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« La suppression de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice est inacceptable »

Chercheurs ou membres de diverses administrations, un collectif de treize personnes s’indigne, dans une tribune au « Monde », de la disparition d’un institut voué à ce que la sécurité ne soit plus en France « un point aveugle de l’action des pouvoirs publics ».

Publié le 22 octobre 2019 à 07h00, modifié le 23 octobre 2019 à 17h43 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Une décision du premier ministre raye d’un trait de plume une institution qui, durant trente ans, a, sans que cela soit contesté par quiconque, réalisé les objectifs et les missions à l’origine de sa création. La suppression de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (Inhesj) est incompréhensible et par conséquent inacceptable.

L’Inhesj a été créé en 1989, dans l’objectif de faire de la question de la sécurité, lourde d’enjeux et de conflits dans le champ politique, un objet de connaissance constituant une base pour le débat et l’action : en bref, faire en sorte que la sécurité ne soit plus, en France, un point aveugle de l’action des pouvoirs publics.

D’entrée de jeu, l’Institut se construit sur deux dimensions, qui vont donner naissance à un champ d’action totalement original, à l’intersection du scientifique et du politique, destiné à inventer et faire vivre une « culture de la sécurité ».

Où se trouve le diagnostic, quels sont les arguments ?

Pendant trente ans ont ainsi été traitées les grandes comme les « petites » questions qui, en matière de sécurité, constituaient autant de problèmes et de défis pour la société française. Ce travail a mobilisé une pluralité de représentants de disciplines scientifiques différentes (sciences sociales, droit, science politique, histoire, criminologie…), mais aussi des cadres de l’Etat et de la société civile, des responsables de la police et de la gendarmerie, des préfets, magistrats, ­dirigeants d’entreprise et tant d’autres acteurs. Recherche et action ont été les deux bases de tout le travail accompli.

Supprimer purement et simplement, aujourd’hui, cet institut signifierait que l’on estime que les questions de sécurité ont baissé d’intensité en France, ce que personne de sensé ne pense, que l’Institut lui-même ne remplit plus ses missions, ce que personne ne prétend, ou qu’il est définitivement obsolète – ce qui est possible, mais il convient alors de le démontrer. Or où est le constat, où se trouve le diagnostic, quels sont les arguments ?

Décision incompréhensible

Cette décision, incompréhensible car prise à la vitesse de l’éclair, a pour motivation officielle une récente circulaire du premier ministre préconisant une simplification du paysage administratif par « la réduction du nombre d’instances et de commissions rattachées aux administrations centrales », et demandant aux administrations de « justifier le maintien des structures dont la taille n’excède pas 100 ETP »[équivalents temps plein] en faisant des propositions de suppressions ou de regroupements. Aucune proposition de regroupement ni de reconfiguration n’a été faite, la suppression pure et simple est prévue. Il aurait donc été jugé que le travail interdisciplinaire effectué par l’Inhesj était devenu soudainement sans objet, et qu’il convient de revenir à un système cloisonné où chaque ministère, en interne, s’occupe de ses propres missions.

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