Dette de la SNCF : à la fin, c’est toujours le contribuable qui paie !

En reprenant la dette de la SNCF, le gouvernement propose de déshabiller le citoyen Pierre pour habiller le cheminot Paul : c’est aussi cela, la redistribution !

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Dette de la SNCF : à la fin, c’est toujours le contribuable qui paie !

Publié le 3 mai 2018
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Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre

Dans une lettre aux syndicats de la SNCF dévoilée la semaine dernière, le Premier ministre a indiqué que l’État «reprendrait» bien la dette de l’entreprise ferroviaire à partir de 2020, soulignant que cette opération « demandera un effort supplémentaire des contribuables ».

Aussitôt, l’opposition Les Républicains s’est levée comme un seul homme, dénonçant une promesse cachée d’augmentation d’impôts, alors même que, quelques jours auparavant, le président de la République avait promis qu’il n’y aurait pas de hausse de la pression fiscale.

C’était aller un peu vite en besogne : l’effort supplémentaire évoqué peut se traduire de plusieurs manières, dont une baisse des dépenses publiques consacrées à une autre politique, pour rembourser la dette accumulée. En somme, le gouvernement propose de déshabiller le citoyen Pierre pour habiller le cheminot Paul : c’est aussi cela, la redistribution !

Que l’opposition de droite fasse semblant de ne pas le percevoir, alors qu’elle s’inquiète à juste titre de la timidité du gouvernement en matière de rationalisation des finances publiques, est révélateur. Elle est prise en pleine contradiction et montre qu’elle ne semble pas avoir une réflexion très aboutie : en dénonçant une réorganisation de l’action publique comme une sanction à l’encontre des citoyens, elle crée des doutes sur sa propre capacité à concevoir la réforme l’État.

Il ne lui suffit pas de proclamer qu’il faut rétablir une saine gestion de la SNCF, il faut aussi expliquer comment elle s’y prendrait et, puisque c’est toujours le nerf de la guerre, où elle trouverait l’argent pour le faire, qu’elle le prélève quelque part où l’économise ailleurs !

Dette de la SNCF : un effort pour le contribuable

Que le gouvernement fasse le choix de présenter cette réforme comme un coût pour la collectivité est également révélateur. Il avait commencé par expliquer la réforme de la SNCF comme étant motivée par un objectif comptable : dans ses premières interventions, il expliquait de façon très technocratique que s’il s’attaquait à la réforme ferroviaire, c’était pour assainir les comptes de l’entreprise nationale. Cela manquait de vision : pour être soutenue par l’opinion, une réforme doit être portée par un projet collectif (par exemple un service ferroviaire plus performant), et non par un tableau Excel de chiffres austères.

Désormais, Édouard Philippe ajoute à cette argumentation une demande d’« effort » : ce faisant, il explique implicitement qu’il perçoit la réforme de l’action publique comme une série de sacrifices ; cela n’aidera probablement pas à emporter la conviction et l’enthousiasme des citoyens.

Pourquoi ne pas parler de performance ?

Le choix de cette « pédagogie » contestable est un peu dommage : les réformes du secteur public pourraient être présentées comme des opportunités pour rénover les services publics. Elles pourraient être l’occasion d’en proposer des versions plus efficaces, plus modernes, moins coûteuses au bénéfice de tous (par exemple en faisant appel au secteur privé lorsqu’il est plus performant, comme c’est déjà le cas dans maints secteurs !).

La phrase du Premier ministre a finalement un mérite majeur. Elle ramène dans le débat public une vérité trop oubliée en matière de services publics : ils ont un coût, même quand ils sont gratuits pour leurs « usagers ».

Elle rappelle aussi que la dette publique n’est jamais qu’un impôt différé. « There is no free lunch », disent les économistes : un jour où l’autre, il faut payer. Et à la fin, c’est toujours le contribuable qui ouvre son portefeuille !

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  • les membres du gouvernement. .comme tout politique …ne jamais prendre au contemps leurs paroles ..il n’y aura plus d’augmentation d’impôts. …!!!quand un responsable politique se trompe ,pas grave ,le contribuable est là pour payer…elle est pas belle là vie..!!!

  • « en faisant appel au secteur privé lorsqu’il est plus performant, comme c’est déjà le cas dans maints secteurs ».
    Certe, mais dans le cas du rail, le secteur privé n’est pas plus performant. En Allemagne, la dette a également été reprise. En Angleterre, la gestion privée n’a pas enraillé la dette qui a continué d’augmenter après la privatisation.
    Les commissions que vont prendre les compagnies privées sur les lignes rentables seront autant d’argent en moins pour financer celles qui le sont moins.
    Quoiqu’il arrive, l’état devra reprendre la dette issue en grande partie des constructions des lignes TGV, sans percevoir de retour sur investissement (sauf le Paris-Lyon-Marseille, déjà amorti depuis 13 ans), car elle n’aura pas la gestion des lignes, le contribuable payera donc une 2e fois.
    Les régions (donc le contribuable) auront à charge le maintient et l’entretient des moyennes et petites lignes de part les politiques d’aménagement du territoire. Et de 3.

    • C’est pourquoi la reprise de la dette devrait être accompagnée de la fin programmée de la garantie de l’état pour l’exploitation future. On paie pour les erreurs passées, mais seulement si on cesse de les faire. Et en cela, la pénalisation des riches lignes rentables par une obligation de voler au secours des pauvres lignes non rentables est une absurdité comme les principes socialistes savent si bien nous en imposer.

      • Pas si absurde, c’est de l’aménagement du territoire, les grosses métropoles ne pourront pas se concentrer à l’infinie quand des déserts se forment dans les villes moyennes. Les gares ont une importance capitale pour celles-ci.

        • Les gares n’ont aucune importance pour les villes moyennes si les conditions d’exploitation définies par l’Etat font que personne n’y prend le train ! Allez voir comment ça se passe en vrai dans une gare de ville moyenne !

  • je serais d’avis de ne pas faire payer le contribuable ….privatiser la SNCF et fermer les lignes non rentables..par contre pour amortir la dette il faudrait juste taper dans les indemnités de nos chers ministres qui se sont succédés aux finances et à l’économie et à leurs responsables les présidents qui ont avalisés leur incompétence,parce que les vrais responsables de cette gestion calamiteuse ce sont bien eux, et vu leurs salaires la dette sera vite remboursée….faisons payer les vrais responsables.

    • Ben non. La dette se chiffre en milliards, les indemnités de nos ministres et autres élus, même regroupées, en millions…

      • mais si …sur la durée, avec le nombre et tapant bien dans leurs émoluments..qui veut,peut….ce serait normal que nos chers profiteurs,si prompts à nous faire la leçon soient en première ligne et montrent l’exemple.

        • Je reconnais avec vous que ça soulagerait de voir les responsables punis. Mais ça ne résout pas les problèmes. Les 50 milliards sont perdus, ils ne sont plus dans les poches de ceux qui les ont perdus, ni même le long du chemin où ils sont tombés. La seule solution ne consiste pas à s’occuper de ces 50 milliards-là, mais à trouver le moyen de gagner 50 ou 100 autres milliards dans une gestion habile et efficace de nos transports dans l’avenir, et de faire contribuer ces gains à la restauration du bien-être et du niveau de vie des utilisateurs. Même en assommant un troupeau d’ânes à coups de bâton et en les privant de nourriture, vous n’en ferez pas un seul renard futé !

  • Ca commence à bien faire. Votre article fait prendre les vessies pour des lanternes
    Reprocher à l’état d’accepter de prendre la responsabilité des investissements qu’il a lui même décidé et imposé à la SNCF n’est pas raisonnable!
    La construction de nouvelles lignes TGV relève de l’aménagement du territoire. Tant qu’il n’y a qu’un opérateur, il est logique qu’il porte la totalité de l’investissement. Si on veut instituer la concurrence, et cela me semble nécessaire, comme pour les routes et autoroutes il faut qu’un investisseur public ou privé prenne en charge cet investissement. Et comme je doute qu’un quelconque VINCI soit candidat, il faut bien comme pour nos routes nationales que ce soit nos impôts qui paye cet aménagement du territoire.

    • Qu’il y ait un seul opérateur ou plusieurs, l’exploitation doit amortir les investissements, ceux-ci n’ont pas à être réalisés par un tiers, en l’occurrence le contribuable, et exploités comme s’ils n’avaient rien coûté. C’est un non-sens ! Si pour des raisons politiciennes, on souhaite développer une activité non-rentable, l’état doit accorder une subvention d’exploitation comprenant sa part d’amortissement, en aucun cas prendre en charge l’investissement lui-même.

  • la SNCF sans sudventions ÉTAT,RÉGIONS,DÉPARTEMENTS ne peux exister…c’est un fait..quand à parler de concurrence ,difficile de la mettre en pratique ,je ne suis pas favorable que mes impôts sudventionne une ou des entreprises privé. …je doute qu’une entreprise privé puisque être bénéficiaire….

  • Dans cet article, l’auteur oublie à dessein le fait essentiel : c’est l’Etat qui a imposé à la SNCF le financement de la construction des lignes TGV qui transportent 300 000 personnes par jour tandis que les TER et les autres trains intercités transportent 3.5 millions de voyageurs soit presque 12 fois plus. Comme toujours, prestige et happy few prennent le dessus sur l’utilité sociale. Noter que d’autres pays ( la Suède par ex )ont refusé les sommes folles exigées par la construction des voies de TGV et l’achat des rames

    Il est donc tout à fait normal que l’Etat reprenne la dette enorme que les gouvernements de droite et de gauche ont imposée à cette société. Ce n’est ni les cheminots ni les dirigeants qui sont responsables de l’endettement de la société mais les chirac, Sarkozy, Mitterrand qui ont pris la decision de favoriser la route par rapport au chemin de fer.

    Quant à chanter la gloire de la privatisations, il faut être marteau pour la proposer. Il suffit d’aller voir les degâts qu’elle a causés en UK et d’aller aussi aux USA : là bas, les trains ont totalement disparu. Et ceux qui roulent encore sont hors de prix. Seuls subsistent des trains locaux ou qui desservent une connurbation et prévus pour les commuters , des trains qui font l’objet de subventions publiques enormes par l’etat ou les villes concernés. Mais si vous parlez en à un Americain qui a voyagé en Europe, ses yeux brillent quand on lui parle des trains dans l’UE et dont les tarifs sont abordables.

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