SOCIAL Grève à la SNCF : la grogne des usagers monte

De nombreux abonnés SNCF réclament un dédommagement pour les jours de grève alors qu’ils doivent recourir à un mode de transport alternatif forcément coûteux. Mais la SNCF tient sa promesse de billets à prix modérés pendant la grève.
Luc CHAILLOT - 18 avr. 2018 à 06:02 - Temps de lecture :
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Pendant la grève, la SNCF a assoupli la règle du « yield management », qui consiste à faire monter les prix quand la demande augmente. On trouve ainsi des billets TGV à 25 euros, même les jours de grève.  Photo Julio PELAEZ
Pendant la grève, la SNCF a assoupli la règle du « yield management », qui consiste à faire monter les prix quand la demande augmente. On trouve ainsi des billets TGV à 25 euros, même les jours de grève. Photo Julio PELAEZ

La grève à la SNCF en est à son quatrième épisode et la grogne monte parmi les voyageurs. En effet, le mouvement prévu pour durer trois mois à raison de deux jours sur cinq coûte très cher à certains usagers. « Il y en a marre de cette grève. On paie un abonnement mensuel de travail et on se retrouve à prendre la voiture ou d’autres transports en commun. Des frais inutiles à cause d’une minorité qui bloque le pays ! », s’indigne Olivier, un habitant de la région lyonnaise relayé par la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT).

Plusieurs pétitions circulent sur les réseaux sociaux. Des usagers réclament le remboursement de leur abonnement pendant les jours de grève, alors que la direction de la SNCF annonce à nouveau de fortes perturbations aujourd’hui (lire par ailleurs).

Essoufflement

La mobilisation des grévistes reste forte mais la situation pourrait évoluer après le vote hier à l’Assemblée nationale à une très large majorité du projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire. La réforme a été adoptée par 454 voix contre 80. « C’est une étape décisive qui est franchie pour mener à bien cette réforme », a commenté Élisabeth Borne, la ministre des Transports.

Les premiers signes d’essoufflement du mouvement se confirment. Au premier jour de grève, près d’un cheminot sur deux se déclarait gréviste. Pour la journée d’aujourd’hui, ils ne sont plus qu’un sur trois. Chez les conducteurs, la part de grévistes est tombée de 77 % à 63 %.

Des conventions TER peu contraignantes

Les abonnés obligés de recourir à des solutions alternatives comme le covoiturage ou les autocars seront-ils dédommagés ? « Les dispositifs contractuels s’appliqueront », se contente de répondre la direction TER, renvoyant aux conventions dans chaque région. « En fonction des perturbations, des mesures complémentaires pourront être prises, en accord avec les régions », ajoute la SNCF. La FNAUT demande que les usagers puissent suspendre facilement leur abonnement et bénéficient de dédommagements forfaitaires proportionnels au nombre de jours de grève. L’association déplore que les conventions TER soient « très peu contraignantes » en termes d’indemnisations.

La SNCF promet une compensation pour les 8 000 abonnés TGV mais uniquement en cas de circulation inférieure à un train sur trois. Les abonnés TGV Max et iDTGVMax2 sont mieux lotis : la SNCF leur a fait cadeau du mois d’avril.

Fin mars, la SNCF s’était engagée à ne pas faire flamber le tarif des billets pendant la grève, au contraire. Promesse tenue. L’entreprise a exceptionnellement assoupli la règle du « yield management », qui consiste à faire monter les prix quand la demande augmente. On trouve ainsi des billets TGV à 25 euros les jours de grève, malgré un nombre de trains réduit. Mais impossible d’acheter un billet de dernière minute TGV Pop à partir de 20 euros. Le service est indisponible jusqu’à fin avril.