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Qui va garder l’écologie ? - Fabius-Royal

Laurent Fabius et Ségolène Royal.
Laurent Fabius et Ségolène Royal. © FACELLY/SIPA
Caroline Fontaine et Mariana Grépinet

François Hollande a fait de la conférence climatique sa priorité en 2015, mais ce sont deux vieux ennemis qui se disputent le dossier.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les relations entre Ségolène Royal et Laurent Fabius ne sont pas au réchauffement. La ministre de l’Ecologie et son homologue aux Affaires étrangères se partagent les négociations sur le climat : à l’une la France et l’Europe, à l’autre le reste du monde et la présidence de la Cop21, la conférence internationale sur le climat, dont l’organisation sera présentée le 14 janvier en Conseil des ministres. Une division arbitrée en 2012 par le chef de l’Etat. Mais à l’époque, Ségolène Royal n’était pas ministre. Et cette nouvelle habituée du bureau de François Hollande a déjà demandé à en être la coprésidente. A l’Elysée, on précise : « Institutionnellement, ce n’est pas possible. C’est un exercice très formalisé avec un protocole précis. » Pour Royal, le débat n’est pas clos. « Il y a des discussions pour savoir qui fait quoi », confie-t-elle avant de préciser qu’elle est pour l’heure « coanimatrice de la préparation de la Cop21  » et que son ministère accueille l’équipe chargée de l’organisation de l’événement. A son crédit, son expertise sur le climat : « Il y a vingt-trois ans, en tant que ministre de l’Ecologie, j’étais à Rio, au premier sommet de l’environnement. » Dans le camp Fabius, on mise sur le réseau du numéro deux du gouvernement : « A chaque déplacement, il rencontre le ministre de l’Environnement du pays », dixit un conseiller. Surtout, les mauvaises langues susurrent que Ségolène Royal ne parle pas anglais, un sérieux handicap pour négocier des accords internationaux !

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"Entre Ségolène Royal et Laurent Fabius, la tension est énorme"

Les deux ministres étaient à la conférence Cop20, à Lima. Ségolène Royal n’est pas venue au briefing presse organisé par Laurent Fabius. Un témoin raconte : « Elle n’a pas de stratégie. Elle ne prépare pas ses rendez-vous. Fabius a même demandé en riant : “Comment se passe le tourisme de Ségolène ?”» Il y a entre ces deux-là un potentiel de tension énorme. » Leurs caractères les opposent. Autant Fabius, dit son ami Henri Weber, est un « être de raison », un homme politique à sang froid, longtemps à la tête d’un courant structuré, avec un fief et des lieutenants, autant l’imprévisible Royal avance à l’intuition, au culot. Une réunion de pilotage sur la Cop21 doit se tenir dans les prochains jours à l’Elysée. Les ennuis ne font donc que commencer. Et le passif est déjà lourd.

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Ils appartiennent à cette espèce en voie de disparition que sont les éléphants socialistes. Il est de sept ans son aîné. Il a pris sa carte au PS en 1974, elle, quatre ans plus tard. « Ils ne jouaient pas dans la même catégorie, assure un fabiusien. Il était ministre quand elle était conseillère à l’Elysée, et il a été Premier ministre en 1984 alors qu’elle a attendu 1992 pour être ministre. » Ce n’est qu’en 2000 qu’ils participent au même gouvernement. Quand leurs relations sont au beau fixe, c’est qu’ils s’ignorent. Le reste du temps, ils sont à couteaux tirés. Quand Ségolène Royal annonce sa candidature à la primaire socialiste de 2006 – à laquelle concourt aussi Fabius –, ce dernier s’écrie : « Mais qui va garder les enfants ? » Difficile pour lui de masquer son mépris, sa condescendance. « Fabius a toujours reconnu ses qualités de communicante, de battante, de ventriloque du peuple, rappelle Weber. Elle sent les choses. Mais il était très hostile à sa candidature. » Au lendemain de sa défaite, en juin 2007, Fabius enfonce le clou et critique le « triple déficit » de Royal : « Présidentialité, crédibilité, collégialité. » De son côté, elle lui reproche d’avoir torpillé sa campagne. Et quand, au congrès de Reims, elle postule pour être premier secrétaire du PS, les fabiusiens s’allient avec leurs pires ennemis, les strauss-kahniens, pour faire gagner Martine Aubry. Magnanime, Royal confie : « Les attaques lors de la campagne présidentielle m’ont servi, elles avaient choqué et m’avaient attiré l’amitié des femmes. Aujourd’hui, je suis passée à autre chose. » Chez Fabius aussi, on assure que la page est tournée. En politique, tout est possible. Mais avec ces deux-là, il n’est pas sûr pourtant que ces bonnes résolutions passent le mois de janvier ! nEntre eux, les rapports sont « strictement professionnels », dit Ségolène Royal.

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