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France

Logement social et transport pèsent sur les comptes de la ville de Paris

La dette de la ville de Paris a explosé ces dernières années, passant de 1 milliard d'euros en 2001 à près de 5,7 milliards d'euros en 2018. Cette courbe s'explique en partie par un plan d'investissement de 10 milliards d'euros mis en oeuvre par Anne Hidalgo, notamment en faveur du logement social.

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Anne Hidalgo, photographiée en juillet 2018

Anne Hidalgo, photographiée en juillet 2018

POOL/AFP - Ludovic MARIN

La dette de la mairie de Paris met-elle en danger la santé financière de la ville? C'est un risque sérieux, si l'on en croit une note confidentielle datée du 20 décembre 2017, publiée par Le Figaro dans laquelle l'ex-conseillère de la maire chargée du Budget met en garde son cabinet sur les dangers de l'augmentation à venir des montants de remboursement de la dette et ses intérêts. Selon cette haut-fonctionnaire, la charge des intérêts pourrait augmenter à partir de 2021, en fonctionnement, de 30 millions d'euros par an pour se porter à 150 millions annuels. Pour les intérêts liés à la dette d'investissement, elle projette qu'ils augmenteront de 100 millions d'euros de plus par an, pour atteindre 300 millions d'euros.

L'endettement de la mairie de Paris a considérablement gonflé ces ces dernières années. Entre 2001 et 2018, la dette de Paris est passé de 1 milliard à plus de 5,7 milliards d’euros. Et depuis l’arrivée de la maire de Paris en 2014, la dette a progressé de 2,5 milliards d’euros ! Si les dépenses de fonctionnement ont légèrement augmenté (notamment les charges de personnel), ces chiffres s’expliquent surtout par un programme d’investissement colossal de 10 milliards d’euros, lancé par l’édile entre 2014 et 2020. C'est le logement social, priorité de la mandature, qui pèse particulièrement dans les comptes avec un effort global de 3 milliards d’euros investit sur 6 ans. L’objectif de la mairie de Paris est de parvenir à créer 10.000 nouveaux logements par an, pour parvenir à 30 % de logements sociaux à Paris en 2030. 7242 logements sociaux ont bien été construits en 2017. Et pour 2018, l'effort continue : le budget d’investissement total alloué au logement social se porte de 404,4 millions d'euros.

Répartition du budget d'investissement de la Maire de Paris. Source : Le budget primitif de 2018 de la mairie de Paris.

Outre le logement social, les grands postes de dépenses d'investissement de la mairie de Paris sont les transports, l'éducation et l'environnement. Pour les transports en commun, un milliard d'euros va être investi à l'échelle de la mandature, notamment pour financer les prolongations de certaines lignes de tramway (T3) et de métros (ligne 14 et ligne 11) et le doublement des pistes cyclables. Un plan environnement à 850 millions d'euros a aussi été budgété en début de mandat. Une priorité écologique qui peut se lire dans le budget 2018. Au titre de la fonction "Environnement", 87,3 millions de crédits d’investissement sont prévus soit une progression de 20,4 M€ sur un an. La gestion des déchets et de la propreté urbaine représente la moitié des 87,3 millions d'euros dépensés cette année.

La mairie prête à augmenter les impôts

Si l’opposition dénonce un recours à la dette inquiétant, cette stratégie est totalement assumée par le Premier adjoint Emmanuel Grégoire : « Il est sain et tout à fait soutenable de recourir à l’endettement, et même responsable compte tenu de la faiblesse des taux d’emprunt », avait-il expliqué il y a quelques mois au Parisien. Emmanuel Grégoire pointe également le taux d’endettement de la ville de Paris par habitant, nettement plus faible que dans beaucoup de grandes métropoles, comme Bordeaux et Marseille. Concernant la possible hausse des taux d'intérêts soulevée par son ancienne conseillère au budget, Emmanuel Grégoire relativise : "Notre patrimoine est colossal et même si des évènements exogènes devaient arriver comme une augmentation des taux ou une chute du prix de l'immobilier nous sommes en termes d'impôts locaux très en deçà des autres grandes métropoles". En clair, si les taux venaient à remonter, la mairie de Paris n'hésiterait pas à augmenter les impôts directs pour diminuer la pression financière de la dette sur son budget.

Malgré les dénégations de la majorité parisienne, un rapport de chambre régionale des Comptes s’alarme aussi de la trajectoire de la majorité municipale. Pour les magistrats financiers, si la dette consacrée à l’investissement ne constitue pas un élément inquiétant par définition, ils mettent en garde la mairie de Paris sur sa capacité à d’autofinancement (capacité d’investir grâce à ses recettes propres sans recourir à l’endettement) qui a fortement diminué entre 2014 et 2018, passant de 57 % à 32% en 2015. Dans un contexte d’instabilité financière, notamment favorisée, par la baisse progressive des dotations de l’Etat, la chambre régionale des comptes s’inquiète de la fragilité qu’induit à terme cette perte de marge de manœuvre à investir ou à réduire l’endettement de la ville. D'autant que la mairie de Paris aurait tendance à sur-évaluer quelques recettes, comme celles liées au stationnement. Sur les 330 millions attendus en 2018 seuls 230 millions ont été effectivement récoltés, tandis que Paris reste la ville la plus verbalisée de France.

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