L’école publique plus chère que le privé

Le dernier numéro de Société civile, le magazine de l’Ifrap, révèle la différence de coût entre le privé et le public en matière d’éducation. Plus encore, il propose une réforme ambitieuse de l’éducation afin de la libérer de ses contraintes. Analyse.

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École By: Rahul Narain - CC BY 2.0

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L’école publique plus chère que le privé

Publié le 19 octobre 2016
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Par Jean-Baptiste Noé.

Éducation : l'école publique plus chère que le privé
By: Rahul NarainCC BY 2.0

Ceux qui connaissent le sérieux et la pertinence des études de l’Ifrap ne seront pas déçus en lisant ce numéro de Société civile consacré à l’école. Le titre est à lui seul un programme : Libérer l’école. Et c’est effectivement de liberté que l’école a besoin, plus que de moyens.

Ici, l’Ifrap compare les systèmes éducatifs publics et privés, aussi bien dans son fonctionnement (nombre d’élèves et de professeurs) que dans ses coûts. Comme l’Institut l’avait déjà démontré, le système public est plus coûteux que le système privé avec un surcoût annuel de 34.5 Mds€. Celui-ci se décompose comme suit : 11.9 Mds€ de surcoût pour les retraites, 10.2 Mds€ pour la masse salariale et 12.4 Mds€ pour les dépenses locales.   

Lorsque l’Ifrap avait démontré ce surcoût, il avait dû essuyer un grand flot de critiques ; mais ses chiffres n’ont jamais été contredits.

Ainsi, un élève du 1er degré coûte 3 683€ par an dans le privé contre 6 842€ dans le public. Quant aux élèves du 2nd degré, ils coûtent 7 522€ par an dans le privé et 11 266€ dans le public.

Au regard de ce coût faramineux et en augmentation, il faut opposer des résultats en baisse constante, comme ne cessent de le démontrer les rapports Pisa de l’OCDE. À l’école, davantage de dépenses ne se traduisent pas par davantage de résultats.

Propositions pour plus de liberté

L’Ifrap propose une réorganisation complète du système éducatif en dotant les établissements d’une large autonomie en matière de recrutement et de gestion de leur personnel. Les collectivités locales dotent les établissements de moyens financiers et ceux-ci recrutent leur personnel avec des contrats de droit privé. Finis donc les concours et les affectations au gré des syndicats. C’est ici une révolution.

Charger les directeurs d’établissement d’évaluer leurs professeurs et lier la rémunération au mérite, comme cela se fait dans n’importe quelle entreprise. C’est finalement récompenser les meilleurs et sanctionner les mauvais, ce que font tous les professeurs avec leurs élèves.

L’Ifrap propose que les chefs d’établissement du public soient recrutés selon les mêmes conditions que ceux du privé et qu’ils puissent gérer le budget et l’embauche.

De même, l’Ifrap propose de permettre l’autonomie à des établissements publics volontaires. Ceux-ci recevraient un forfait par élève et pourraient gérer leurs personnels et leurs bâtiments.

Pour permettre la création d’écoles privées, l’Ifrap propose de supprimer la règle du 80/20 des accords Lang-Couplet et de favoriser le hors-contrat grâce à des incitations fiscales.

Des propositions irréalistes ?

Toutes ces propositions sont bien évidemment bonnes, mais toutes ne nous semblent pas faisables. Ainsi de l’idée de proposer l’autonomie à des établissements publics volontaires. C’est certes une très bonne idée, mais comment la réaliser ? Ces établissements n’appartiennent à personne. Qui va décider du passage à l’autonomie ? Surement pas le chef d’établissement, qui est un fonctionnaire parmi d’autres. Ni les collectivités locales, qui ne voudront jamais risquer de se mettre les écoles à dos.

De même pour la réduction fiscale de 50% pour les parents inscrivant leurs enfants dans le hors-contrat. D’une part, toutes les familles ne payent pas l’IR, donc ne sont pas concernées, d’autre part, même avec une remise de 50% cela est loin de couvrir les frais d’éducation. À titre d’exemple, pour une famille de trois enfants ayant deux enfants dans le secondaire et un au primaire, cela représente un coût de 18 727€. La réduction fiscale s’élèverait donc à 9 363€, à condition que ce couple paye ce montant-là comme impôt sur le revenu. Pourquoi alors ne pas proposer un paiement au forfait pour les établissements privés ? Lui seul permet de rétablir l’égalité entre les foyers qui ainsi ne paieraient pas deux fois l’école.

Connaissant la très forte réticence au changement de l’école publique, bon nombre de propositions ne nous semblent pas réalisables, comme supprimer les rectorats et les académies ou modifier le modèle de recrutement des professeurs et des directeurs. Le mieux est peut-être de laisser cette structure mourir de sa belle mort et de favoriser à côté la création d’écoles privées pour prendre la relève.

  • Ifrap, « Libérer nos écoles, nos collèges et nos lycées », Société civile, n°171, octobre 2016.

 

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  • mais allant de pair avec la liberté d’enseigner comment va la liberté d’enseigner..quoi .L’état impose un programme et il est assez difficile de savoir si ce contenu est pertinent .
    Je ne suis pas sur que l’idée que des parents puissent choisir quoi enseigner à leurs enfants , on peut imaginer des écoles confessionnelles ou politique, soit très compatibles avec le vivre ensemble.
    Faut pas oublier que former des citoyen est un objectif affirmé de l’école publique.
    J’ai tendance à croire que cette programmation « pédagogique  » est un sujet au moins aussi important que celui d’une efficacité économique.
    On peut m^me imaginer que des parents, forcés de confier leur progéniture à l’école publique dont ils rejettent l’idéologie, peuvent inciter ces derniers à « ne pas apprendre »…

    • « …Former des citoyens est un objectif affirmé de l’école publique. »

      Cette perception de la chose est pour le moins étonnante. C’est une façon de cautionner le formatage socialo-communiste des enfants par les enseignants qui sont quasi tous abreuvés de cette idéologie et qu’ils ne se privent surtout pas de bien ancrer dans les petites têtes blondes.

      Ne soyons pas surpris de voir l’état de déliquescence de notre pays, qui depuis des décennies forme, au collectivisme et au partage…de l’argent des autres.

      Bravo !

  • la force de l’ecole privée est..l’existence de l’école d’état , la supprimer ne peut qu’appauvrir l’école privée par absence de concurrence supportant les couts annexes comme les mauvais élèves et les mauvais parents et les mauvais profs !

    • pas si évident, la concurrence existant aussi entre les écoles privées.
      pour ce qui est des élèves, une récente étude montre plus de mixité sociale dans le privé contrairement aux a priori

    • Pas d’accord, Jacques!
      Je connais moult cas d’enfants abandonnés par le public et sauvés par … l’école privée. Pour ma part, si je n’ai pas mis mes 3 filles en école privée c’est simplement parce qu’elles n’avaient pas de problèmes à l’école et que leur scolarité s’est déroulée normalement. Sinon ne les aurais sans attendre inscrites en établissement privé.
      Et si l’on parlait aussi hôpitaux publics et cliniques privées alors que notre ministre s’attaque au privé …

  • … laisser mourir le système… mais que fait-on de ces nombreux profs fonctionnaires ?

  • Et c’est effectivement de liberté DONT l’école a besoin, plus que de moyens…

    Intéressant article néanmoins.

  • On peut peut-être imaginer un vrai chèque éducation que les familles recevraient en fonction du nombre et de l’age des enfants.
    Il serait utilisé uniquement dans des établissements agréés par l’État, avec des bases simples (pour éviter l’endoctrinement, notamment religieux, avoir une totale transparence, respecter le programme minimal…).
    Le programme pourrait être voté par le Parlement et se baser sur les acquis utilisé par les classements internationaux comme PISA. Cela permettrait d’avoir une bonne base pour commencer.

  • Autonomie de gestion, chèque éducation, concurrence.
    Mais l’Etat doit imposer un programme, et contrôler l’acquisition de ce programme par des examens.
    Dans le temps il y avait le certif, le brevet, le bac, cela fonctionnait très bien.
    Les élèves du privé passaient les mêmes examens anonymes que les élèves du public.

    • Où avez-vous vu que les élèves du privé passent les examens différemment du public, les sujets sont les mêmes les correcteurs aussi et tout se fait de façon anonyme. De même pour les concours de recrutement, programmes nationaux, questions et corrections idem, d’ailleurs ils sont dans des centres identiques tant pour les écrits que pour l’oral .

      • Il faut passer un examen pour entrer en sixième? On y admet des gosses qui ne savent ni lire ni compter.
        Quant au bac, même s’il est anonyme et réservé à tous, c’est devenu un examen bidon qui envoie à l’université des ignares.
        J’avais parlé de: « établir des programmes et contrôler leur acquisition ».

  • Les personnels de l’EN qui profitent des 35 Mds qui seraient économisés ne sont pas prêts à admettre qu’il puisse y en avoir une meilleure utilisation que leur rétribution, et encore moins, qu’eux-mêmes puissent en profiter autrement en changeant de métier. Ils pensent en effet savoir mieux que les autres combien leur fonction est indispensable, qu’importe que les contribuables soient prêts, eux, à les rétribuer pour quelque chose de plus utile… Dans l’esprit de beaucoup, il ne peut rien y avoir de plus utile !

  • Moi je suis pour la création de 200000 postes d’enseignants dans l’enseignement public, de 20000 postes de fonctionnels au ministère et dans les rectorats, un abaissement du nombre d’heures dans la semaine, un doublement du nombre de permanents dans les syndicats, une clause particulière prévoyant le maintien en poste de NVB pendant tout le prochain quinquennat, même en cas de changement de majorité.

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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