Publicité

Coronavirus : le système hospitalier italien en danger

Les hôpitaux des régions du Nord, pourtant les mieux organisés et dotés, sont proches de la surchauffe, alors que 41 décès ont été enregistrés en 24 heures. La propagation du virus dans le Sud plus pauvre et moins équipé mettrait en péril le système sanitaire transalpin.

Le gouvernement italien n'a aucun doute sur le fait que le système sanitaire de la Péninsule est au bord de l'asphyxie et « risque d'être débordé » face à l'épidémie de coronavirus.
Le gouvernement italien n'a aucun doute sur le fait que le système sanitaire de la Péninsule est au bord de l'asphyxie et « risque d'être débordé » face à l'épidémie de coronavirus. (AFP/Miguel MEDINA)

Par Olivier Tosseri

Publié le 5 mars 2020 à 10:30Mis à jour le 5 mars 2020 à 18:52

« Nous devons nous préparer à vivre sûrement les deux mois les plus compliqués de l'Italie depuis la fin de la seconde guerre mondiale ». L'avis de Giovanni di Perri, l'un des plus éminents virologues italiens, est partagé par Giuseppe Conte. S'adressant à la nation dans une intervention télévisée jeudi, il a adopté les accents des heures graves. Celles d'une guerre contre un virus dont la rapidité de diffusion inquiète et menace la résistance de l'économie italienne.

« Quand cette crise sera terminée, nous serons fiers de constater qu'un pays entier l'a affrontée avec courage et détermination, décidé à relever la tête, a déclaré le président du Conseil. Quand il est touché, notre pays sait se redresser et redevenir plus fort qu'avant. Notre premier objectif est d'endiguer la contagion. »

Selon un dernier bilan, jeudi après-midi, 41 décès ont été enregistrés en 24 heures, portant à 148 le nombre de morts. Le nombre de cas confirmés s'élève à 3.858. Le gouvernement n'a aucun doute sur le fait que le système sanitaire de la Péninsule est au bord de l'asphyxie et « risque d'être débordé », a-t-il reconnu. Ceux de la Lombardie, de Vénétie et d'Emilie-Romagne, qui sont les plus organisés et les mieux dotés, rencontrent des difficultés croissantes. Une arrivée du virus dans le Sud deviendrait ingérable.

Publicité

Des retraités de la santé reprennent du service

Le système hospitalier, dont les Italiens assurent qu'il est le meilleur du monde, souffrait déjà avant l'éclatement de la crise. Après une décennie de coupes budgétaires, il manque 56.000 médecins et 50.000 infirmiers. 758 services ont été fermés ces cinq dernières années.

Le gouvernement a promis un plan pour augmenter de 50 % les capacités des services de thérapies intensives et de 100 % celles des maladies infectieuses. Le ministère de la Défense a mis à disposition dans ses structures 2.200 chambres, ce qui représente 6.600 lits dans toute l'Italie et des casernes sont mises à disposition. Du personnel médical à la retraite reprendra du service pour remédier au manque de ressources humaines dans les hôpitaux.

L'unique moyen d'éviter la crise est d'enrayer la rapidité de diffusion du virus.

« L'unique moyen d'éviter la crise est d'enrayer la rapidité de diffusion du virus », a expliqué Giovanni Rezza, le directeur du département des maladies infectieuses de l'Istituto Superiore di Sanità (Iss). C'est la principale cause de la fermeture, jusqu'au 15 mars prochain, de tous les établissements scolaires du pays qui seront désertés par 8,5 millions d'écoliers et d'étudiants. « La décision n'a pas été facile mais nous l'avons prise à titre de précaution », a commenté devant la presse la ministre de l'Education Lucia Azzolina, tout en « s'engageant » à ce que « ce service public essentiel continue à être assuré à distance ». Un plan de soutien pour les familles est à l'étude avec l'octroi d'indemnités ou de congés parentaux.

L'économie durement frappée

Une aide qui concernera aussi et surtout les entreprises. Le gouvernement a décidé de doubler les ressources initialement prévues à cet effet. Elles seront de 7,5 milliards d'euros, soit 0,3 % du PIB, et feront l'objet d'un décret qui précisera la semaine prochaine toute une série de mesures à destination principalement des PME/PMI et des familles. L'économie italienne, déjà anémique, est durement frappée par l'épidémie . Les principaux foyers de contagion se situent dans les trois régions du Nord qui assurent à elles seules 40 % de son PIB, et le tourisme qui représente 13 % du PIB est menacé .

Confturismo et Confcommercio prévoient ainsi 31,6 millions de touristes en moins pour la période allant du 1er mars au 31 mai, soit une perte de 7,4 milliards d'euros. L'Italie est en état d'urgence aussi bien sanitaire qu'économique.

Olivier Tosseri (Correspondant à Rome)

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité