Radouane Lakdim : quel est le profil de l'assaillant des attentats de Trèbes et Carcassonne ?

Radouane Lakdim : quel est le profil de l'assaillant des attentats de Trèbes et Carcassonne ?

RADOUANE LAKDIM - Depuis 2014, le jeune Franco-Marocain de 25 ans était fiché S pour ses liens avec la mouvance salafiste.e jeune homme de 25 ans serait "un solitaire qui est passé à l'acte brusquement". Pourtant, les services de renseignements n'avaient décelé aucun "signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l'acte terroriste" selon le procureur la République de Paris.

[Mis à jour le 25 mars 2018 à 18h20] Comment Radouane Lakdim a pu passer de petit délinquant à terroriste ? Quelles étaient les réelles motivations de l'assaillant de la prise d'otages du Super U de Trèbes ce vendredi 23 mars ? Autant de questions auxquelles tentent de répondre les enquêteurs du parquet antiterroriste de Paris. Le jeune homme âgé de 25 ans avait été suivi un temps pour radicalisation. Le délégué général de La République en marche! a assuré ce dimanche 25 mars dans Le Grand Rendez-Vous sur Eruope 1 que, dans le cas de Radouane Lakdim, auteur des attaques de Trèbes et Carcassonne, les services de renseignement "ont jugé qu'il n'y avait plus d'éléments, après deux ans de suivi, qui justifiaient une surveillance". 

Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, a précisé qu'il était connu pour des faits de petite délinquance, condamné deux fois, d'abord en 2011 à un mois de prison avec sursis pour "port d'arme prohibée", puis en 2015 pour "usage de stupéfiants et refus d'obtempérer", condamnation qui lui a valu un séjour d'un mois en prison. Radouane Lakdim a formulé "une revendication a posteriori" selon le ministre de l'Intérieur, se réclamant du groupe terroriste. Il a aussi réclamé "la libération de détenus", dont Salah Abdeslam, seul survivant des commandos terroristes du 13 novembre 2015 à Paris, a-t-il indiqué. Plus précisément, Radouane Lakdim était connu des services de renseignements depuis 2013 et était fiché au FSPRT (fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste).

L'assaillant de Carcassonne et Trèbes ne s'est jamais rendu en zone irako-syrienne selon la Dépêche.fr. En effet, selon les premières investigations, il ne serait pas rentré en contact avec des membres de Daech. Rien ne laisse donc présager son appartenance au groupe État islamique et un passage à l'acte terroriste imminent. C'est le testament écrit à la main où il se revendique de l'État islamique qui vient contredire la théorie de l'acte brusque et non prémédité.

Deux proches du terroriste présumé toujours entendus

Celui qui est également accusé d'être l'auteur des deux attaques contre une voiture et des CRS à Carcassonne, un peu plus tôt dans la journée de vendredi, a effectué un mois de prison en 2016 à Carcassonne. Cette même année, Redouane Lakdim a fait l'objet d'un "suivi effectif" des services de renseignement, mais cela n'a permis d'établir "aucun signe précurseur d'un passage à l'acte terroriste", a rapporté François Molins. Le procureur de Paris a par ailleurs fait savoir qu'une personne de son entourage, une femme, a été placée en garde à vue. Il s'agirait d'une "proche qui partageait sa vie". Une deuxième personne a été placée en garde à vue dans la nuit de vendredi à samedi. Il s'agit de l'un des meilleurs amis de Redouane Lakdim. Il est âgé de 17 ans et vit dans le même quartier que l'assaillant. Ce jeune homme ne serait pas fiché S, mais simplement connu des forces de police, notamment dans le cadre d'affaires de stupéfiants. Les enquêteurs cherchent à savoir si Redouane Lakdim a bénéficié de complicité. 

"Un solitaire qui est passé à l'acte brusquement"

Un peu plus tôt dans la journée de vendredi, Gérard Collomb avait déclaré qu'"il était surveillé, mais nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation". Selon le ministre de l'Intérieur, le jeune homme de 25 ans serait "un solitaire qui est passé à l'acte brusquement". Que s'est-il passé ce vendredi ? Quels sont les faits dont est suspecté Redouane Lakdim ? Celui qui aurait agi seul et qui était lourdement armé (couteaux, arme de poing et grenades) aurait d'abord attaqué un véhicule à Carcassonne pour s'en emparer, blessant au passage grièvement le conducteur et tuant son passager. Puis Redouane Lakdim aurait poursuivi sa route en ouvrant notamment le feu sur des CRS qui faisaient leur jogging. L'un d'eux aurait été blessé. Le suspect présumé se serait ensuite rendu au Super U de Trèbes. Là, il aurait tué deux personnes avant de prendre des otages. Abattu lors de l'assaut du GIGN, Redouane Lakdim était originaire du Maroc. Il vivait à Carcassonne (Aude), ville dont il fréquentait régulièrement la mosquée.

Redouane Lakdim a déposé sa petite soeur à l'école avant l'attaque

"Très actif" sur les réseaux sociaux et sur les "sites salafistes", selon Le Parisien, Redouane Lakdim vivait avec ses parents et ses sœurs, dans un appartement de la ville fortifiée de l'Aude. Le domicile en question a été perquisitionné dans la journée. Présenté comme un homme calme et mesuré par son entourage, Redouane Lakdim était néanmoins connu des services de renseignements pour sa radicalisation et était soupçonné d'avoir effectué un voyage en Syrie. "C'était plutôt un petit délinquant qui à un moment est passé à l'acte. [...] On ne pouvait pas dire qu'il pouvait être un radical passant à l'acte dans les moments qui venaient. [...] C'était plutôt quelqu'un qui était un petit dealer", a fait savoir Gérard Collomb.

Quelqu'un de "calme" et sympa selon une voisine

Selon les premiers témoignages des voisins de Redouane Lakdim recueillis par Le Parisien, cet homme, qui a demandé la libération de Salah Abdeslam lors de la prise d'otages, n'était pas considéré comme violent ou potentiellement dangereux. Une voisine a même confié tout l'inverse au quotidien de la capitale, décrivant quelqu'un de "calme", "sympa", avec "toujours un mot gentil". Selon ses voisins, celui qui a passé un mois en prison en 2016 pour usage de stupéfiants ne faisait pas vraiment parler de lui. "Oui, je le connais bien", confie un homme à Europe 1. "Il vient à la mosquée tout le temps. Il est toujours calme, tranquille." Pour une voisine, Radouane Lakdim était "calme, gentil, sans problème". Le jeune homme de 25 ans vivait avec ses parents et ses deux soeurs et personne dans sa cité Ozanam de Carcassonne ne suspectait qu'il allait passer à l'acte. D'après des habitants du quartier, il aurait même été aperçu vendredi matin en train d'emmener sa petite sœur à l'école…