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Nuit debout : Alain Finkielkraut chassé de la place de la République

Nuit deboutdossier
Le philosophe s'est fait huer sur le lieu de rassemblement, samedi soir. Des vidéos de son altercation avec des participants circulent depuis sur les réseaux sociaux.
par Dounia Hadni
publié le 17 avril 2016 à 12h38

Quelques dizaines de personnes «nuit-deboutistes», samedi, ne voulaient visiblement pas d’Alain Finkielkraut, le philosophe polémique, sur la place de la République qu’ils se sont appropriée. Ils l’ont fait savoir avec violence.

Sur une vidéo postée sur les réseaux sociaux (voir ci-dessous), les «casse-toi», «facho» et insultes fusent. On entend également des crachats. Le philosophe, accompagné de sa femme, se résigne à partir très vite, non sans perdre son calme. On l'entend crier «saloperies», «fascistes» et… «"gnagnagna", pauvre conne» à une jeune femme qui l'insultait. Une personne l'interpelle en lui demandant de «ne pas en rajouter», ce à quoi il répond : «Je me fais insulter, je peux répondre aussi. Je suis un être humain.»

Finkielkraut vient de se faire chasser de #nuitdebout ! Je lui ai demandé s'il était venu en soutien et il m'a répondu "Je suis simplement venu me faire un avis, mais c'était prévisible que j'allais tomber sur des demeurés..." Sur la vidéo on voit bien qui est le demeuré...

Posted by Sadia Diawara on Saturday, April 16, 2016

Quelques minutes après son départ de la place, le philosophe a répondu au site complotiste le Cercle des volontaires, en expliquant qu'il était venu «pour écouter» les revendications du mouvement Nuit debout. «J'ai été expulsé d'une place où doivent régner la démocratie et le pluralisme, donc cette démocratie c'est du bobard, ce pluralisme c'est un mensonge. D'autant que je ne venais que pour écouter, je ne venais même pas pour intervenir et pour faire valoir mes idées mais on a voulu purifier la place de la République de ma présence et donc j'ai subi cette purification, avec mon épouse», poursuit-il. Et sa femme d'ajouter : «Il faut dire que s'il n'y avait pas de service d'ordre, tu te faisais lyncher.»

Cela dit, d'après un témoignage recueilli par Europe 1 ce dimanche, Alain Finkielkraut aurait assisté à l'Assemblée populaire, avant d'être rejeté, un peu plus loin sur la place près de la statue par «un groupe de personnes "agressives"». Cette scène ne se serait donc pas déroulé dès son arrivée (vidéo ci-dessus). A noter que quelques personnes se sont efforcées de calmer la foule, en entourant l'intellectuel indésirable jusqu'à sa sortie de la place.

*À lire aussi :«Nuit debout, mode d'emploi» et Nuit debout, un mouvement qui prend de l'ampleur

Dans la nuit de samedi à dimanche, #Finkielkraut s'est hissé en haut des Trending Topics France, opposant ses soutiens et ses détracteurs.

Le soir même, les Jeunes communistes se sont félicités d'avoir «tej» (jeté) Alain Finkelkraut.

Ce dimanche, la journaliste et essayiste Caroline Fourest a dénoncé des «pratiques de salauds» :

Des voix à droite et à l’extrême droite ont profité de l’incident pour tenter décrédibiliser le mouvement Nuit debout, comme Eric Ciotti ou encore Marion Maréchal-Le Pen.

Le président du parti souverainiste Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a aussi accouru au secours de l'académicien.

A lire aussi Billet : Finkielkraut à République, tête à clash

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