Loi Alimentation : le gouvernement reconnaît des hausses de prix

Comme nous le révélions mardi, plusieurs centaines de produits de grandes marques vont voir leur prix augmenter dans les grandes surfaces, ce vendredi. Ce qu’a admis ce mercredi le ministre de l’Agriculture.

 Les augmentations de prix sur ces produits en particulier seront en moyenne de 5 à 6 %.
Les augmentations de prix sur ces produits en particulier seront en moyenne de 5 à 6 %. LP/Arnaud Journois

    Suite à nos révélations publiées mardi sur les hausses de prix qui interviendront vendredi sur des centaines de produits dits de « grandes marques » (Coca-Cola, Cassegrain, Lesieur, Danette, Nutella, Ricard, etc.), le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, a reconnu ce mercredi que « 4 % des produits vont beaucoup augmenter » dans les grandes surfaces.

    Ces hausses de prix sont dues notamment au relèvement des « prix planchers » (seuil de revente à perte, ou SRP) imposé par la récente loi Alimentation. Ce texte voté à l'automne vise, à travers une nouvelle répartition des marges des distributeurs, à mieux défendre les producteurs français en leur apportant une rémunération. Selon nos informations, les augmentations de prix sur ces produits en particulier seront en moyenne de 5 à 6 %.

    « La loi ne dit pas qu'il faut augmenter le Nutella, elle stipule qu'une grande surface ne peut pas vendre de produits aux consommateurs moins cher que ce que ça vaut », a expliqué Didier Guillaume, interrogé sur France Info, admettant que « 500 produits sur 13 000 » vont voir leur tarif grimper dans les supermarchés au 1er février et « 800 produits sur 20 000 » dans les formats hypermarchés.

    Les prix de la viande et du poisson «protégés»

    En revanche, « lorsque les gens achètent de la viande, du poisson », les prix « seront protégés, contrairement à avant », a poursuivi le ministre, « surtout sur les marques de distributeurs (MDD) ». « Ce qui m'importe, c'est que les consommateurs et les agriculteurs s'y retrouvent. » Au final, Didier Guillaume estime que la hausse de prix sera « en gros cinquante centimes de plus par mois » pour les consommateurs.

    « Ce sur quoi tous les acteurs économiques, sauf Leclerc, se sont mis d'accord, c'est qu'il faut changer le système, de façon à ce qu'on revienne à des prix normaux, et que ça permette d'améliorer le sort des agriculteurs. Et de ce point de vue, je trouve qu'il n'y a rien de choquant à ce que le prix du Ricard puisse augmenter un peu si ça permet d'augmenter le prix payé aux éleveurs laitiers pour un litre de lait », a justifié Jacques Creyssel, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui regroupe tous les acteurs de la distribution à l'exception de Leclerc, qui a mené la fronde contre la loi Alimentation au nom de la lutte pour le pouvoir d'achat.

    Le premier syndicat agricole, la FNSEA, a également réagi à notre dossier indiquant que « ce n'est pas parce qu'il y a une hausse sur certains produits que le panier global va augmenter. Il s'agit plutôt d'un rééquilibrage, pour aller […] vers une répartition plus raisonnable » des marges. La FNSEA rappelle que la loi Alimentation doit, de son point de vue, « mettre fin aux pratiques qui condamnent l'agriculture française. » Et qu'« il suffit pour cela que les distributeurs acceptent de rémunérer un tout petit peu plus les fournisseurs sur la très grande majorité des produits sans augmenter les prix au consommateur, en compensation du rétablissement de leur marge sur quelques produits phare ».

    Le syndicat agricole demande donc aux distributeurs de se montrer « vertueux » et de « jouer le jeu » de la loi Alimentation pour « sortir de la guerre des prix ».