Grève à Air France : négociations dans l'impasse, un vol sur deux ce samedi

 

Grève à Air France : négociations dans l'impasse, un vol sur deux ce samedi

    La situation d'Air France «devient extrêmement délicate», a estimé vendredi soir un porte-parole de la compagnie française après le nouveau refus de ses pilotes de se remettre au travail après 12 jours de grève. Dans l'après-midi, des négociations autour du développement de la compagnie low cost Transavia France, filiale d'Air France, se sont poursuivies mais n'ont pu aboutir au scénario de sortie de crise espéré. Les pilotes poursuivent donc leur grève samedi, après le refus du gouvernement et de la direction du groupe de nommer un médiateur. L'impasse semble totale.

    La compagnie a prévu d'assurer plus d'un vol sur deux samedi, une légère amélioration par rapport à la veille (48%). Vendredi, les taux d'annulation sont restés très élevés à Marseille (85%), Toulouse (84%) et Nice (69%), contrairement à Rennes (25%).

    Les pilotes exigent une médiation, Matignon refuse.

    Dans la soirée, les pilotes du SNPL, syndicat majoritaire, se sont dits prêts à reprendre le travail si un «médiateur indépendant» était nommé pour trouver un accord. Ils se sont vus opposer un non très ferme de la part du gouvernement comme de la direction. «Depuis 12 jours la négociation a été intense, des avancées ont été faites par la direction. (...) Une solution de sortie du conflit est sur la table, aux pilotes de s'en saisir. (...) Chacun est maintenant face à ses responsabilités», a fait savoir le cabinet de Manuel Valls. Il n'y a pas lieu de nommer un médiateur après «des dizaines d'heures de négociations» a déclaré Eric Schramm, porte-parole d'Air France, qui a dit la surprise de la direction de voir les représentants des pilotes quitter la salle des négociations vendredi alors que «la discussion se passait bien».

    Le plan «de sortie de crise» de la direction rejeté par les pilotes.

    La direction d'Air France a annoncé ce vendredi soir avoir proposé aux syndicats de pilotes en grève un protocole «de sortie de crise» sur la base inchangée de son projet de développement de sa filiale à bas coûts Transavia France. «Ce protocole fait suite au retrait du projet Transavia Europe» mercredi, «répondant à la demande des syndicats de pilotes Air France, et aux multiples appels lancés aux pilotes grévistes pour qu'ils reprennent le travail», indique la direction. Selon les termes du protocole, elle maintient la nécessité d'employer les pilotes «aux conditions d'exploitation et de rémunération de Transavia France» pour «garantir (s)a compétitivité» et «son développement en complémentarité avec le réseau Air France». Mais le SNPL a jugé que cela «ne répondait pas aux préoccupations de la profession». Les pilotes craignent de voir leur statut Air France (avantages au comité d'entreprise, couverture santé, temps de récupération plus longs) fondre au profit de celui proposé chez Transavia, moins avantageux.

    Une grève jugée «insupportable».

    Plusieurs manifestations ont rassemblé ces jours derniers des salariés de la compagnie hostiles au mouvement des pilotes. Les professionnels du secteur (aéroports, voyagistes, etc.) ont eux souligné que cette grève était «catastrophique pour le secteur aérien français». Eric Schramm, porte-parole d'Air France et directeur général des opérations aériennes, a souligné vendredi que «la situation de l'entreprise devient extrêmement délicate». Selon la direction, la compagnie perd chaque jour «20 millions d'euros». En marge d'un déplacement à Arras (Pas-de-Calais), le Premier ministre a haussé le ton en appelant de nouveau les pilotes à arrêter une grève «insupportable» pour les usagers, la compagnie aérienne et le pays. Manuel Valls s'en est pris à l'«attitude égoïste» des pilotes grévistes, les appelant à accepter la dernière proposition faite par la direction et à abandonner leur revendication d'un contrat de travail unique entre les pilotes d'Air France et de sa filiale low-cost Transavia. Cette demande est «incompatible» avec le développement du low-cost, selon Manuel Valls.

    La grève pourrait durer la semaine prochaine.

    Le préavis de grève du SNPL court jusqu'à mardi 30 septembre inclus. Le Spaf, deuxième syndicat représentatif, s'est aligné vendredi sur cette date, accusant la direction d'être «responsable du pourrissement de la situation». Comme depuis le 15 septembre, au premier jour de la mobilisation, les grévistes resteront majoritaires samedi, à 57%.

    QUESTION DU JOUR. La grève des pilotes met-elle Air France en danger ?

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