Publicité

À Séoul, la réplique de François Hollande à Emmanuel Macron

François Hollande, le 17 octobre à Séoul. HANDOUT/AFP

LE SCAN POLITIQUE - L'ancien chef de l'État a choisi la Corée du Sud pour effectuer son premier déplacement à l'étranger depuis son départ de l'Élysée. En marge d'une conférence, il a vivement critiqué son successeur qui ne l'avait pas épargné lors de son intervention télévisée.

Comme Nicolas Sarkozy avant lui, François Hollande n'a renoncé ni à voyager, ni à s'exprimer sur les enjeux géopolitiques internationaux. L'ancien président devenu conférencier international a choisi la Corée du Sud pour son premier déplacement hors de l'Hexagone. Lors d'une conférence à Séoul au «World Forum Knowledge», il n'a pas ménagé Donald Trump et son refus de ratifier l'accord iranien (lire ci-dessous) mais c'est à son successeur, Emmanuel Macron qu'il a réservé ses flèches les plus acérées.

Car Hollande en a assez des piques à répétitions que lui assène l'actuel président de la République sans jamais le nommer. Alors depuis Séoul, il s'est lâché. Selon Le Parisien , un de ses compagnons de route aurait même prévenu: «François Hollande va un jour lui en balancer une». L'ancien président que l'on dit donc très en colère n'a pas regardé l'intervention de son successeur. «Il avait mieux à faire. Il préparait son discours» selon nos confrères, ce qui ne l'aurait pas empêché de lire les dépêches et d'échanger des SMS avec ses fidèles.

On est décidément bien loin de l'image bienveillante quasi paternelle qu'avait donné François Hollande le 8 mai dernier en invitant son successeur aux cérémonies de commémoration de la victoire des Alliés. C'était alors la première image forte depuis son élection.

» Lire aussi - La nouvelle vie de François Hollande

Les temps changent. Irrité, François Hollande a donc mis en garde lundi contre «une fiscalité allégée pour les riches et alourdie pour les plus modestes ou les classes moyennes», alors même que l'examen du premier budget du quinquennat Macron, qui comprend notamment une réforme de l'ISF, débute ce mardi à l'Assemblée.

Et d'ajouter sans ménagement: «La politique fiscale doit favoriser l'investissement, pas la rente. Je ne suis pas contre la réussite, mais elle ne doit pas être celle de ceux qui s'enrichissent en dormant. Ceux qui travaillent doivent avoir le bénéfice de leurs efforts et je ne vois pas pourquoi il faudrait consentir des largesses aux contribuables qui savent placer très opportunément leur argent».

Une phrase qui fait écho à la fameuse citation de François Mitterrand déclarant en 1990: «Aujourd'hui, on peut s'enrichir en dormant, il suffit d'être propriétaire de bonnes valeurs mobilières ou propriétaire de bons terrains, ou de bons locaux et il suffit de regarder le temps passer.»

Macron toujours en ligne de mire

Égratignant encore Emmanuel Macron, qui peine à se départir d'une image de président des riches, François Hollande a déclaré: «Quand il s'est agi pour la France, à un moment particulièrement difficile avec la crise des subprimes, des déficits qui s'étaient alourdis, de réduire les déficits, j'ai fait appel à la fiscalité. Mais quand il y a eu le retour à la croissance, j'ai fait baisser les impôts des catégories moyennes, qui sont les plus importantes, et j'ai maintenu une fiscalité relativement élevée pour les grandes fortunes».

Pour lui, «la mondialisation a incontestablement augmenté les inégalités à mesure que la croissance elle-même progressait. Nous avons donc une croissance qui est inégalitaire avec une concentration de la richesse sur un nombre limité de personnes. Il faut donc avoir une politique de redistribution par la fiscalité.»

L'ancien président s'est en revanche montré discret sur le montant perçu pour cette première intervention qui serait rémunérée plusieurs dizaines de milliers d'euros. L'un de ses proches a précisé qu'il en remettrait le montant à sa Fondation, «La France s'engage».

Pour son prochain déplacement, François Hollande se rendra en novembre au Portugal pour le Web Summit à Lisbonne. Un événement présenté comme «le Davos des geeks». Il y prononcera là aussi un discours.


Hollande critique l'imprévisibilité de Trump

Prolifération nucléaire, climat, protectionnisme, multilatéralisme, François Hollande a passé au crible l'ensemble de la politique du président américain et a vivement critiqué son «imprévisibilité» en matière de diplomatie. L'ex-président a fustigé la dénonciation de l'accord nuclaire iranien par Donald Trump. Un accord qui avait été conclu sous le quinquennat François Hollande.

Aux côtés d'Hillary Clinton et de Ban Ki-moon, devant un parterre de VIP, François Hollande a poursuivi ses accusations sur le bras de fer engagé par Donald Trump avec la Corée du Nord. «Donald Trump jette le discrédit sur de futures négociations si elles s'ouvraient avec la Corée du Nord» a-t-il insisté. Ce qui se passe pour l'Iran est fâcheux pour la Corée et je souhaite donc que le Congrès américain préserve l'acquis de la négociation.»

Autre critique acerbe de François Hollande: la dénonciation par Donald Trump de l'accord de Paris sur le climat, qui était l'une des fiertés de son quinquennat. «La tentation du chacun pour soi, qui est pourtant absurde en matière d'environnement, s'en trouvera favorisée», a-t-il observé.

À Séoul, la réplique de François Hollande à Emmanuel Macron

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
518 commentaires
  • TBDEPARIS

    le

    Hollande conférencier.
    Autant avec N. Sarkozy cela semblait normal et évident. Avec Hollande il y a comme un malaise. On pensait en avoir fini avec ce sentiement de honte lorsqu'il se présentait à l'international. La plus grande imposture de la V ème République continue son oeuvre.

À lire aussi