Le monde danse-t-il sur un volcan ? C’est ce que redoutent certains, devant la chute du Baltic Dry Index (BDI), un indice qui reflète les prix du transport par bateau de matières sèches, comme le fer, le charbon, le cuivre ou encore le blé. Alors que les Bourses mondiales volent de sommet en sommet, cet indicateur-clé du commerce international ne cesse, au contraire, de plonger.
Son évolution, « qui annonce depuis longtemps l’imminence des crises », n’augure rien de bon pour l’économie mondiale, s’est d’ailleurs inquiété l’essayiste Jacques Attali, début février sur son blog. Or, depuis, le BDI s’est encore enfoncé. Mardi 17 février, sa valeur est tombée à 516 points, portant à 34 % son recul depuis le début de l’année. Les tarifs du transport maritime se trouvent ainsi à leur plus bas niveau depuis au moins trente ans, les premiers relevés officiels datant de 1985. De quoi doucher l’euphorie ambiante, du moins si le BDI est bien l’excellent indicateur avancé de l’économie mondiale annoncé…
Situation intenable
Seule certitude : cette violente chute des prix « est très inquiétante pour la filière », reconnaît Eric Banel, directeur général de la fédération professionnelle Armateurs de France. Aux tarifs actuels, « la plupart des entreprises perdent de l’argent dans ce métier », constate-t-il. C’est notamment le cas des groupes français, comme Louis-Dreyfus ou Bolloré.
Les experts de Moore Stephens ont fait leurs calculs : en comptant l’équipage, les assurances et les réparations, exploiter un Capesize – un de ces gros bateaux qui passent au large des caps Horn et de Bonne-Espérance – coûte environ 7 300 dollars par jour (6 400 euros). Or, le tarif de location officiel ne dépasse pas actuellement 5 345 dollars. Sur le papier, chaque jour de trajet fait donc perdre près de 2 000 dollars par navire.
C’est une situation intenable dans la durée. Or, elle s’éternise. Avant la crise de 2008-2009, les tarifs d’utilisation de ces navires vraquiers étaient montés en flèche, et l’indice BDI avait culminé à près de 11 800 points. Ensuite, la faillite de la banque américaine Lehman Brothers et le coup de frein à la croissance mondiale ont tout remis en cause. Les prix se sont effondrés, et la légère reprise de 2014 n’a pas tenu.
Pire encore : depuis novembre 2014, les tarifs s’enfoncent chaque jour davantage, sans espoir de rebond rapide. « Il faut se préparer à trois ans de disette », estime l’analyste Marc Pauchet, spécialiste du sujet chez le courtier Braemar ACM.
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