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1er Mai : démonstration de faiblesse syndicale

Editorial. Un an après l’élection d’Emmanuel Macron, plusieurs conflits alimentent la colère sociale. Mais la « convergence des luttes » ne semble pas à l’ordre du jour, alors que le paysage syndical vient de subir un tsunami.

Publié le 30 avril 2018 à 12h06, modifié le 01 mai 2018 à 11h58 Temps de Lecture 2 min.

Manifestation d’agents de la SNCF et de fonctionnaires à Marseille, le 19 avril.

Editorial du « Monde ». En ce 1er Mai 1968, la CGT avait choisi de défiler avec le Parti communiste. La CFDT et FO avaient refusé de se joindre au cortège. Nul n’imaginait que, quelques jours plus tard, un mouvement social d’une ampleur inédite déferlerait sur la France, sans que les syndicats en soient à l’origine. Cinquante ans après, plusieurs conflits alimentent la colère sociale. La grève des cheminots marque le pas, celle d’Air France bat de l’aile. Et, contrairement au souhait de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, un an après l’élection d’Emmanuel Macron, dont la politique est très contestée, la « convergence des luttes » ne semble pas être à l’ordre du jour.

Le 1er Mai 2017, à la veille du deuxième tour de l’élection présidentielle qui avait opposé M. Macron à Marine Le Pen, les ­syndicats avaient célébré la journée de ­solidarité internationale des travailleurs en ordre dispersé. La CGT avait manifesté avec FO, la FSU, Solidaires, l’UNEF et les syndicats lycéens. Cette année, elle défilera avec les mêmes compagnons, mais FO ne sera représentée à Paris que par son union régionale d’Ile-de-France. De son côté, la CFDT organise une manifestation culturelle avec la CFTC et l’UNSA.

Troupes divisées

Il est vrai que le paysage syndical vient de subir un tsunami. Jean-Claude Mailly avait, à l’occasion de la réforme du code du travail, réinséré FO dans le jeu contractuel. Le 24congrès de sa centrale, qui s’est achevé le 27 avril à Lille, vient de lui infliger un désaveu aussi cinglant qu’humiliant, comme s’il avait été licencié pour faute grave. Son rapport d’activité n’a été validé que par 50,54 % des voix. Seul candidat à sa succession, Pascal Pavageau, pourtant membre du bureau confédéral sortant, s’est comporté comme s’il se présentait contre M. Mailly, comme s’il devait le chasser avant d’occuper la place qu’il lui laissait. Le congrès a ainsi offert le spectacle mortifère d’un affrontement violent entre les réformistes — jusqu’alors majoritaires, ils sont désormais minoritaires dans la direction de la centrale — et la mouvance « trotsko-anarchiste », prompte à dénoncer les ­« trahisons » et à prôner la grève inter­professionnelle. FO en ressort profondément frac­turée et affaiblie.

M. Pavageau veut incarner une opposition forte à M. Macron et renouer avec un langage radical. Ce scénario rappelle celui de 1989, quand Marc Blondel avait succédé à André Bergeron sur une ligne contestataire, cherchant à concurrencer la CGT sur son ­terrain. M. Pavageau a peut-être les mêmes espérances, mais les précédents calculs se sont révélés erronés. FO signe 90 % des accords dans les entreprises et elle a récemment ratifié deux accords interprofessionnels (assurance-chômage et formation professionnelle). Mais elle campe toujours à la troisième place dans le secteur privé, derrière la CFDT, première, et la CGT. La centrale quitte la planète du pragmatisme pour rejoindre celle des utopies qui ont pour noms « grève générale » et « abrogation des ordonnances » sur le code du travail, objectifs, l’un comme l’autre, pour l’heure inatteignables.

Sur le papier, le bloc syndical contestataire — CGT, FO, FSU, Solidaires — se trouve renforcé, mais encore faudra-t-il que M. Pavageau réussisse à entraîner des troupes divisées, ce qui est loin d’être gagné. Dans l’immédiat, lors du 1er Mai, face à un président de la République qui traite les syn­dicats comme quantité négligeable et ­malmène la démocratie sociale, les syndicats vont faire une nouvelle démonstration de faiblesse.

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