Des centaines de milliers d'opposants et de partisans du pouvoir mesuraient leurs forces, samedi 22 février, à Caracas et en province lors de marches pour la paix dans un Venezuela secoué depuis plus de deux semaines de manifestations ayant fait une dizaine de morts.
Dans l'est huppé de Caracas, au moins 50 000 personnes ont répondu à l'appel du gouverneur et ancien candidat à la présidentielle Henrique Capriles, principale figure de l'opposition, pour exiger le désarmement de groupes armés proches du pouvoir du président socialiste Nicolas Maduro et pour dénoncer la mauvaise situation économique.
« Je ne supporte plus la situation du pays. Ça n'est pas juste qu'en étant dans un des pays les plus riches du monde, nous ne puissions pas trouver de nourriture, qu'ils nous tuent, nous et nos amis, et que lorsque nous protestons, ils nous répriment », a expliqué à l'AFP Joel Moreno, un étudiant de 24 ans manifestant à Caracas.
San Cristobal abritait l'une des plus importantes mobilisations de l'opposition en province, avec des milliers de personnes défilant vêtues de blanc.
« COUP D'ETAT EN COURS »
Dans le centre de la capitale, bastion « chaviste » (du nom de l'ancien président Hugo Chavez), des dizaines de milliers de personnes vêtues de rouge et de blanc, tenant des fleurs à la main, participaient elles à une marche « des femmes pour la paix et pour la vie », dénonçant la violence et les dommages causés en marge de manifestations étudiantes et opposantes qui se déroulent depuis début févier dans tout le pays, qualifiées par Nicolas Maduro de « coup d'Etat en cours ».
« Le Venezuela est un pays de paix (...) Que viennent faire ces étudiants? (...) Nous espérons que tout rentrera dans le calme. Qu'ils laissent gouverner ce président élu démocratiquement », a témoigné auprès de l'AFP, Josefina Lisset, 54 ans, qui a repris des études grâce à un programme social.
Selon des chiffres officiels, le bilan de ces manifestations qui ont parfois dégénéré en affrontements entre groupes radicaux et forces de l'ordre, s'établit à 10 morts, presque 140 blessés (civils et forces de l'ordre) et une centaine d'arrestations.
REVENDICATIONS CONTRE L'INSÉCURITÉ ET LA VIE CHÈRE
Le président Nicolas Maduro affronte la plus importante vague de contestation depuis son élection de justesse en avril, dans la foulée du décès de son mentor, Hugo Chavez. Née après la tentative de viol d'une étudiante sur le campus à San Cristobal, la mobilisation a peu à peu dérivé des revendications sur l'insécurité à la critique plus générale de la situation du pays, touché par une inflation record et des pénuries récurrentes. Les appels à libérer les manifestants interpellés et les dénonciations contre la censure des médias se sont aussi multipliés.
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Mettant à exécution les menaces de M. Maduro, les autorités ont d'ailleurs retiré leurs accréditations aux journalistes de la télévision américaine d'information en continu CNN, accusée de chercher à montrer que le Venezuela se trouve en état de « guerre civile », selon la correspondante de la chaîne, Osmary Hernandez. La semaine dernière, le gouvernement avait déjà interdit la chaîne colombienne NTN24 pour avoir alimenté « l'angoisse » de la population en couvrant les violences ayant suivi une manifestation.
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