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La SNCF enregistre une forte hausse des démissions

Le groupe a enregistré une augmentation de 34% des démissions en 2018. ALAIN JOCARD/AFP

En 2018, 1025 employés ont choisi de quitter l’entreprise publique. Une nouvelle donne pour une entreprise peu habituée aux départs volontaires, et une preuve que le statut de cheminot ne suffit plus.

La SNCF fait-elle encore rêver? Avec exactement 1025 démissions sur l’année 2018, le groupe enregistre une augmentation de 34%, ainsi que le révèle le bilan social annuel commenté par Le Parisien hier mardi: 763 démissions avaient en effet été signées l’année précédente, et encore moins, 614, en 2016.

Certes, l’entreprise compte plus de 140.000 salariés et peut «voir venir» avant d’être confrontée à une réelle fuite du personnel. Certes encore, le monde du travail connaît des mutations profondes et cette hausse a sans doute également des raisons extérieures. Il n’empêche que pour des observateurs cités par Le Parisien, c’est un des signes évidents que «les cheminots ne reconnaissent plus l’entreprise».

Métiers moins attractifs et salaires trop bas

Pour l’instant, cette dernière, qui confirme ces chiffres auprès du Figaro, ne fait pas de commentaire. L’analyse du directeur des Ressources Humaines Benjamin Raigneau dans Le Parisien porte néanmoins d’abord sur la concurrence des recruteurs: «il y a une forte concurrence pour embaucher des chaudronniers, des mécaniciens ou des agents de maintenance, notamment en Ile-de-France. A nous d’être attractifs». La SNCF propose d’ailleurs des logements pour les futurs cheminots franciliens.

Pour Sud Rail, le problème tient d’ailleurs aussi aux aspects financiers, posés en d’autres termes: un syndicaliste dénonce ainsi «un problème de salaires trop bas», avec un manque d’augmentations générales depuis cinq ans. Mais surtout, les réformes récentes auraient défiguré l’entreprise, et épuisé de nombreux employés: un autre représentant du personnel indique que «certains cheminots ont changé trois ou quatre fois de postes en quelques mois. J’ai une collègue à qui on a annoncé un vendredi que ce n’était pas la peine revenir le lundi suivant. Son poste avait été supprimé et déplacé ailleurs.» Dans ces conditions, pas d’intérêt à rester «fidèle au poste» comme à l’époque des dynasties de cheminots...

Si les organisations salariales redoutent la fin de ce statut pour les nouveaux entrants à partir du 1er janvier 2020, ce dernier ne suffit plus à attirer une population jeune avide de dynamisme professionnel -ou tout simplement de ne pas faire carrière- et moins encline à s’intégrer plusieurs décennies dans un grand groupe. Un syndicaliste raconte d’ailleurs au Parisien avoir «accompagné un collègue qui voulait absolument partir cette année alors qu’il avait quatorze ans d’ancienneté et qu’au bout de quinze années, un cheminot a le droit d’avoir les facilités de circulation à vie».

Les représentants des patrons des transports publics estiment de leur côté que la libéralisation rehaussera au contraire l’attractivité du secteur. Selon l’Union des Transports Publics, les salaires seront ainsi tirés vers le haut par l’arrivée de nouveaux acteurs ferroviaires. Sur ce point, le problème de compétitivité de la SNCF permet aussi quelques doutes. Affaire à suivre, dans une industrie en plein bouleversement.

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150 commentaires
  • rouriere

    le

    Le drame est que les démissionnaires sont en majorité des éléments de qualité qui ne trouvent pas de futur à la SNCF où la gestion du personnel est étroitement surveillée par la CGT.

  • ARIK

    le

    Après, ils pourront aller postuler auprès des concurrents de la SNCF, comme le font déjà les conducteurs de trains qui prennent leur retraite de bonne heure.

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