La baisse du taux de chômage devrait marquer une pause
L'Insee attend 113.000 créations nettes d'emplois sur le premier semestre de cette année, mais table sur une stabilité du taux de chômage, à 8,9 % de la population active.
Par Alain Ruello
Si le climat des affaires s'assombrit très légèrement, celui du marché du travail, lui, reste au beau fixe. Au premier semestre 2018, l'emploi, tous secteurs confondus, devrait continuer à progresser au même rythme que celui constaté à la fin de l'année dernière, anticipe l'Insee dans sa dernière note de conjoncture publiée ce mardi.
L'institut statistique table sur 113.000 créations nettes de janvier à juin (+129.000 pour le seul secteur marchand), contre 114.000 sur les six derniers mois de 2017. « Nous sommes à un plus haut depuis 2011 », note Frédéric Tallet, chef de la section synthèses conjoncturelles de l'Insee. Les trous d'air liés à la fin de la prime à l'embauche dans les PME et à la baisse drastique des contrats aidés semblent amortis.
L'industrie réembauche !
Le dynamisme des embauches ne se dément pas dans le secteur privé non agricole, beaucoup plus du fait de l'activité proprement dite que des allégements du coût du travail. Si le secteur tertiaire marchand hors intérim fournit le gros des bataillons des embauches, l'industrie reprend clairement des couleurs, même si cela reste à un niveau modeste.
De quoi espérer une nouvelle baisse du taux de chômage ? Celui-ci, mesuré au sens du Bureau international du travail, a connu une baisse aussi spectaculaire que surprenante en fin d'année dernière, à 8,9 % de la population active hors Mayotte. Soit un recul de 0,5 point en six mois, ou de plus du double en un an pour atteindre un plus bas depuis 2009. Mais, prévient l'Insee, il devrait rester à ce niveau mi-2018. Parce que la hausse de l'emploi absorbera, mais sans plus, celle de la population active. Ensuite, parce que les entreprises ont de plus en plus de mal à trouver chaussure à leur pied. « Plus d'une sur trois déclarent des difficultés de recrutement », selon Frédéric Tallet.
Effet d'hystérèse
A cela plusieurs raisons : manque de main-d'oeuvre qualifiée ; image toujours négative de certains secteurs (industrie notamment) ; quand ce ne sont pas les attentes des employeurs qui sont contre-productives car mal formulées ou trop exigeantes par rapport à la réalité des tâches à mener. Ce qui pousse les salaires à la hausse.
Même s'il ne constitue pas une spécificité française, ce problème ne manque pas d'interroger car on est encore loin du plein-emploi. Selon l'Insee, les fermetures d'usines ou la hausse du chômage de longue durée consécutives à la crise de 2008 ont augmenté le taux de chômage dit structurel.
Le gouvernement en tout cas y voit une raison de plus pour pousser les feux en matière de formation des plus éloignés du marché du travail en priorité.
Alain Ruello