L'avertissement de Collomb : "La loi du plus fort a pris la place de la République"

L'avertissement de Collomb : "La loi du plus fort a pris la place de la République"
Gérard Collomb, mercredi 3 octobre 2018 place de Beauvau. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Lors de son dernier discours comme ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb a dressé un constat accablant de la situation sécuritaire.

Par Le Nouvel Obs
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Derrière le divorce au forceps se cache-t-il un désaccord politique plus profond entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb ? Une fracture au sommet de la Macronie sur les questions sécuritaires ? Car en quittant mercredi 3 octobre la Place Beauvau, le désormais ex-ministre de l'Intérieur a dressé un constat pour le moins accablant de la situation dans certains quartiers. 

Gérard Collomb a évoqué un ministère confronté à des "problèmes immenses", lors d'une passation de pouvoir sans chaleur avec Edouard Philippe, dans l'attente de la nomination d'un nouveau ministre à ce poste hautement stratégique.

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"C'est toujours avec beaucoup de regret que l'on quitte le ministère de l'Intérieur", a déclaré Gérard Collomb dans la cour du ministère au côté d'Edouard Phillipe, la mine grave. Le ministre avait attendu, seul sur le perron, le Premier ministre, en regardant sa montre, pendant une vingtaine de minutes.

"Lorsque je suis arrivé, les choses n'étaient pas forcément faciles et on avait connu quelque temps avant une révolte de la police. Aujourd'hui je quitte un ministère apaisé et qui a su impulser un certain nombre de réformes mais il en reste bien d'autres à réaliser", a souligné le ministre démissionnaire.

"Nous sommes en face de problèmes immenses"

Il a notamment insisté sur la situation "très dégradée" des quartiers difficiles.

"Le terme de reconquête républicaine prend dans ces quartiers tout son sens. [...] Il faut assurer la sécurité dans ces quartiers mais il faut fondamentalement les changer. Quand les quartiers se paupérisent, se ghettoïsent, il ne peut y avoir que des difficultés", a-t-il mis en garde. "On vit côte à côte, je crains que demain on ne vive face à face, nous sommes en face de problèmes immenses" a-t-il encore estimé.

Le futur maire de Lyon a poursuivi sur le même ton :  

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Je suis allé [...] des quartiers nord de Marseille (Bouches-du-Rhône) au Mirail à Toulouse (Haute-Garonne), la situation est très dégradée, c'est plutôt la loi du plus fort qui s'impose, des narcotrafiquants, des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République."

Un discours vigoureux adressé à ses électeurs à Lyon ? 

Gérard Collomb est aussi brièvement revenu sur le sort des migrants, jugeant qu'il "faut accueillir mais en accueillant bien. Si c'est pour mettre ceux qu'on accueille dans les quartiers dont je viens de parler, on accroîtra encore les problèmes et la situation deviendra ingérable".

Le Premier ministre a pour sa part salué sobrement "la très grande culture" de Gérard Collomb et le "caractère direct de l'expression".

"Je prends des positions fortes"

"Nous vivons une époque difficile avec des menaces, à l'extérieur de notre territoire et parfois sur notre territoire [...]. Il nous appartient à nous tous d'être à la hauteur de la tâche pour donner aux Français ce qu'ils attendent : la confiance, la sécurité, l'espoir et l'envie de faire vivre notre pays", a-t-il dit.

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Sur Cnews ce jeudi, Gérard Collomb a tenté de minimiser les conséquences de sa démission mais assumé son discours musclé sur la fracture territoriale en France :    

"Je dis un certain nombre de choses, je prends des positions certes fortes, mais en même temps je continue à converser avec le président de la République." 

Le Nouvel Obs
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