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Avec le réchauffement climatique, les nuages pourraient disparaître

Les nuages de basse altitude refroidissent naturellement l'atmosphère et leur disparition entraînerait un réchauffement d'environ 8 degrés Celsius.

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(Shutterstock)

Par Leïla Marchand

Publié le 2 mars 2019 à 15:00

Un monde sans nuage. Une étude parue cette semaine explique comment les stratocumulus, ces nuages bas qui invitent à la rêverie, pourraient un jour disparaître si nous continuons à émettre autant de dioxyde de carbone.

Les chercheurs, dont les travaux ont été publiés dans la revue « Nature Geoscience », démontrent une interaction jusque-là inconnue entre les gaz à effet de serre et ces amas de vapeur d'eau : si le niveau actuel de CO2 était multiplié par trois, les bancs de nuages se disperseraient brutalement.

Sans sa couverture nuageuse, la planète prendrait un sacré coup de chaud. D'après les calculs des chercheurs, cela entraînerait un réchauffement jusqu'à 8°C, qui s'ajouterait à celui provoqué par la hausse de la concentration des gaz à effet de serre.

« Nos résultats montrent qu'il existe des seuils de changement climatique dangereux dont nous n'avions pas conscience » jusqu'alors, souligne Tapio Schneider, chercheur au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa à Pasadena, en Californie, et principal auteur de l'étude.

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Des nuages qui refroidissent la planète

Les stratocumulus, qui couvrent environ 20 % de la surface des océans dans les zones tempérées, sont un des systèmes de refroidissement les plus efficaces de la planète. Ils réfléchissent de 30 % à 60 % de la lumière du soleil qui les frappe. Sans eux, le climat de la Terre serait celui d'il y a 50 millions d'années, lorsque les crocodiles nageaient dans l'Arctique, dépourvu de glace, et que des palmiers poussaient au nord de l'Alaska.

La glace fondrait au niveau des pôles et le niveau des océans grimperait d'une dizaine de mètres, au-delà des capacités des humains à s'adapter, avertissent les scientifiques. « Si nous ne réduisons pas nos émissions, des changements climatiques très importants et difficiles à inverser sont à prévoir », prévient Tapio Schneider.

Concentration de CO2 en hausse

Car, lentement mais sûrement, l'humanité se dirige vers ce scénario. Depuis le début de la révolution industrielle, quand les énergies fossiles ont commencé à être utilisées à grande échelle, les températures mondiales ont augmenté d'environ 1 °C, ce qui a déjà entraîné des épisodes de sécheresses, inondations, cyclones… Durant cette période, la concentration en CO2 est passée d'environ 280 ppm (parties par million) à plus de 400 ppm. En 2017, un nouveau record a été battu à 405,5 ppm.

L'Accord de Paris sur le climat de 2015 vise à limiter le réchauffement à +2 °C, idéalement +1,5 °C. Mais, selon les calculs de l'Organisation météorologique mondiale, rien n'indique un renversement prochain de cette tendance.

A ce rythme, le seuil critique de 1.200 ppm - le niveau à partir duquel la couche protectrice de nuages commence à se dissiper - sera franchi en 2104, affirme Malte Meinshausen, directeur du Climate and Energy College de l'université de Melbourne, se basant sur une étude à venir.

Des masses de vapeur d'eau difficiles à modéliser

Pendant des décennies, « les nuages sont restés la principale source d'incertitude dans les prévisions de changement climatique, y compris dans les modèles utilisés par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) », note la revue « Nature » dans un article.

« Le maillage pour les modélisations climatiques est de l'ordre de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de kilomètres », trop large pour prendre en compte les nuages, explique Tapio Schneider. Si l'on pouvait ramener au sol tous les nuages et la vapeur d'eau de l'atmosphère, cela formerait une couche liquide de moins de trois centimètres d'épaisseur, explique le chercheur au « Washington Post ».

De plus, la formation des nuages implique l'interaction de multiples facteurs, qu'il est difficile de simuler. Malgré tout, grâce à la puissance de calcul actuelle et à deux ans de travaux, les scientifiques ont réussi à mettre au point un système de modélisation plus fin.

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Quelle que soit la justesse de ces modèles, la population doit être prête à faire face à des changements significatifs du climat, rappelle Paquita Zuidema, météorologue à l'Université de Miami, dans « Nature ». Avant d'avoir atteint les années 2100, l'humanité a de fortes probabilités de voir le niveau de la mer s'élever d'au moins une trentaine de centimètres, l'oxygène se retirer de nombreuses zones de l'océan et les vagues de chaleurs mortelles se multiplier dans le monde entier.

Leïla Marchand

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