SANTEUn patient meurt dans sa voiture après avoir quitté les urgences du CHU

Angers: Un patient meurt dans sa voiture après avoir quitté les urgences, le parquet ouvre une enquête

SANTELa victime, âgée de 49 ans, avait quitté le CHU un quart d'heure après son arrivée pour rejoindre une clinique privée
Le CHU d'Angers.
Le CHU d'Angers. - JS.Evrard/AFP
Frédéric Brenon

F.B.

Que s’est-il passé exactement au service des urgences du CHU d’Angers samedi soir ? Vers 19h30, un homme âgé de 49 ans souffrant de douleurs au cœur se présente à l’accueil, accompagné d’un membre de sa famille. Un agent administratif commence son admission et signale son arrivée à l’infirmière en poste. « Mais celle-ci était seule et débordée. Elle avait déjà à gérer un patient en urgence relative », avance le syndicat SUD.

Faute de personnel, une solution est recherchée dans le service, contraignant le patient à patienter davantage. « La personne qui l’accompagnait, paniquée, a décidé de repartir et de se rendre à la clinique privée d’Angers, à une vingtaine de minutes de là. » Mais, en arrivant sur le parking de la clinique, l’homme décède dans la voiture.

Le manque de personnel en cause ?

« C’est terrible, réagit Christian Lemaire, cosecrétaire de SUD-Santé 49. Nos collègues sont bousculés par la nouvelle. Personne ne sait si cette personne aurait pu être sauvée ou pas. Mais le temps passé à faire le trajet jusqu’à la clinique aurait dû être utilisé pour recevoir des soins au CHU. C’est la mission principale de l’hôpital. »

Pour le syndicat, le « lien avec le sous-effectif du CHU est une évidence ». « Normalement, il y a deux infirmières et une aide-soignante pour faire le tri des patients se présentant aux urgences. Ce jour-là, en raison d’absences non remplacées, il n’y avait qu’une infirmière en poste jusqu’à 21h20. Ce n’est pas normal », commente Christian Lemaire. L’intersyndicale du CHU d’Angers a déclenché un droit d’alerte auprès du CHSCT.

La direction du CHU se défend

Une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte par le parquet d’Angers, indique le procureur de la République Yves Gambert. « A ce stade, il n’y a aucune suspicion qui permette de penser qu’il y a eu dysfonctionnement au niveau des urgences », déclare-t-il.

D’après les images de vidéo surveillance, le patient est reparti treize minutes après avoir été accueilli au CHU. « A aucun moment, il n’y a eu de manifestation qui laissait à penser qu’il fallait se dépêcher pour la prise en charge », a indiqué une porte-parole de l’hôpital. « Il n’y avait pas de signe clinique : la personne était debout et n’était pas en sueur », a-t-elle précisé. « Si ça avait été une urgence de niveau 1, elle aurait été prise en charge immédiatement », a assuré le CHU.

Une autopsie a eu lieu lundi à Nantes mais les résultats ne sont pas encore connus, selon le parquet.

Les personnels urgentistes de plusieurs hôpitaux français, dont le CHU d’Angers, sont en mouvement social depuis plusieurs semaines pour dénoncer un « manque de moyens humains ».

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