Manuel Valls sont responsables de l’unité et de l’efficacité de leur politique: comment le peuvent-ils en ayant à l’intérieur du gouvernement des gens qui disent que la politique suivie est un désastre ? Il y a maintenant deux solutions : soit les ministres en contradiction absolue avec la ligne démissionnent et rejoignent les frondeurs - c’est la logique du système de la Ve République ; soit on ne respecte pas cette logique et cela veut dire que le président et le Premier ministre, déjà très affaiblis, sont totalement discrédités et ne peuvent plus parler au nom d’un exécutif aussi divisé. Ce qui se passe là est très grave. C’est la première fois qu’un ministre se dit totalement opposés à la politique économique tout en étant en charge et reste au gouvernement. C’est du jamais vu sous la Ve. On peut continuer à décrédibiliser la République, on n’est plus à ça près, mais halte au feu ! »

Aux micros de France Info, Christophe Caresche, député PS de Paris commente : « on ne peut pas parler de politique d’austérité : le président de la République a veillé à ce que la politique de réduction des déficits dans notre pays ne se fasse pas de manière brutale. »

Sur la même antenne, Nicolas Dupont-Aignan de Debout La République estime qu’Arnaud Montebourg « est le ministre de l’Économie d’un gouvernement qui fait exactement la politique qu’il critique : il faut un moment que M. Montebourg arrête de prendre les Français pour des imbéciles ».

Source AFP

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