Alors que les Etats-Unis et la Chine ont pris une longueur d’avance dans le domaine de l’intelligence artificielle, Emmanuel Macron veut faire de l’Hexagone un pays qui compte dans ce secteur prometteur, appelé à révolutionner l'économie de la planète. Il dévoilera jeudi un plan d’action à cet effet. "La France a les capacités pour jouer dans la cour des grands" aux côtés des Etats-Unis et de la Chine, de loin les principaux acteurs de l'intelligence artificielle (IA)”, affirme l'Elysée.

"La France a raté toutes les dernières révolutions technologiques, comme la robotique. Elle ne doit pas rater le train de l'IA", même si elle "n'a pas de géants" capables de rivaliser avec les Gafa américains (Google, Apple, Facebook, Amazon), selon la présidence. "Nous allons expliquer comment la France sera leader sur le sujet, et comment elle le fera de façon responsable sur les questions éthiques", a précisé de son côté mardi matin le secrétaire d'Etat chargé du numérique Mounir Mahjoubi sur CNews. Le président veut que la France trouve "un équilibre entre performance et humanité", a-t-il précisé.

La suite sous cette publicité
Publicité
La suite sous cette publicité
Publicité

>> A lire aussi - Ce fonds piloté par l'intelligence artificielle a battu tous ses rivaux humains en 2017 !

La stratégie que présentera Emmanuel Macron s'appuiera sur le rapport du mathématicien Cédric Villani, proche du chef de l'Etat devenu député LREM. Depuis septembre, le lauréat 2010 de la médaille Fields - le prix Nobel des maths - a mené une large réflexion sur l'IA qui, en donnant aux machines de nouvelles capacités d'analyse et d'apprentissage, promet de bouleverser la manière dont fonctionnent bon nombre d'industries et de services. Elle est au coeur par exemple du développement des voitures autonomes, des enceintes connectées ou de la médecine prédictive.

Le chef de l'Etat accueillera d'abord mercredi soir 15 sommités mondiales du secteur, dont le Français Yann Le Cun (scientifique en chef de l'IA chez Facebook), la Japonaise Noriko Araï, qui a conçu un robot capable de réussir un examen d'entrée à l'université, le spécialiste israélien Ran Balicer ou le Britannique Demis Hassabis, fondateur de la société DeepMind, rachetée par Google en 2014.

La suite sous cette publicité
Publicité

>> A lire aussi - Faites-vous aider d'une intelligence artificielle

Jeudi, après avoir reçu le président du géant sud-coréen Samsung, Young Sohn, Emmanuel Macron visitera un centre de recherche sur le cancer à l'Institut Curie à Paris en pointe dans les nouvelles technologies de dépistage. Puis il présentera la "stratégie nationale" pour l'IA au Collège de France, où se tiendra le "Sommet de l'intelligence artificielle" avec notamment la ministre allemande de la Recherche Anja Karliczek, et le commissaire européen à l'Innovation et aux Sciences Carlos Moedas.

Partant du constat que l'Hexagone "n'a pas l'écosystème qui permette l'émergence de géants du numérique", le gouvernement veut agir à tous les niveaux : la formation, la recherche, le financement des investissements, le cadre réglementaire… La priorité est de former plus de chercheurs, ingénieurs et techniciens spécialisés, et d'éviter qu'ils ne partent ensuite à l'étranger. Comme l'ont fait ces dernières années de nombreux chercheurs, formés à l'excellence des écoles mathématique et informatique françaises, avant d'être attirés dans la Silicon Valley ou à Singapour.

La suite sous cette publicité
Publicité
La suite sous cette publicité
Publicité

>> A lire aussi - Intelligence artificielle : le secteur décolle, voici comment investir !

"Nous faisons face à une pénurie de compétences en informatique et en IA", regrette Franck Gayraud, patron d'une PME de 28 personnes spécialisée dans le traitement des images. Emmanuel Macron devrait également annoncer un engagement financier "à la hauteur des enjeux" pour développer les "technologies de rupture" comme l'IA dans la santé, les transports, l'écologie et la défense. Des milliards d'euros pourraient être dégagés pour cela par des privatisations, a récemment indiqué le ministre de l'Economie.

Le gouvernement a en outre annoncé début mars la création d'une Agence de l'innovation de défense, dont l'une des priorités sera de se doter de compétences dans le domaine de l'IA, avec un budget de 100 millions d'euros. L'objectif n'est pas "de construire contre les Gafa, mais avec eux, en les attirant en France", précise l'Elysée.

Google a récemment annoncé l'ouverture d'un centre de recherche fondamentale dévolue à l'IA à Paris, son troisième dans le monde, tandis que Facebook a prévu de doubler le nombre de chercheurs de son centre sur l'IA créé en 2015. Les enjeux de l'IA ne sont pas seulement économiques mais aussi politiques et sociaux. Les pouvoirs publics vont ainsi devoir trouver le juste équilibre entre la protection de l'intimité des citoyens et la nécessité pour les entreprises d'accéder aux montagnes de données disponibles. Ils doivent aussi réfléchir aux moyens d'éviter que l'IA ne mette au chômage des cohortes de personnes remplacées par des machines plus efficaces sur les tâches répétitives.

>> En vidéo - L'intelligence artificielle