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Le fisc investit 20 millions d'euros dans le logiciel qui analysera les réseaux sociaux des contribuables

L'administration fiscale dépense 20 millions d'euros dans du logiciel analysant et triant les masses de données contextuelles laissées sur les réseaux sociaux. L'objectif: mieux identifier le train de vie de fraudeurs qui s'affichent sur Facebook ou Twitter et le comparer à leur déclaration.

Les contribuables s'exposant sur les réseaux sociaux sont prévenus: mieux vaudra ne pas s'afficher sur le Net au volant d'une Ferrari si l'on est officiellement au chômage. La raison? Conformément aux déclarations récentes de Gérald Darmanin, l'administration fiscale va scruter dès 2019 les réseaux sociaux grâce à des logiciels d'analyse capables de trier les milliards de données mises en ligne par les contribuables sur leurs comptes publics Twitter, Facebook, Linkedin ou Instagram.

Cet investissement informatique massif de 20 millions d'euros, selon Le Parisien, s'appuie sur du logiciel utilisant des technologies de data mining ("fouille de données"). Ces traitements massifs et automatisés sont capables de compiler rapidement des milliards de données et d'en trier les résultats pour les présenter de manière exploitable. Grâce à ces algorithmes, le fisc prévoit d'identifier et de recouper les photos (celles sur les éléments du patrimoine), les éléments de géolocalisation (pour les expatriés fiscaux) ou informations sur le profil public affichées par les contribuables sur Internet.

Des algorithmes pour recouper les données "publiques"

L'enjeu pour l'administration des impôts: "récupérer des informations contextuelles qui permettent de préciser l'environnement du contribuable, notamment s'il a une vie numérique publique et significative" explique la Direction générale des Finances publiques qui gère la fiscalité de l'État.

"Nous sommes en train de voir avec la Commission nationale de l'informatique et des libertés la listes des éléments qui pourront être passés au crible par le logiciel" explique un représentant Bercy au quotidien Le Parisien. Ces éléments permettront de comparer le train de vie réel des contribuables par rapport à leurs déclarations de revenus et de patrimoine.

Quand la CNIL surveille les outils informatiques du fisc

Pour Bercy, l'utilisation d'outils informatiques sophistiqués destinés à traquer la fraude fiscale n'est pas nouvelle. Son arsenal en la matière est déjà conséquent. Il y a un an, un arrêté publié au JO du 14 novembre 2017 a autorisé les agents du fisc à utiliser un système de lutte contre la fraude dénommé "ciblage de la fraude et valorisation des requêtes". Ce logiciel utilise des algorithmes puissants déterminant la "probabilité de fraude" des contribuables en traquant notamment les incohérences relevées dans les données déclarées. Il recoupe des dizaines de fichiers existants internes au fisc et externes, issus d'autres administrations, nationales et étrangères, ou d'informations sur les sociétés implantées à l'étranger.

Sollicitée, la CNIL avait, il y a un an, rendu un avis favorable à condition que ce système informatique reste "un outil d'aide et d'orientation des travaux des agents et non pas un outil de profilage destiné à identifier directement des fraudeurs potentiels."

Frédéric Bergé