Face à l'injustice fiscale, « nous sommes en 1788 », estime Jean-Luc Mélenchon dans une interview publiée dimanche 1er décembre dans Le Parisien – jour où le Front de gauche organise à Paris une marche pour « une révolution fiscale ».
Les organisateurs de la marche du Front de gauche ont annoncé avoir rassemblé 100 000 manifestants. Après avoir indiqué qu'elle ne donnerait pas de chiffres, la préfecture de police a finalement indiqué que les manifestants étaient 7 000.
Le cortège, parti peu après 14 heures de la place d'Italie, s'est achevé vers 16 heures à proximité du ministère des finances à Bercy, alors que commençait un meeting avec notamment Jean-Luc Mélenchon et le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent.
La tête du défilé était arrivée à Bercy à 15 h 15, tandis que la queue de la manifestation se trouvait encore gare d'Austerlitz, à près d'un kilomètre de là.
Le coprésident du Parti de gauche réclame en premier lieu « l'abolition de la hausse de la TVA en janvier ». Selon lui, « les gens ne se méfient pas, car le chef de l'Etat les a embrouillés avec le taux à 20 %. Il ne leur a pas parlé du taux qui va passer de 5,5 à 10 % pour un tas de petites choses de la vie quotidienne. L'augmentation de la TVA va coûter en moyenne 428 euros par an pour une famille de quatre personnes. Cela va porter sur les médicaments non remboursables, les maisons de retraite, la consommation d'électricité, les transports ».
« La France est en 1788 », déclare Jean-Luc Mélenchon, en référence à l'année précédant la Révolution française.
« Le système de l'impôt est rejeté par tout le monde car tous savent qu'il protège les privilégiés fortunés. Pourtant, il n'y a pas d'alternative : sans impôt, il n'y a plus d'Etat ». « Il faut donc établir un impôt universel et juste. Et abolir les privilèges. Tous les efforts reposent sur la classe moyenne. Les très riches et les très grandes entreprises ne contribuent pas à la hauteur de leurs moyens. Au contraire, ils se servent à pleines mains », juge le député européen.
UNE MARCHE POUR RÉPONDRE À « L'EXASPÉRATION »
Dimanche, le Front de gauche appelle à une manifestation visant à « donner un contenu positif à l'exaspération » et « au ras-le-bol de l'injustice fiscale ». « Que ce ne soit pas le tout et n'importe quoi qu'on a vu en Bretagne, avec des ouvriers en train de manifester avec leurs patrons pour aller ficher le feu à des portiques d'une taxe qui ne s'applique pas, tout ça pour masquer le fait que ces mêmes patrons sont en train de les licencier et ont abusé de tous les avantages de l'agroalimentaire et de l'agriculture productiviste pendant des années », a-t-il déclaré mardi au micro de RMC.
Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot et Lutte ouvrière (LO) ont appelé à rejoindre la manifestation. « Il est grand temps que convergent les luttes contre l'austérité, pour une fiscalité anticapitaliste contre l'écotaxe et la hausse de la TVA, pour l'interdiction des licenciements et l'arrêt des expulsions des sans-papiers », estime le NPA. « Les agriculteurs, les camionneurs et de nombreuses catégories sociales ont récemment exprimé leur colère contre la politique gouvernementale. Mais les salariés, qui sont les principales victimes de l'austérité et du chômage, n'ont jusqu'ici pas fait entendre leur voix », fait valoir LO.
« LE RÉVEIL DE LA MOBILISATION À GAUCHE »
Dans un entretien au Journal du dimanche, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, affirme de son côté « sentir grandir le réveil de la mobilisation à gauche ». « Le peuple de gauche est en train de passer du sentiment d'impuissance qu'avait provoqué le renoncement gouvernemental à un nouvel état d'esprit de mobilisation », assure-t-il.
Sur la marche organisée dimanche, le sénateur de Paris explique que « les dizaines de milliers de participants que nous allons réunir doivent être un tremplin pour imposer un débat plus large. La marche est une étape utile, mais nous voulons nous engager dans un processus beaucoup plus durable avec l'écriture citoyenne de la nouvelle réforme fiscale. D'où notre proposition de construire des états généraux pour la justice fiscale. » Pour le patron du PCF, « il faut renverser ce système fiscal où l'essentiel des recettes pèse sur les salariés modestes ». « L'annulation de la TVA, l'impôt le plus injuste, serait un premier pas », estime-t-il.
Les présidents de groupes communistes seront reçus lundi à Matignon. A cettte occasion, M. Laurent indique qu'ils proposeront « les grands axes d'une réforme fiscale. Elle portera sur la reconstruction d'un impôt sur le revenu réellement progressif, la taxation du capital, un programme de lutte contre l'évasion fiscale ainsi que sur la remise à plat de toutes les exonérations fiscales existantes. »
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