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Pour Hollande, la victoire de Trump « ouvre une période d’incertitude »

La victoire de Donald Trump face à Hillary Clinton lors de l’élection présidentielle américaine suscite de nombreuses réactions politiques en France.

Le Monde

Publié le 09 novembre 2016 à 08h11, modifié le 09 novembre 2016 à 20h01

Temps de Lecture 6 min.

De Marine Le Pen à François Fillon ou Jean-Marc Ayrault, l’élection présidentielle américaine et la victoire du conservateur Donald Trump face à la démocrate Hillary Clinton ont suscité maintes réactions de la classe politique française, mercredi 9 novembre.

  • « Une période d’incertitude »

Après le conseil des ministres mercredi matin, François Hollande a félicité Donald Trump pour son élection « comme il est naturel [de le faire] entre deux chefs d’Etats démocratiques ». Le président français a ajouté que celle-ci ouvrait « une période d’incertitudes » :

« Les Etats-Unis constituent un partenaire de tout premier plan. Ce qui est en jeu, c’est notamment la paix, la situation au Moyen-Orient. Sur tous ces sujets, la France engagera sans tarder des discussions avec la nouvelle administration américaine qui entrera en fonction le 20 janvier. Certaines positions prises par Donald Trump pendant la campagne doivent être confrontées à nos valeurs communes. »

Dans la soirée, le président de la République a adressé une lettre à M. Trump. « J’ai suivi avec attention votre première intervention et en particulier son message d’apaisement et de rassemblement après une campagne parfois brutale », écrit-il.

« Nous devons regarder en face les défis communs qui nous attendent et prendre conscience des inquiétudes qui sont provoquées par les désordres du monde. Nous devons trouver les réponses. Elles doivent nous permettre de dépasser les peurs, mais aussi de respecter les principes qui nous fondent : la démocratie, les libertés, le respect de chaque individu. »

Pour le premier ministre, Manuel Valls, la victoire de M. Trump démontre « le besoin de frontières » et de « réguler l’immigration ». « Le besoin aussi de mieux distribuer les richesses, le besoin de protection pour les classes moyennes qui vivent ce sentiment de déclassement », a poursuivi le chef du gouvernement socialiste mercredi lors de la séance des questions à l’Assemblée nationale. Il a également fait allusion au risque d’un triomphe populiste en France, lors des élections présidentielle et législatives de 2017.

« Je ne crois pas au triomphe de la simplicité ou de la démagogie s’emparant des esprits. Je crois, bien sûr, au triomphe de l’intelligence des peuples, il faut toujours respecter leur choix, mais il faut les éclairer, leur indiquer une voie. »

  • « La gauche française est prévenue »

Joint par Le Monde, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, s’est alarmé du succès de Trump :

« Le national populisme plus ou moins xénophobe hante le monde occidental avec sa peur du déclassement, du remplacement et du métissage. Orban, Brexit, l’AfD en Allemagne, et maintenant Trump ! La gauche française est prévenue : elle continue ses enfantillages irresponsables et c’est Le Pen. »

Contacté par Le Monde, Benoît Hamon, candidat à la primaire de la gauche programmée en janvier 2017, estime que « les Etats-Unis viennent de se choisir un dirigeant xénophobe, homophobe, sexiste, qui a un profond mépris pour le reste du monde… »

  • A droite : « un séisme mondial »

Les candidats à la primaire de la droite, programmée les 20 et 27 novembre, ont également réagi.

Depuis son siège de campagne, Nicolas Sarkozy a affirmé que l’élection de Donald Trump « exprimait le refus d’une pensée unique ». « Il n’y aura pas de place pour l’impuissance, la faiblesse et le renoncement » face aux dirigeants des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine, Donald Trump, Vladimir Poutine ou Xi Jinping, a-t-il ajouté.

Eric Ciotti, son porte-parole, estime de son côté que « l’élection de Trump est un séisme mondial, qui bouleverse tout ». Au Monde, le député (Les Républicains) annonce que ce scrutin américain « va avoir des répercussions sur la primaire à droite, en ayant pour effet de relativiser les sondages. C’est le peuple qui décide. »

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Dans un communiqué, Alain Juppé « prend acte » de la « décision souveraine » du peuple américain. « Le monde a besoin d’une démocratie américaine apaisée et qui contribue à l’équilibre du monde, aujourd’hui menacé », estime-t-il. Il poursuit :

« Aux Français je veux souligner tous les risques que la démagogie et l’extrémisme font courir à la démocratie et le caractère vital des choix qu’ils ont à faire. »

François Fillon, également candidat à l’élection à la primaire de la droite, a déclaré que « la démocratie américaine doit être respectée ». Et d’ajouter : « Alliée des Etats-Unis, la France devra faire entendre sa voix amicale mais indépendante. »

Nathalie Kosciusko-Morizet voit dans cette élection la confirmation que « le grand mouvement de transformation que nous vivons, avec ses gagnants et ses perdants, amène des opportunités mais aussi des grandes menaces, de profondes inquiétudes ».

Jean-Frédéric Poisson, candidat du Parti chrétien-démocrate à la primaire de la droite, s’est, lui, félicité de la victoire de Donald Trump qui constitue, selon lui, « une nouvelle victoire des électeurs contre le système ».

  • La victoire du peuple « libre », pour Marine Le Pen

Marine Le Pen fait partie des rares représentants politiques à soutenir Donald Trump. Sur Twitter, la responsable du parti d’extrême droite a rapidement estimé qu’il s’agissait d’une victoire « du peuple américain libre . Avant de déclarer, depuis le siège de son parti à Nanterre:

« J’ose répéter que l’élection de Donald Trump est une bonne nouvelle pour notre pays : refus du Tafta, et plus généralement d’une mondialisation sauvage, pacification des relations internationales notamment avec la Russie, désengagement des expéditions belliqueuses à l’origine des grandes vagues migratoires dont nous sommes les victimes... Ces engagements, s’ils sont tenus, sont bénéfiques pour la France. »

Le vice-président du FN, Florian Philippot, s’est lui aussi réjoui sur Europe 1. Selon lui, cette victoire marque « une année très difficile pour l’oligarchie. (…) Il va falloir que toutes les élites autoproclamées qui dirigent la France se réveillent ».

Du côté de Béziers, le maire Robert Ménard a annoncé sur Twitter qu’il allait inviter le nouveau président américain dans sa ville. « Nous partageons en effet avec vous certains valeurs et nous défendons comme vous la famille, les frontières, les traditions, la nation, le combat contre le mondialisme et contre le terrorisme », déclare-t-il dans une lettre adressée à M. Trump.

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  • Pour Mélenchon, « Sanders aurait gagné »

Candidat de la gauche radicale sous la bannière du mouvement La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon estime que « Sanders aurait gagné » si la primaire des démocrates américains contre Clinton lui avait ensuite permis de défier Trump lors de la présidentielle. « Les primaires ont fonctionné comme une machine à museler l’énergie populaire. Maintenant vite descendre du train fou atlantiste. »

Pour Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, l’élection américaine a également valeur d’avertissement pour la France :

« On le voit avec l’élection de Trump, le pire peut advenir. En France aussi, avec Marine Le Pen qui soutenait Trump. Pour ceux qui en doutent, ce qui vient de se passer aux USA doit les faire réfléchir. Les peuples sont en colère, rejettent le système. Sans le rassemblement d’une gauche antiaustérité, c’est le populisme de droite qui s’imposera. »

  • Pour EELV, « ça craint »

Le vainqueur de la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts, Yannick Jadot regrette de son côté que la victoire de M. Trump va « accélérer la course aux nostalgies régressives » en France.

« Puisque, même si on dit des choses débiles ça marche, cela va malheureusement renforcer la course à la simplification extrême (...), à un âge d’or d’une société irréelle.  »

Contacté par Le Monde, David Cormand, secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, ajoute avec gravité :

« Aux Etats-Unis, les gens n’ont pas choisi entre la gauche et la droite, ou entre une démocrate et un facho, ils ont voté à une sorte de référendum : pour ou contre “l’establishment”. On voit les mêmes ressorts de débat et les mêmes résultats dans la plupart des pays occidentaux. Bref, ça craint. »

  • François Bayrou annonce « un défi civique »

Le président du MoDem estime que l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche pose « un défi civique » et impose que « la démocratie se transforme et se dépasse ». Dans un billet publié mercredi sur Facebook, le maire de Pau ajoute que ce scrutin américain « va marquer le monde pour une longue période ».

  • Pour Macron, « impossible de demeurer dans le statu quo »

L’ancien ministre démissionnaire de l’économie, fondateur du mouvement En Marche !, a déclaré que cette victoire lui paraissait « être l’expression d’un rejet du système profond, et sous-estimé. […] Le même que j’entends depuis deux ans que je me suis engagé publiquement sur la scène politique, poursuit Emmanuel Macron. Ce rejet rend impossible de demeurer dans le statu quo dans lequel notre pays s’est englué depuis trente ans. »

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