CGT contre CGT

On est le 7 et le monde, têtu, ne s’écroule pas. En réalité, il continue tranquillement de tourner. Tout, en fait, continue comme si de rien n’était : la presse, toujours aussi Point de Vue / Images du Monde, continue de se focaliser sur les histoires d’argent de la famille Bettencourt, la classe politique fricote toujours aussi régulièrement avec la justice, les patrons sont toujours aussi méchants et les employés toujours aussi exploités.

D’ailleurs, je tiens l’information de syndicalistes CGT — c’est dire si c’est du solide — qui l’expliquent clairement :

En lieu et place d’un dialogue constructif qui permettrait de trouver des solutions au mal-être et à la souffrance au travail, souligne l’adresse, nous constatons la multiplication des arrêts maladie, des demandes de mutation, de démissions, etc. Un climat de défiance s’est installé.”

Certes, ce n’est pas encore la vague de suicide, comme dans les entreprises d’état à l’instar de France Télécom, l’Education Nationale, le Ministère de l’Ecologie ou encore La Poste où les cadences infernales se succèdent aux objectifs de rentabilité et de productivité démentiels imposés par un patron sans aucune pitié, sans scrupule, sans inspecteurs du travail sur le dos (puisque c’est ce patron qui les rémunère, d’ailleurs).

Aparté : je trouve d'ailleurs franchement étrange que la méchante presse ne fasse que parler des suicides de ces institutions étatiques ou de ces entreprises auparavant dans le giron de l'État : il y a, j'en suis sûr, un véritable complot qui vise à masquer les centaines des suicides annuels chez Microsoft, Apple ou Google, firmes capitalistiques dont les patrons n'hésitent pas à écraser les employés.

Mais dans le cas qui nous occupe, il s’agit d’un autre type de patron : un syndicat !

Oui, vous avez bien lu, des syndicalistes CGT se plaignent de l’ambiance détestable instaurée par leur patron, le Syndicat CGT.

Et les maux ne sont pas des moindres, puisqu’on évoque des délits d’entrave … à l’activité syndicale, une administration de plus en plus agressive (auraient-ils lu Rue89 ?), et un stress de plus en plus important.

Evidemment, la grève n’est pas encore envisagée. Ce serait pourtant l’étape suivante parfaitement logique, que je ne peux qu’encourager à tester : après tout, puisque le dialogue n’est pas possible, il faut user de la manière forte ! Et puis une grève du syndicalisme, ça vous a un petit côté romantique, un parfum de décadence légère et d’autofoutage de gueule que je ne peux qu’approuver.

Je vois même déjà se profiler le palier ultérieur : une petite séquestration du patron, Bernard Thibault. Je suis persuadé qu’une ou deux nuits passées coincé sur une chaise en attendant l’intervention policière salvatrice — mais qui ne viendra jamais — attendrirait un tantinet le patron de l’organisation mafieuse syndicale.

La CGT : des requins !

Au delà de la raillerie facile mais nécessaire et logique que ce genre d’événement suscite, on peut tout de même s’interroger sur le comportement observé et se demander si, finalement, les agissements dénoncés sans arrêt chez les patrons des entreprises que la CGT investit et, parfois, met à sac, ne sont pas la propre projection de leurs propres comportements en interne : incapables d’imaginer qu’une négociation puisse se dérouler dans une ambiance autre que tendue, ou sans épreuve de force, les joyeux syndiqués s’emploieraient alors à produire le cadre idéal pour une telle ambiance et une telle épreuve à chaque fois qu’une négociation devient nécessaire.

Cela pourrait paraître exagéré, mais on n’aura pas de mal à déceler le décalage fréquent entre les paroles des leaders syndicaux (de la CGT comme pour les autres syndicats) et leurs agissements en privé. La condamnation de Blondel aux prudhommes, pour dépassements d’horaires de son chauffeur, est un exemple qui revient facilement à l’esprit ; on pourra se remémorer aussi le petit buzz sur la généreuse retraite de Didier Le Reste, manifestement pas tout à fait en phase avec la réalité du terrain. On pourra aussi rappeler que les expulsions que ces syndicats sont toujours prompts à dénoncer ne semble pas les déranger lorsqu’il s’agit de leurs locaux…

Tout ceci illustre finalement assez bien le principe du Faites Ce Que Je Dis, Et Pas Ce Que Je Fais, caractéristique assez fréquente chez les gens de gauche parvenus au pouvoir…

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Commentaires25

  1. Vallenain

    “Tout ceci illustre finalement assez bien le principe du Faites Ce Que Je Dis, Et Pas Ce Que Je Fais, caractéristique assez fréquente chez les gens de gauche parvenus au pouvoir…”

    C’est bien la devise d’une grande partie de la classe politique ça !

      1. Flak

        sauf que les politiques sont PAYES pour DONNER L’EXEMPLE.
        ou plus exactement, il prennent notre argent sous pretexte d’etre ou d’avoir ete selectionnes comme exemples; et la, c’est le drame.

      1. Winston (l’autre)

        Voui, encore qu’avec un seul “p” il serait encore mieux ce petit aparté. Désolé, c’est plus fort que moi, l’orthographe est une seconde nature…

  2. Nicolas B.

    Encore une fois un billet très drôle. Bravo et continuer comme ça! Par contre, c’est bizarre, je n’ai pas entendu parler de cette nouvelle au journal télévisé, ou à la radio. Comment cela se fait-il?
    😉

  3. Stéphane

    Le “Faites Ce Que Je Dis, Et Pas Ce Que Je Fais” n’est pas une caractéristique “assez fréquente” chez les gens de gauche parvenus au pouvoir, c’est LA caractéristique qui les définit.

    Et ils l’assument complètement.

    Comme j’ai pu l’entendre chez un collègue socialiste: “Ah mais si moi je devenais millionnaire, je voterais à droite.”

    La posture de gauche est à 100% guidée par les opportunités du moment. Avant-garde du Prolétariat quand on est chez les prolétaires, champagne, petits-fours et bras d’honneur au droit du travail quand on est dans le fauteuil du patron. D’une minute à l’autre, ils deviennent la parodie de ce qu’ils dénoncent.

    A leurs yeux ça n’a strictement rien de honteux, bien au contraire, ils s’adaptent à leurs nouvelles “conditions de classe”.

    Un patron ex-cégétiste qui continuerait à adopter les mêmes discours miteux de lutte des classes depuis son nouveau bureau récolterait peut-être un zeste de respect de la part de ses ex-camarades, mais c’est peu probable. Ils houspilleraient plutôt son hypocrisie, car ils attendraient d’un patron qu’il se comporte comme un patron (c’est-à-dire, comme leur vision étriquée et idéologique de ce que doit être un patron.)

    Ce n’est pas de l’hypocrisie, ce n’est même pas de l’opportunisme, c’est plus fort que ça. Ils endossent complètement leur rôle social, jusque dans les opinions qu’ils doivent avoir. Et ça leur paraît complètement normal.

    De là aussi, sans doute, le dialogue de sourd dès que quelqu’un vient d’un autre milieu que le leur: le type d’en face ne _peut pas_ comprendre. Un patron ne peut pas comprendre le point de vue des syndicats, c’est im-pos-si-ble. Par définition. La seule chose qu’il puisse faire, c’est s’y _plier_, ce qui implique une toute autre dialectique.

  4. Martin Lothar

    Remarquons quand même que le personnel de la CGT a un syndicat du personnel de la CGT. Bon d’accord, c’est la CGT aussi, mais ne soyons pas plus royaliste que Ségo ou Sarko non plus hein ! Si ce pays est foutu, je le trouve de plus en plus rigolo quand même. C’est Guignol tous les jours maintenant ! (Désolé, je sors…) PS : Félicitations aussi pour l’aparté (En aparté, “aparté” s’écrit avec un seul “p” — restriction budgétaire et claviérique oblige — c’est la crise pour tout le monde les gars, serrons les fesses et gardons nos pets pour on ne sait quand et qui)

  5. phiga

    En ce qui concerne les suicides…

    Un complot, c’est évident..

    Le taux de suicides des agriculteurs est 10 fois supérieurs à celui des employés de France Télécom!!!

    Qui en parle????

    1. Il y a peut-être une petite différence de taille concernant les agriculteurs : ceux qui se suicident sont aussi (majoritairement) les patrons de leur exploitation. Et un suicide de patron, même s’il est agriculteur, la CGT s’en tamponne.

      1. Théo31

        Tout comme la CGT s’en tamponne des salariés qui n’ont pas leur carte à la centrale.

        Sinon, j’ai failli pleurer avec cet article, mais en fait non : bien fait pour eux.

        1. Higgins

          Je confirme, j’ai eu un cas dans ma famille. Grand entreprise semi-public bénéficiant d’un monopole de fait dans son domaine d’activité, salarié mis injustement en cause par sa hiérarchie, défense (très mal) assuré par le délégué CGT (et oui, évitons de regarder ensemble sous le tapis la m… qu’on y a planquée depuis 60 ans). Bilan, un blâme et un état dépressif. Un petit courrier à la direction faisant état de harcèlement, et opportunément envoyé en copie à l’inspection et la médecine du travail, a suffi à calmer le jeu.

        2. Laglute

          Je confirme concernant votre première phrase. Et le pire, c’est qu’il sont aussi délégués du personnel dans ma taule, mais se foutent des non syndiqués. Je sais pour qui ne plus voter aux prochaines élections…

          En fait, d’accord aussi avec la seconde phrase. On pourrait la résumer à : quand on manie le boomerang comme un manche, il finit toujours par vous revenir en pleine gueule !!!

  6. Monoi

    En fait avec ces gens la, on n’arrive jamais a atteindre les limites.

    L’article du monde est d’ailleurs assez hilarant, j’ai l’impression que le journaliste ne sait pas trop comment faire pour presenter les choses sans heurter sa vision du monde (pas le journal).

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