Crise : l'Allemagne est inquiète pour la France

Crise : l'Allemagne est inquiète pour la France
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Pavé dans la mare...

Crise : l'Allemagne est inquiète pour la France
Crédit photo © Reuters

(Boursier.com) — Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble aurait demandé au Conseil des experts économiques de son pays de réfléchir à des propositions de réformes économiques pour la France, craignant une chute de la deuxième économie de la zone euro et de ses conséquences sur le devenir de l'Europe dans son ensemble... Malgré les démentis qui sont intervenus vendredi après-midi, le pavé dans la mare a été jeté ! Deux responsables s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, ont ainsi expliqué à Reuters que W. Schäuble avait demandé aux "sages" de réfléchir à un rapport susceptible de donner des pistes de réformes pour la France avant qu'il ne soit trop tard...

Réformes structurelles
Berlin s'inquiète en effet de la tournure des événements en France à la lumière des dernières décisions prises par le gouvernement Ayrault qui ne s'attaquerait pas aux réformes structurelles indispensables pour remettre le pays sur de bons rails budgétaires... De quoi manquer les objectifs de déficits l'an prochain et plonger l'Euro dans une nouvelle crise qui risquerait cette fois d'être fatale à la monnaie unique.

Manque d'action
"Les inquiétudes s'accumulent en raison du manque d'action du gouvernement français sur la réforme du marché du travail", a estimé Lars Feld, un des membres du comité des sages, à l'agence Reuters. "Le principal problème en ce moment, ce n'est plus la Grèce, l'Espagne ou la l'Italie, c'est devenu la France parce qu'elle n'a rien entrepris de nature à rétablir sa compétitivité, au contraire, elle va dans l'autre direction !", a poursuivi Lars Feld. "Il faut à la France une réforme du marché du travail, c'est le pays de la zone euro qui travaille moins d'année en année, alors, qu'attendez vous comme résultat ? Les choses n'iront pas en s'améliorant, à moins que de vrais efforts soient déployés."

Le FMI aussi !
Cette semaine, le FMI a aussi fait le même constat que de nombreux experts : La France a perdu de sa compétitivité ces dernières années, ce qui constitue un risque important pour la croissance et l'emploi dans l'hexagone. Le FMI a apporté ce pronostic et a émis ses recommandations, le jour même de la remise du rapport de Louis Gallois au gouvernement : "La perte de compétitivité est antérieure à la crise actuelle, mais elle risque de devenir encore plus sérieuse si l'économie française ne s'adapte pas au même rythme que ses principaux partenaires commerciaux en Europe, notamment l'Italie et l'Espagne qui, après l'Allemagne, se sont engagés dans des réformes en profondeur", estime le FMI dans son rapport préliminaire annuel sur la France.

Thérapie de choc
Pour sortir de cette ornière, le Fonds monétaire international prône une thérapie de choc qui passe par une forte baisse des dépenses publiques et la mise en place d'un "programme de réformes structurelles de grande ampleur". Celui-ci devrait notamment inclure une hausse de la TVA plutôt que de la CSG (qui aurait davantage d'effets négatifs selon le FMI), pour financer une réduction des cotisations sociales patronales. Ces éléments figurent dans le rapport Gallois, et devrait se retrouver, au moins partiellement, dans les mesures qui seront annoncées dans la journée par Jean-Marc Ayrault... Selon la presse du jour, le gouvernement s'apprête à présenter non pas une baisse directe des charges sur l'emploi, mais un crédit d'impôt de 20 Milliards d'Euros pour les entreprises, correspondant à un allègement de 6% des charges sur les salaires allant jusqu'à 2,5 fois le SMIC. La mesure serait financée par une hausse de la TVA, une baisse des dépenses publiques et une hausse de la fiscalité écologique, selon la presse française.

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Les 35 heures en question
Mais l'institution internationale va plus loin que le rapport Gallois, en recommandant en substance de mettre fin à la semaine de 35 heures, et de modérer à l'avenir les hausses du SMIC... Le FMI propose ainsi "d'adapter les dispositions salariales et d'ajustement du temps de travail au niveau des entreprises", comme le réclame le patronat.
Du côté des dépenses publiques, le FMI estime qu'il faudrait aller plus loin que les mesures prises jusqu'ici, et agir à tous les niveaux (Etat, collectivités locales et Sécurité sociale). Le Fonds souligne que la France a une fiscalité et des dépenses publiques parmi les plus élevées d'Europe, et que le nouvel alourdissement récent de la fiscalité réduit les incitations au travail et à l'investissement... La fiscalité de l'épargne, notamment, devrait être modifiée pour soutenir le financement de l'économie, poursuit le texte.

Pas tenable...
Au passage, le FMI rappelle aussi qu'il a récemment révisé ses prévisions de hausse du PIB pour la France, à 0,4% pour 2013, alors que le gouvernement table sur une croissance de 0,8%... Dans ces conditions, l'objectif de réduire le déficit public à 3% du PIB en 2013 paraît très difficile à tenir. Sur ce point, le FMI suggère d'ailleurs à l'ensemble de l'Union européenne "de revoir la rapidité de l'ajustement budgétaire", en d'autres termes, de ne pas s'acharner sur les objectifs de désendettement rapide, si "la faiblesse de l'activité économique dans la zone Euro (y compris en France) persistait". Les conséquences d'une récession généralisée en Europe paraissent en effet plus dangereuses que les avantages d'un strict le respect d'objectifs de désendettement en

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