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France

Dépenses sociales : Emmanuel Macron reste flou sur les économies

Le 13 juin, le président de la République n'a pas tranché le débat sur les possibles coupes budgétaires dans les dépenses sociales. "Tout le système social, on met trop de pognon", a-t-il tout de même déclaré dans une vidéo diffusée par son staff.

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Le président Emmanuel Macron prononçant un discours devant le 42e congrès de la Mutualité française, à Montpellier le 13 juin 2018.

Emmanuel Macron au Congrès de la Mutualité

AFP - SYLVAIN THOMAS

Ceux qui s’attendaient à ce qu’Emmanuel Macron lève le voile sur ses intentions en matière de dépenses sociales en sont pour leurs frais. Le 13 juin, à l’occasion d’un discours de plus d’une heure déjà qualifié de « stratégique » par l’Elysée, le président de la République n’a annoncé aucune mesure nouvelle. Alors que le débat monte depuis plusieurs semaines autour d’éventuelles coupes budgétaires dans les prestations sociales, le chef de l’Etat s’est contenté de réexpliquer la philosophie de sa « grande transformation sociale ». Avec le travail comme « clé de l’émancipation », la « société des statuts » pour ennemi, les « droits réels redonnés aux Français » pour horizon. Et trois principes phares pour y parvenir : la prévention, l’universalité et la dignité.

Sans évoquer des pistes concrètes d’économies, Emmanuel Macron a toutefois insisté sur l’inefficacité supposée des aides sociales. « La solution n’est pas de dépenser toujours plus d’argent », a-t-il déclaré après avoir relevé que « 50 % de ceux qui sont au RSA le sont toujours après quatre ans ». Il a aussi rappelé que toute hausse des prestations sociales entraîne des augmentations d’impôts ou de la dette publique : « J’ai une mauvaise nouvelle, les dépenses sociales, vous les payez, nous les payons. Ou vos enfants. » La veille, sa conseillère en communication, Sibeth Ndiaye, avait posté sur Twitter une vidéo encore plus explicite. On y voit le président en train de préparer son discours et dire à ses conseillers : « Tout le système social : on met trop de pognon, on déresponsabilise et on est dans le curatif. »

En fait, en pleine préparation du budget 2019, Emmanuel Macron est au pied du mur. C’est en ce moment que se jouent en coulisses les arbitrages budgétaires pour parvenir à une réduction des dépenses publiques de 3 à 4 points de la richesse nationale d’ici 2022 comme promis à la Commission européenne. Une équation qui vire au casse-tête avec la suppression de la taxe d’habitation et la reprise de la dette de la SNCF qui réduisent drastiquement les marges de manœuvre du gouvernement. Les ministres sont à cran. Ceux de Bercy, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, mettent la pression sur leurs collègues. Agnès Buzyn et Muriel Pénicaud, respectivement ministres des Affaires sociales et du Travail, qui ont la majeure partie des 700 milliards de dépenses sociales dans leur périmètre, tentent d’éviter les coupes.

Les Français contradictoires

Le chantier est explosif. Car si, selon notre sondage Odoxa-Aviva pour Challenges et BFMBusiness, 71 % des Français approuvent une baisse de 100 milliards de la dépense publique, ils rejettent dans le détail quasiment toutes les économies envisagées. Quelque 59 % de nos concitoyens défendent les aides au logement ou au retour à l’emploi et plus de 70 % écartent toute diminution des minimas sociaux et des budgets des collectivités locales. Même les budgets des ministères de la Défense et de la Culture sont soutenus par 63 % et 54 % des sondés. En fait, hormis l’augmentation du temps de travail des fonctionnaires et les suppressions de postes dans les administrations, aucune économie ne trouve grâce aux yeux de Français par ailleurs si prompts à dénoncer le poids des impôts...

Une chose est certaine, comme l’a justement souligné Bruno Le Maire, difficile de tailler réellement dans les dépenses publiques sans toucher aux prestations sociales. Elles pèsent plus de la moitié de l’ensemble des dépenses publiques, avec en tête les 300 milliards de retraites et les 244 milliards d’euros de dépenses de santé. Le hic, c’est qu’Emmanuel Macron a pour l’heure sanctuarisé ces deux pans des dépenses sociales. La réforme des retraites à points sera réalisée « à enveloppe constante », répète Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire chargé de la réforme des retraites. Quant aux dépenses de santé, il est prévu qu’elles augmentent à un rythme de 2,3 % par an. Les négociations budgétaires s’annoncent serrées.

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