Le projet "Libra" d'une cryptomonnaie propre à Facebook est encore loin d'aboutir.

Le projet "Libra" d'une cryptomonnaie propre à Facebook est encore loin d'aboutir. Bruno Dalles, directeur de Tracfin, s'inquiète des risques que provoquerait une monnaie virtuelle sans garde-fous.

Getty Images/iStockphoto

"Qui va réguler la cryptomonnaie de Facebook ?", s'inquiète auprès de L'Express Bruno Dalles, le directeur de Tracfin, la cellule anti-blanchiment du ministère de l'Économie. Préoccupation logique pour une institution qui a créé il y a un an une division d'enquête dédiée à la cybercriminalité financière.

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"Les risques élevés que présentent les crypto-actifs en termes de blanchiment de capitaux tiennent principalement à l'anonymat", pouvait-on par exemple lire dans le dernier rapport annuel de Tracfin il y a six mois. Un régal pour les fraudeurs du fisc, les escrocs, les experts en cyberattaques, comme les logiciels de rançon, ou les acquéreurs de produits illicites, stupéfiants, armes ou images pédopornographiques.

"La balle est dans le camp de Facebook"

Alors que Facebook s'apprête à lancer Libra, sa crypto monnaie, et communique sur ses partenaires financiers et sur la société Libra Networks, enregistrée à Genève, qui gouvernera cette nouvelle monnaie virtuelle, aucune annonce n'est faite sur les nécessaires garde-fous. "La balle est dans le camp de Facebook, c'est à eux de contacter Tracfin et l'ACPR [Autorité de contrôle prudentiel et de résolution] afin d'organiser l'indispensable régulation", insiste Bruno Dalles, qui a appris l'existence de ce projet de création de monnaie dans la presse.

Il cite l'exemple de la Maison du bitcoin qui, grâce à un partenariat avec le service anti-blanchiment, effectue régulièrement des déclarations de soupçon à Tracfin, de même que des banques, principalement, mais aussi des bureaux de change, des notaires, des avocats ou des experts-comptables. Selon Dalles, Facebook pourrait s'en inspirer en constituant en son sein un département ad hoc.

"Avec ce produit censé permettre les transferts de fonds internationaux sans subir les variations de taux de change, les utilisateurs risquent la captation de leurs données financières personnelles", prévient Bruno Dalles. Le directeur de Tracfin déplore donc le lancement médiatique de cette nouvelle monnaie virtuelle, en l'absence de toute précision sur son modèle économique ou sur la régulation qui serait mise en place.

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