Maladie du dragon jaune

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Maladie du dragon jaune
Image illustrative de l’article Maladie du dragon jaune
Symptôme sur mandarines.

Type Maladie bactérienne
Noms communs Maladie du dragon jaune,
verdissement des agrumes,
virescence des agrumes,
huanglongbin (HLB),
tige jaune,
likubin,
marbrure des feuilles.
Agents Candidatus Liberibacter spp. (Liberobacter asiaticus, Liberobacter africanus, Liberobacter americanus)
Hôtes Agrumes (genre Citrus spp.)
Vecteurs Diaphorina citri, Trioza erytreae
Code OEPP 1LIBEG
Répartition Asie, Afrique, Amérique

La maladie du dragon jaune, ou 黃龍病 (Huanglongbing, HLB) en chinois, ou verdissement des agrumes et plus rarement maladie des pousses jaunes est une maladie bactérienne mortelle des agrumes. Elle est répandue en Asie, en Afrique, et désormais aussi en Amérique Tropicale et subtropicale. L'agent pathogène bactérien est transmis par des insectes vecteurs.

Cette maladie a été décrite pour la première fois en 1929 et signalée pour la première fois en Chine en 1943. La variante africaine a été signalée pour la première fois en 1947 en Afrique du Sud, où elle est encore très répandue. Les premiers symptômes de la maladie ont été observés en 2004 dans des vergers d’agrumes au Brésil. La maladie s'est depuis fortement répandue au Brésil, dans plusieurs autres états d'Amérique du Sud et d'Amérique Centrale, dans les Caraïbes, et aux États-Unis, notamment en Floride et en Californie.

Les agents pathogènes sont des bactéries mobiles du genre Candidatus Liberibacter spp. Ces bactéries sont transmises par deux espèces d'insectes de la famille des Psyllidae proches des pucerons et inféodés aux agrumes : le psylle asiatique des agrumes, Diaphorina citri et, en Afrique, par le psylle africain des agrumes, Trioza erytreae.

En 1994, les chercheurs de l’INRA de Bordeaux ont identifié les deux espèces bactériennes responsables de la maladie en Asie et en Afrique : Candidatus Liberibacter asiaticus et Candidatus Liberibacter africanus[1]. La maladie découverte au Brésil a été attribuée à une troisième espèce plus virulente, Candidatus Liberibacter americanus[2].

Répartition[modifier | modifier le code]

Les symptômes de la maladie du dragon jaune sont attestés en Inde dès le XVIIIe siècle, mais l'agent pathogène était probablement déjà présent chez les Rutacées indigènes lorsque les premières plantations d'agrumes sont intervenues. La maladie a été signalée dans le sud-est de la Chine vers la fin du XIXe siècle. En Afrique du Sud, la maladie a été signalée pour la première fois au milieu du XXe siècle[3].

L'aire de répartition actuelle de la maladie du dragon jaune s'étend principalement en Asie tropicale et subtropicale. On l'a signalée dans toutes les régions productrices d'agrumes d'Asie, sauf au Japon. La maladie a touché les cultures en Chine, à Taïwan, en Inde, au Bangladesh, au Bhoutan, au Népal, au Sri Lanka, en Malaisie, en Indonésie, au Myanmar, au Sri Lanka, au Cambodge, au Laos, au Vietnam, en Thaïlande, dans les Philippines, dans les îles Ryukyu, au Pakistan, en Afghanistan, en Iran, en Arabie saoudite et au Yémen.

Hors d'Asie, la maladie a également affecté l'Afrique : Afrique du Sud (depuis 1947), Burundi, Cameroun, Éthiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, République centrafricaine, Ruanda, Somalie, Swaziland, Tanzanie et Zimbabwe, ainsi que La Réunion, l'île Maurice et les Comores, et l'Océanie : Papouasie-Nouvelle-Guinée (depuis 2002).

En Amérique, continent touché depuis le début du XXIe siècle, la maladie du dragon jaune est présente dans les pays suivants : Belize, Brésil (depuis 2004), République Dominicaine, Guatemala, Honduras et la Floride (États-Unis) depuis 2005, ainsi que plusieurs localités du Mexique depuis 2009[4],[5],[6],[7],[8].

La maladie s'est étendue récemment dans plusieurs pays d'Amérique centrale : Jamaïque, Cuba en 2007, ainsi que dans plusieurs États des États-Unis proches de la Floride : Louisiane, Géorgie, Caroline du Sud et Texas[9].

Le , la maladie du dragon jaune a été confirmée sur un seul arbre (pamplemoussier) à Hacienda Heights (comté de Los Angeles) en Californie[10]. Les perspectives sont sombres pour les vergers d'agrumes omniprésents en Californie car les producteurs des zones résidentielles sont peu susceptibles d'utiliser systématiquement les insecticides qui ont démontré leur efficacité dans les vergers commerciaux[11].

Elle est absente des régions agrumicoles d'Australie et du bassin méditerranéen[12].

Symptômes[modifier | modifier le code]

Symptômes foliaires sur pamplemoussier (Citrus maxima).

Les symptômes les plus courants qui signalent cette maladie sont le jaunissement des nervures de la feuille et des tissus adjacents, suivi du jaunissement ou de la marbrure de toute la feuille. Il s'ensuit une défoliation prématurée et le dépérissement des rameaux, ainsi que la pourriture des radicelles nourricières et des racines latérales. La vigueur de la plante décline et conduit, en fin de compte, à la mort de l'arbre.

Les arbres malades ont un retard de croissance, et portent de nombreuses fleurs hors-saison (dont la plupart tombent), produisant des fruits petits, de forme irrégulière à la peau claire, épaisse, qui reste verte à la base. Les fruits de ces arbres ont un goût amer[13].

Traitement[modifier | modifier le code]

Il n'existe aucun traitement curatif contre cette maladie et les efforts pour lutter contre la maladie du dragon jaune ont été ralentis parce que les arbres infectés sont difficiles à maintenir, à régénérer et à étudier. Des chercheurs de l'Agricultural Research Service (Service de recherche agricole, États-Unis) ont utilisé des citronniers infectés par la maladie du dragon jaune pour infecter des plants de pervenche de Madagascar (Catharanthus roseus) dans le but d'étudier la maladie. Les pervenches sont facilement infectées par la maladie et réagissent aux traitements antibiotiques ou bactéricides expérimentaux. Les chercheurs testent l'effet de la pénicilline G sodique et du DBNPA (2,2-dibromo-3-nitrilopropionamide) comme traitements potentiels pour les agrumes infectés sur la base des résultats positifs qui ont été observées sur la pervenche[14].

En , le département de l'Agriculture des États-Unis a alloué 31,5 millions de dollars américains pour la recherche sur les méthodes de lutte contre la maladie[15].

Aucun cultivar d'agrumes naturellement immunisé n'a été identifié. Toutefois, la création d'une variété génétiquement modifiée pourrait apporter une solution, mais se poserait alors la question de son acceptabilité par les consommateurs[16]. Un chercheur de Texas A&M AgriLife Research (en) (centre de recherche agronomique du Texas) a rapporté en 2012 que l'incorporation de deux gènes provenant de l'épinard dans des plants d'agrumes améliorait leur résistance à la maladie du dragon jaune lors d'essais en serre[17]. Des essais au champ d'orangers porteurs du gène de l'épinard ont été entrepris par Southern Gardens Citrus (filiale de US Sugar Corporation) en Floride[16].

Impact économique[modifier | modifier le code]

La maladie du dragon jaune est l'une des menaces les plus importantes pour la production mondiale d'agrumes. Dans le monde entier, plus de 60 millions d'arbres ont été détruits par la maladie dans les années 1990. Seulement dans l'ouest de Java, pas moins de 3 millions d'arbres ont été détruits par le Huanglongbing depuis 1960 et cette destruction est encore en cours[18].

En 2016, la maladie touche plus fortement les vergers de plusieurs pays, notamment du Brésil, premier exportateur mondial de jus d'orange, ou encore de la Floride, faisant augmenter le prix du jus d'orange en gros[19].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. INRA, « Une bactérie s'attaque aux agrumes du Brésil », sur futura-sciences, (consulté le ).
  2. (en) Diva do Carmo Teixeira1, Colette Saillard, Sandrine Eveillard, Jean Luc Danet, Paulo Inácio da Costa, Antonio Juliano Ayres et Joseph Bové, « ‘Candidatus Liberibacter americanus’, associated with citrus huanglongbing (greening disease) in São Paulo State, Brazil », International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, vol. 55, no 5,‎ , p. 1857-1862 (DOI 10.1099/ijs.0.63677-0, lire en ligne).
  3. (es) César Ramos Méndez, « Huanglongbing ('Citrus greening') y el psílido asiático de los cítricos, una perspectiva de su situación actual », OIRSA, (consulté le ).
  4. (en) « Detection of Huanglongbing (Candidatus Liberibacter asiaticus) in accessed municipality of Tizimin, Yucatan, Mexico », North American Plant Protection Organization's Phytosanitary Alert System (consulté le ).
  5. (en) « Update on the detection of Huanglongbing (Candidatus Liberibacter asiaticus) in backyard trees in the States of Yucatan and Quintana Roo, Mexico », North American Plant Protection Organization's Phytosanitary Alert System (consulté le ).
  6. (en) « Update on the detection of Huanglongbing (Candidatus Liberibacter asiaticus) in backyard trees in Mexico », North American Plant Protection Organization's Phytosanitary Alert System (consulté le )
  7. (en) « Detection of Huanglongbing (Candidatus Liberibacter asiaticus) in the Municipality of Calakmul, Campeche, Mexico », North American Plant Protection Organization's Phytosanitary Alert System (consulté le ).
  8. (en) « Detection of Huanglongbing (Candidatus Liberibacter asiaticus) in the Municipalities of Mazatlan and Escuinapa, Sinaloa, Mexico », North American Plant Protection Organization's Phytosanitary Alert System (consulté le ).
  9. (en) « Citrus Huanglongbing (HLB) », sur Texas Citrus Greening, Texas Department of Agriculture (consulté le ).
  10. (en) « Citrus disease Huanglongbing detected in Hacienda Heights area OF Los Angles county » [Press release], California Department of Food and Agriculture, (consulté le ).
  11. (en) Ian Lovett, « Threat to California Citrus May Finish Backyard Trees », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) « Citrus Greening Background », USDA, (consulté le ).
  13. (en) Hong-Ji Su, « Citrus Greening Disease », Food & Fertilizer Technology Center, (consulté le ).
  14. (en) Dennis O'Brien, « Periwinkle Plants Provide Ammunition in the War on Citrus Greening », USDA - Agricultural Research Service, (consulté le ).
  15. (en) « $31.5mn allocated by USDA for research to fight citrus fruit disease », canadianbusiness.com,‎ (lire en ligne).
  16. a et b (en) Amy Harmon, « A Race to Save the Orange by Altering Its DNA », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) R. Santaana, « Spinach genes may stop deadly citrus disease », sur Agrilife Today, (consulté le ).
  18. (es) « Ficha técnica. Candidatus Liberibacter asiaticus », Sistema Nacional de Sanidad, Inocudidad y Calidad Agropecuaria y alimentaria (Sinasica, Mexique (consulté le ).
  19. Muryel Jacque, « La production de jus d’orange s’écroule au plus bas depuis 1990 », Les Échos.fr,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]