Macron veut installer un nouveau comité d’experts sur le climat

En pleine grogne des Gilets Jaunes sur le prix du carburant, le chef de l’Etat serait sur le point d’annoncer la création d’une instance qui pourrait intervenir « sur toutes les politiques publiques ».

 Le Haut conseil sur le climat sera chargé de s’assurer de « soutenabilité sociale et économique » de la politique énergétique.
Le Haut conseil sur le climat sera chargé de s’assurer de « soutenabilité sociale et économique » de la politique énergétique. REUTERS/Thibault Camus

    S'agirait-il d'un « comité Théodule » supplémentaire, comme aurait dit le Général De Gaulle ? Emmanuel Macron devrait annoncer la création d'un « Haut conseil pour le climat », mardi, lors de la présentation de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

    Composée d'experts de l'environnement tels que Laurence Tubiana, l'ambassadrice de la Cop 21, ou Pascal Canfin, le président du WWF, cette structure pourrait, selon le JDD, intervenir grâce à des moyens dédiés « sur toutes les politiques publiques », leur élaboration ou encore leur évaluation.

    Placé sous l'autorité du Premier ministre, ce Haut conseil devrait aussi valider la « soutenabilité sociale et économique » de la politique énergétique et « de ses conséquences fiscales ».

    Il viendrait ajouter une strate aux dispositifs existants : Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), Conseil national de la transition écologique (CNTE)…

    Une concertation «pas du tout parisienne»

    Par ailleurs, l'Elysée semble prêt à engager un vaste débat sur l'environnement, alors que le gouvernement a rejeté l'idée d'une réunion avec les corps intermédiaires en vue d'un «pacte social de la conversion écologique» comme l'avait demandé Laurent Berger, le numéro un de la CFDT. Un débat avec une méthode de « concertation » innovante, « au plus près du terrain », « pas du tout parisienne », « plus horizontale », selon les termes du chef de l'Etat.

    Mais avant d'engager la concertation, Emmanuel Macron va présenter, mardi, la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), qui fixe les priorités d'action des pouvoirs publics jusqu'en 2028 afin de définir les modes de production et de consommation d'énergie. Par ailleurs, l'Elysée ne semble pas disposer à revenir sur la taxe carbone.

    François de Rugy, le ministre de la Transition écologique, a esquissé les grandes lignes de cette politique énergétique : une baisse de 40 % des énergies fossiles d'ici 2030, et un mix incluant 40 % d'énergies renouvelables d'ici à 2030, dont 10 % de gaz renouvelable contre 0,1 % actuellement.

    Des élus allemands et français réclament un «new deal» énergétique

    La France peut-elle y parvenir seule ? Des parlementaires français et allemands plaident pour un «new deal énergétique» entre les deux pays «pour construire la transition en Europe».

    Dans une tribune publiée samedi sur le site de Libération, plus de 50 élus (37 députés français, 10 élus allemands et 5 députés européens) estiment que « la France comme l'Allemagne sont sur le point de prendre des décisions qui auront un impact majeur sur notre avenir énergétique ». Ils jugent que « la première pierre » de cette Europe de l'énergie « est fragilisée par la défiance croissante entre les gouvernements français et allemand sur leurs politiques énergétiques ». En France, « la peur de devoir consommer de l'électricité produite par des centrales à charbon allemandes » et en Allemagne, la crainte « d'importer de l'électricité issue des centrales nucléaires françaises. »

    Selon ces élus, Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel « ont l'occasion de construire un new deal gagnant-gagnant sur la transition énergétique d'ici la fin de l'année » en alignant leurs trajectoires énergétiques. Selon eux, ce « new deal énergétique » peut être « l'acte fondateur de l'Union de l'énergie dont l'Europe a tant besoin pour accélérer la lutte contre le dérèglement climatique. »