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Mobilisation historique au Chili contre les inégalités

Plus d’un million de manifestants se sont rassemblés vendredi à Santiago, en dépit de la répression.

Par  (Santiago, envoyée spéciale)

Publié le 26 octobre 2019 à 10h27, modifié le 26 octobre 2019 à 14h00

Temps de Lecture 5 min.

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Lors de la manifestation contre les inégalités, à Santiago, le 25 octobre.

« La plus grande manifes­tation du Chili. » C’est ainsi que restera, dans les mémoires, le rassemblement de ce vendredi 25 octobre à Santiago, où plus de 1,2 million de personnes ont gagné la plaza Italia et l’Alameda, l’avenue qui mène au palais présidentiel.

« C’est la première fois que l’on voit ça depuis la manifestation pour le non au référendum de Pinochet, en 1988 », souligne Julio Pinto, historien de l’université de Santiago du Chili. A l’époque, plus de 1 million de personnes étaient descendues dans les rues de la capitale pour exiger la fin de la dictature militaire (1973-1990), à la veille d’un référendum pour décider du maintien ou non au pouvoir du général Augusto Pinochet. Ce vendredi, alors que le mouvement social dure depuis déjà une semaine, Santiago a connu sa journée la plus intense de mobilisation ­sociale. « Cela montre bien l’ampleur du mécontentement, qui ne faiblit pas », note M. Pinto.

« Trop de demandes urgentes »

Pour Marta Lagos, analyste politique et fondatrice de l’institut de sondages Latinobarometro, « une porte s’est ouverte, et elle ne va pas se refermer de sitôt. La société ­chilienne a accumulé trop de demandes urgentes ». Dans un pays où 1 % de la population, une poignée de milliardaires – parmi lesquels figure le président de droite Sebastian Piñera –, concentre près du tiers des richesses, « l’indignation et le malaise se sont profondément accentués », indique Marco Kremerman, économiste de la Fondation Sol.

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Vu de loin, tous les voyants économiques du Chili, réputé l’un des plus stables d’Amérique du Sud, pourraient sembler au vert : croissance ininterrompue depuis trente ans, taux de pauvreté de 8 % – contre 35 % en Argentine – faible inflation… « Mais ce qu’il faut se demander, c’est à qui bénéficie vraiment la croissance… L’économie chilienne paraît prospère, mais les salaires ne sont pas du tout alignés sur le coût de la vie », analyse Marco Kremerman. Au Chili, la moitié des travailleurs gagne 400 000 pesos (500 euros) ou moins par mois, « alors que le coût de la vie y est équivalent à celui d’un pays européen », explique l’économiste. « Ces dernières années, un problème s’est aussi particulièrement aggravé : celui de l’endettement de la population. Sur 14 millions d’adultes, plus de 11 millions sont endettés. »

C’est le cas de José Quezada. Ce Chilien de 21 ans a contracté une dette de 30 millions de pesos (plus de 37 000 euros) pour financer ses six ans d’études en génie civil, dans une université privée de la capitale. Il manifestait plaza Italia, ce mardi, le visage blanchi par l’eau bicarbonatée, afin de contrer les effets du gaz lacrymogène. « Cela va probablement me prendre plusieurs décennies pour tout rembourser, déplore le jeune homme. J’ai grandi en sachant qu’il fallait s’endetter pour étudier, puis qu’il fallait travailler dur pour rembourser son prêt, puis qu’on allait avoir une retraite misérable. »

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