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"10 : 10", une campagne pour chasser le CO2 au quotidien

Née au Royaume-Uni en 2009, cette initiative est lancée en France, samedi 5 juin, par Yann Arthus-Bertrand.

Par Hervé Kempf

Publié le 04 juin 2010 à 15h47, modifié le 04 juin 2010 à 15h47

Temps de Lecture 3 min.

C'est dans une bonne humeur affichée que Yann Arthus-Bertrand lance, samedi 5 juin, par des pique-niques à Paris, Lyon, Toulouse et Bordeaux, la campagne "10 :10". "Etre écolo, c'est aimer la vie", considère le photographe. La campagne, organisée par sa fondation Good Planet, veut inciter particuliers, entreprises et collectivités à s'engager à réduire de 10 % leurs émissions de gaz à effet de serre en un an.

L'engagement s'appuie sur dix principes pour les individus, tels que faire du vélo, réduire le niveau de chauffage et de consommation électrique, prendre moins l'avion, manger plus de fruits et de légumes - issus de l'agriculture biologique - et moins de viande, éviter les emballages inutiles et "passer plus de temps avec la famille et les amis " afin de "moins consommer".

La campagne est la déclinaison française d'une initiative lancée en Grande-Bretagne en novembre 2009 par Franny Armstrong, la réalisatrice d'un documentaire sur le changement climatique intitulé "Age of stupid", un grand succès dans les pays anglo-saxons. "A la fin des projections, les gens venaient me voir en me demandant ce qu'on pouvait faire", explique Mme Armstrong, qui sera à Paris samedi. "Cela m'a donné l'idée de réduire les émissions de 10 %, et l'équipe du film s'est investie dans le projet. Le quotidien The Guardian nous a soutenus, et le succès a été immédiat."

Des vedettes ont signé de suite, ainsi que le gouvernement de Gordon Brown - celui de David Cameron a lui aussi, dès son intronisation, adhéré au "10 :10". Près de 60 % des conseils municipaux britanniques auraient aussi adhéré au projet. "Nous voulons montrer que les gens s'impliquent", dit Mme Armstrong, "afin de peser sur les hommes politiques pour qu'ils fassent avancer les négociations sur le changement climatique."

La campagne, qui se veut non culpabilisante, a été reprise en Irlande, Norvège, Pays-Bas, Australie, Ghana, Allemagne, et maintenant en France.

Le Parti socialiste et l'UMP ont déjà signé l'engagement. Pour quels actes concrets ? Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, indique que le nouveau siège de son parti, en 2011, sera aux meilleures normes énergétiques. "On va aussi essayer de réduire nos déplacements en avion, et de faire plus de co-voiturage. A titre personnel, je vais faire plus attention à mon alimentation."

Démarche volontaire

Du côté du PS, Martine Aubry vante les réalisations de la ville de Lille, dont elle est maire : "On a initié nombre de politiques, qu'on va continuer. J'espère qu'on pourra faire -7 % dans l'année." La première secrétaire du Parti socialiste apprécie particulièrement que la campagne "10 :10" "fasse entrer les gens dans une logique collective" et que "l'écologie n'y est pas vécue comme une contrainte."

Toute la campagne est en effet fondée sur une démarche volontaire. Si les entreprises disposent des outils pour mesurer leurs émissions de gaz à effet de serre, c'est plus difficile pour les particuliers. Yann Arthus-Bertrand lui-même ne connaît pas son bilan carbone : "Il a été calculé à la Fondation, mais je ne le connais pas." Alors, que va-t-il faire ? "J'ai remplacé ma chaudière au fioul par une chaudière à bois. Et puis je ne mange presque plus de viande rouge. Mais si les gens n'arrivent pas à moins 10 %, ce n'est pas grave, l'important est de créer une dynamique."

Cependant, par rapport à des campagnes précédentes comme celle du Défi pour la Terre, lancée en 2005 par la Fondation Nicolas Hulot et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), "10 :10" est originale car elle fixe un objectif chiffré. Pour Jean-Marc Jancovici du cabinet Carbone 4, "le sens de cette campagne est de dire, "quand on veut, on peut". Cependant, réduire de 10 % ses émissions est tout sauf simple. "En moyenne, un Français émet 8,5 tonnes d'équivalent CO2 par an, et même 10,5 tonnes si l'on tient compte des produits importés, dit M. Jancovici. Réduire de 10 % en un an est impossible, hors effondrement économique. Entre 2008 et 2009, du fait de la récession, on a baissé de 3 %. Cela montre l'ampleur de la tâche."

Comment connaître ses émissions personnelles ? L'Ademe a élaboré un calculateur carbone. La Fondation Nicolas Hulot prépare pour septembre un outil plus complet. "Cela nous apprend des choses intéressantes, dit Benoît Faraco, de la Fondation. Par exemple que plutôt qu'éteindre les appareils électroniques, le mieux est d'en limiter le nombre, parce que c'est à la production que les émissions sont les plus fortes. On a découvert aussi que le rôle de l'alimentation est très important."


Sur le Web :

le site de la campagne "10 :10", www.1010.fr

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