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La Mutuelle des étudiants étrillée par la Cour des comptes

La LMDE est mise en cause par la Cour des comptes pour sa gestion et la qualité de ses prestations, dans un rapport que "Le Monde" s'est procuré.

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Publié le 17 juillet 2013 à 11h33, modifié le 17 juillet 2013 à 18h32

Temps de Lecture 4 min.

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Après UFC-Que choisir et les sénateurs en 2012, c'est au tour de la Cour des comptes d'étriller le système de sécurité sociale étudiante. Dans un rapport, qui doit être rendu public en septembre, mais dont Le Monde s'est procuré une version préparatoire, les magistrats de la rue Cambon critiquent, une nouvelle fois, "une qualité de services (…) globalement très insatisfaisante" et des "coûts de gestion élevés avec une faible productivité".

Chaque année, environ 1,7 million d'étudiants sont tenus de s'affilier à une mutuelle étudiante pour se faire rembourser leurs soins, y compris pour assurer leur couverture maladie de base. Ils peuvent ensuite opter pour une couverture complémentaire. Ils ont en général le choix entre une des onze mutuelles régionales, regroupées dans le réseau Emevia, et la mutuelle nationale, La Mutuelle des étudiants (LMDE). C'est cette dernière, à laquelle adhère plus de la moitié des étudiants, qui est particulièrement critiquée par le prérapport de la Cour des comptes pour son inefficacité et sa désorganisation.

NOTE DE SATISFACTION : 2,33 SUR 5

La Cour des comptes a mené sa propre enquête de satisfaction auprès de plus de 1 700 personnes affiliées à la LMDE. La note moyenne de satisfaction a été d'à peine 2,33 sur 5, soit le plus mauvais score de toutes les mutuelles étudiantes, qui sont globalement toutes mal notées. Des chiffres qui viennent démentir les 88 % de personnes satisfaites vantées dans les "enquêtes de satisfaction autoproduites" par la LMDE, note avec malice la Cour.

Il n'y a pas besoin de chercher bien loin les raisons de cette insatisfaction. Selon la Cour, la LMDE n'est en mesure de répondre qu'à un appel téléphonique sur 14. En février, plus de 200 000 courriers adressés à la mutuelle étaient en attente de suivi et les retards de traitement des feuilles de soins sont chroniques. Par ailleurs, la LMDE, comme les autres mutuelles étudiantes, accuse un important déficit de développement des services en ligne.

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Autant de bugs qui causent des retards de remboursement récurrents pour les étudiants. Sans compter que les délais pour éditer les cartes Vitale sont particulièrement longs : neuf mois après leur inscription, 10 % des étudiants n'en ont toujours pas reçu et ne peuvent donc bénéficier du tiers-payant, estime la Cour.

Des difficultés qui ne sont pas niées par la présidente de la LMDE (issue du syndicat étudiant UNEF). "Nous avons connu de gros soucis en 2012 en raison d'une réorganisation interne complexe, explique Vanessa Favaro, mais la situation est revenue à la normale. Nous répondons à un appel sur deux, même si ce n'est toujours pas suffisant." Tout cela malgré des frais de gestion qui ont augmenté de plus de 7 % depuis 2005 alors que la plupart des autres régimes ont baissé les leurs sur la même période.

Lire aussi : Mutuelles étudiantes : les finances malades de la LMDE

La LMDE connaît des difficultés financières chroniques, avec 23 millions de pertes accumulées en 2011. Un plan social, lancé à cette époque, a abouti au départ de 130 des 640 salariés, moyennant "des indemnités importantes", note la Cour. Pourtant, ces personnels ont tous été remplacés "quelques mois plus tard", alors qu'un cabinet externe avait évalué que la productivité était supérieure de 20 % dans les caisses primaires d'assurance-maladie (CPAM) du régime général.

Sans compter que 2,2 millions d'euros d'intéressement ont été versés aux salariés entre 2007 et 2011, alors que la mutuelle perdait dans le même temps 3,8 millions d'euros. "Réduire les coûts de gestion ne passe pas forcément par des réductions de postes, et l'intéressement est lié à des accords d'entreprise", justifie Mme Favaro.

AU BORD DE LA FAILLITE

Au bord de la faillite, la LMDE a toutefois été contrainte de s'adosser en février à la MGEN, qui contrôle désormais de facto la gestion de la mutuelle. Un adossement encore trop récent pour que la Cour puisse juger de ses conséquences. Mais cette proximité, qui existe depuis longtemps, entraîne d'étonnantes pratiques. La Cour des comptes révèle ainsi que les enfants de fonctionnaires adhérents de la MGEN bénéficient "d'un traitement prioritaire" de leurs courriers et appels lorsqu'ils choisissent la LMDE, ce qui est en "contradiction avec les principes du service public".

Si les autres mutuelles étudiantes subissent des critiques moins lourdes, elles n'en sont pas moins visées par la Cour. "Les mutuelles étudiantes paraissent significativement moins productives que les caisses primaires", juge le prérapport, en notant qu'aucune n'assure autant de remboursements par adhérent que les CPAM.

Les mutuelles régionales contrôlées par la Cour n'ont pas non plus beaucoup progressé sur les outils en ligne. Et il leur fallait en moyenne plus de huit jours pour personnaliser les cartes Vitale, quand à peine 2,7 suffisent au régime général. Autant de dysfonctionnements en partie liés à l'architecture même du système de sécurité sociale étudiante, convient la Cour, qui plaide pour la suppression de ce régime spécifique.

Lire aussi (en zone abonnés) : La suppression des mutuelles étudiantes : un scénario évoqué depuis 2006

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