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L'impôt, clé de voûte de la vie en commun

L'impôt n'a jamais tué un pays, bien au contraire.

Publié le 10 janvier 2013 à 14h27, modifié le 10 janvier 2013 à 14h27 Temps de Lecture 3 min.

L'impôt n'a jamais tué un pays, encore moins ses millionnaires." Cette déclaration n'est pas du ministre de l'économie, Pierre Moscovici, défendant la taxation à 75 % sur la part des revenus dépassant 1 million d'euros censurée par le Conseil constitutionnel.

Elle a été prononcée en novembre 2012, en pleine bataille fiscale du Sénat américain, par Bill Kristol, éditorialiste néoconservateur.

Pendant ce temps, en France, la droite s'indigne mais seulement à l'encontre de la taxe à 75 % sur les millionnaires... Plus faucon que M. Kristol, le député UMP du Val-de-Marne Gilles Carrez affirme : "On a intérêt à garder nos riches."

Le débat a déjà eu lieu aux Etats-Unis. Car l'axiome selon lequel l'impôt serait un obstacle à la croissance a été testé au début des années 1980 par Arthur Laffer, conseiller de Ronald Reagan et qui popularisa le "Trop d'impôt tue l'impôt".

Pourquoi l'impôt serait-il à proscrire ? Car le marché a raison, puisque les prix s'adaptent ; car l'Etat, c'est mal, puisque les taxes interdisent de baisser les coûts des entreprises.

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L'OPPOSITION CRIE HARO SUR UNE POLITIQUE FISCALE QUI SOLLICITE DAVANTAGE LES RICHES

Donc l'inverse de la leçon de Keynes, pour qui ce sont les lenteurs d'adaptation des prix et salaires qui interdisent aux marchés de revenir à l'équilibre et que la seule solution pour débloquer une économie passe par la politique monétaire et budgétaire.

L'administration Reagan a divisé par deux l'impôt sur les sociétés ainsi que la fiscalité des plus riches. Très vite, les Etats-Unis ont constaté le dérapage de la dette.

Rétropédalage : l'administration a redoublé l'impôt sur les sociétés dès 1986 et augmenté celui des plus fortunés, par le biais des revenus du capital, sous la présidence Bill Clinton. Miracle : deux fois plus d'emplois ont été créés.

En France, le débat semble revenir au XXe siècle : l'opposition crie haro sur une politique fiscale qui sollicite davantage les riches que les ménages moyens ; haro sur la taxation des revenus du capital comme de ceux du travail ; et haro sur la réduction de niches fiscales des grandes entreprises.

Bref, l'opposition crie haro sur les trois fonctions des prélèvements obligatoires : le financement des dépenses publiques, la redistribution ou justice fiscale, et la régulation économique.

C'est la cohésion du pays qui impose une gestion sérieuse des dépenses publiques et une réduction de la dette. Car à la différence de la taxe à 75 % sur les millionnaires, le dévergondage budgétaire orchestré depuis dix ans est bel et bien en mesure de "tuer le pays" ; et nourri la contestation de l'impôt.

Pour l'épuiser, la réduction des dépenses publiques de 60 milliards d'euros sur cinq ans annoncée par le gouvernement est incontournable.

Sur la redistribution, les débats ont montré que certains dans l'opposition considèrent que plus une famille est riche, plus elle a droit à une baisse d'impôt par enfant.

PROTÉGER LES MILLIONNAIRES DE LA TAXE À 75 %

Et ceux qui montent au créneau pour protéger les millionnaires de la taxe à 75 % sont aussi les premiers à réclamer une hausse de TVA sur les ménages gagnant le smic ou les retraités. Les élections du printemps 2012 ont toutefois tranché les choix de redistribution du pays pour cinq ans.

Quant à la fonction économique de l'impôt, la confusion entretenue par la droite devient préoccupante. Non, payer ses impôts comme tout le monde n'est pas contraire à l'esprit d'entreprendre.

Oui, les dépenses publiques sont un atout pour les entrepreneurs et les entreprises, par le biais des infrastructures ou de l'école gratuite qui est d'ailleurs mesurée dans les "packages" proposés aux cadres internationaux.

Et faire en sorte que les grandes entreprises cessent de bénéficier d'un avantage concurrentiel déloyal par rapport aux PME relève aussi de l'efficacité économique. L'impôt n'a jamais tué un pays, bien au contraire. Il est l'outil par excellence de la vie en commun s'il est juste et intelligent. Mais qui veut noyer son chien...

Karine Berger, députée des Hautes-Alpes, secrétaire nationale à l'économie du Parti socialiste

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