Le changement climatique pourrait faire baisser les températures en Europe

par Charlotte ANGLADE
Publié le 2 janvier 2020 à 16h10
Photo d'illustration d'une jeune femme en manteau marchant sur la plage.
Photo d'illustration d'une jeune femme en manteau marchant sur la plage. - Source : iStock

PRÉVISIONS - En Europe du nord-ouest, le réchauffement climatique pourrait se matérialiser par des vagues de froid plus fréquentes. Selon une étude néerlandaise, la fonte des glaces du Groenland et les précipitations plus importantes dues au dérèglement du climat pourraient entraîner une modification des courants océaniques, affectant directement les températures en Europe.

Réchauffé par les eaux du Gulf Stream, le courant de l'Atlantique Nord, qui transporte les eaux chaudes du golfe du Mexique vers l'Europe, procure à une grande partie du nord-ouest de l'Europe un climat relativement doux. Mais selon une étude néerlandaise, ce flux risque d'être menacé dans le siècle à venir par la fonte des glaces du Groenland et des précipitations excessives, conséquences du réchauffement climatique.

De précédentes recherches menées par des océanologues ont en effet montré que les courants de l'océan Atlantique étaient sensibles à la quantité d'eau douce présente en surface. Ceux-ci sont en grande partie gouvernés par la densité de l’eau. Or l'eau salée est plus dense que l'eau douce et l'eau froide est plus dense que l'eau chaude. Alors que dans l’Atlantique Nord et l’Antarctique, l'eau est censée se densifier par le froid et l'augmentation de sa salinité (la formation de glace soustrayant l'eau douce), le réchauffement des températures perturbe ces mécanismes. L'eau, plus douce et plus chaude, a moins tendance à s'enfoncer vers les profondeurs, ce qui permet moins à l'eau chaude de remonter vers la surface au fil du courant (phénomène appelé upwelling).

Un arrêt temporaire du transport d'eau chaude probable à 15%

De précédentes simulations avaient montré que ce phénomène serait susceptible de ralentir ou même d'inverser le courant de l'Atlantique Nord, empêchant le transport de chaleur jusqu'à l'Europe. Pour tenter de vérifier ces résultats, les chercheurs des universités de Groningue et d'Utrecht, aux Pays-Bas, ont créé en laboratoire un modèle climatique qui décrit les processus actuels dans l'océan, afin d'observer les effets d'un apport plus important d'eau douce.

Résultat : le courant a développé un comportement non-linéaire, "ce qui signifie que de petits changements peuvent avoir de grands effets", indiquent les auteurs de l'étude dans un communiqué. Si ces simulations ont montré que les chances d'un arrêt total du courant de l'Atlantique Nord au cours des mille prochaines années sont négligeables, une interruption temporaire du transport d'eau relativement chaude a 15% de chances d'aboutir dans les cent prochaines années, estiment-ils.

Des vagues de froid attendues dans l'Atlantique Nord ?

Un tel phénomène pourrait provoquer des vagues de froid dans l'Atlantique Nord. "Les océans stockent une immense quantité d'énergie et les courants océaniques ont un fort effet sur le climat de la Terre", explique dans le communiqué l'un des chercheurs de l'équipe. La probabilité de ce phénomène devra cependant être vérifiée dans d'autres études, d'autant que celle-ci ne prend pas en compte les changements considérables dans l'eau douce dans l'Atlantique Nord pouvant être causés par la fonte des calottes glaciaires.

Dans un article sur le sujet, Sciences et Avenir rappelle que deux études parues en 2018 dans la revue Nature suggéraient que le système de courants océaniques de l'Atlantique Nord était déjà en train de s'affaiblir. En dehors du phénomène affectant les courants de l'Atlantique Nord, un rapport spécial de l'ONU révélait en août dernier que la fréquence, les océans avaient atteint des records de chaleur en 2018, "pulvérisant les records de 2017" après avoir absorbé 90% de la chaleur issue du changement climatique. Le Giec prévoit qu'ils aspirent deux à quatre fois plus chaleur d'ici 2100, dans un scénario optimiste. Au-delà des conséquences sur le climat, ces changements de températures, qu'ils soient à la hausse ou à la baisse, affectent aussi particulièrement la faune et la flore qui dépendent des océans.


Charlotte ANGLADE

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