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Ne tirez pas sur Angela Merkel

Edito du Monde. Le langage belliciste à l'égard de l'Allemagne utilisé par le PS dans son document dévoilé vendredi est inquiétant, qu'il soit autorisé en haut lieu ou non.

Par Editorial du "Monde"

Publié le 27 avril 2013 à 10h54, modifié le 29 avril 2013 à 10h01

Temps de Lecture 2 min.

La chancelière veut imposer le modèle économique allemand à l'Europe, car c'est pour elle le moyen de gagner le soutien d'un peuple allemand qui ne croit plus à la solidarité européenne, estime Christian Lequesne.

Editorial du "Monde". Il y a confrontation et confrontation. Il y a le sens français du terme, qui veut dire mettre des personnes en présence pour comparer leurs idées, et puis il y a l'anglicisme, couramment utilisé, qui signifie, en réalité, "affrontement".

L'entretien avec Claude Bartolone publié le 25 avril par Le Monde, dans lequel le président de l'Assemblée nationale appelle à une "confrontation" avec l'Allemagne, ne précise pas si M. Bartolone est un puriste de la langue française ou un "angliciste" débridé. Mais le fond de son propos, puis le document sur l'Europe publié vendredi 26 avril par le Parti socialiste, ont levé toute ambiguïté sur le sens de sa pensée.

Dans une première version, le PS y dénonçait "l'intransigeance égoïste " d'Angela Merkel. Le texte final appelle à "un affrontement démocratique" avec l'Allemagne. On est bien au-delà de la "tension amicale" avec la chancelière allemande évoquée par François Hollande à la télévision le 28 mars.

Soit ce langage belliciste est autorisé en haut lieu, et c'est inquiétant. Soit il ne l'est pas, et c'est tout aussi inquiétant, puisque cela impliquerait que le président ne tient pas ses troupes. La réalité, c'est que le PS est en train d'imploser sur la question de la politique économique du gouvernement. Et que, plutôt que de poser les vraies questions, plutôt que de mettre à plat les termes réels, et non pas fantasmés, du débat sur la stratégie à suivre pour surmonter la crise de la dette, il a trouvé un bouc émissaire très commode : l'Europe. L'Europe restant, malgré tout, assez difficile à incarner, on donne à ce bouc émissaire les traits de la chancelière allemande.

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La ficelle est connue. Comme le confie très justement la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaité, au magazine allemand Der Spiegel, "avant, la cible, c'était l'Union européenne. Maintenant, c'est Merkel. Il est plus facile pour des politiciens qui sont eux-mêmes responsables d'une crise nationale de blâmer quelqu'un de l'extérieur".

Ce petit jeu n'est pas seulement infantile, il est extrêmement dangereux.

D'abord parce que rejeter la responsabilité des difficultés politiques et économiques de la France sur l'Union européenne nourrit l'euroscepticisme. La montée de ce sentiment et de l'une de ses expressions les plus néfastes, le populisme, est sensible un peu partout en Europe. Le renforcer par des prises de position démagogiques expose la France à des conséquences désastreuses et n'est certainement pas dans son intérêt.

Ensuite, parce que, si Mme Merkel fait mine de rester indifférente aux attaques personnelles dont elle est la cible dans le sud de l'Europe, l'affaire prend une tout autre dimension lorsque l'offensive émane de Paris. Il ne s'agit plus ici d'extrémistes grecs en colère, mais du parti du chef de l'Etat du pays que Berlin continue de considérer comme son partenaire incontournable. La France n'est pas Chypre, ce qui présente certains avantages mais implique aussi un devoir de responsabilité au sein de l'UE.

Elisabeth Guigou, présidente – socialiste – de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, ne s'y est pas trompée. Les propos de M. Bartolone, a-t-elle dit, sont "nocifs", voire "dangereux". On aimerait entendre des prises de position aussi fermes de la part du président de la République : le débat d'idées avec l'Allemagne, oui. L'affrontement, non.

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