Marseille : une sénatrice PS réclame l'intervention de l'armée

Alors qu'un nouveau règlement de comptes a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi à Marseille, Samia Ghali, sénatrice-maire des XVe et XVI arrondissements de Marseille préconisait, il y a quatre jours dans nos colonnes, le recours à l'armée.

Marseille : une sénatrice PS réclame l'intervention de l'armée

    Samia Ghali, maire depuis 2008 des XVe et XVIe arrondissements de Marseille, qui regroupent près de 100 000 habitants dans les quartiers Nord, l'élue socialiste, également sénatrice des Bouches-du-Rhône, dresse un constat alarmant.

    Comment la drogue a-t-elle gangrené les cités marseillaises ?

    Samia Ghali. Je suis née et j'ai grandi dans ces cités. Je les pratique depuis toujours. J'ai vu la situation se dégrader progressivement. La drogue y a fait son apparition vers les années 1987-1988. A l'époque, c'était des gens des quartiers Sud qui venaient vendre dans les quartiers Nord. Tout s'est inversé aujourd'hui. Les jeunes d'ici et leurs familles ont été totalement submergés. Beaucoup de mes amis sont morts par overdose. Des mères et des pères qui avaient élevé leurs enfants dans les règles de la République se sont retrouvés complètement perdus. On ne comprenait rien à ce qui était en train de se passer. La génération suivante, elle, a saisi le profit qu'elle pouvait tirer de ce trafic.

    Les pouvoirs publics ont-ils laissé les trafics s'installer ?

    Oui, j'en suis convaincue. J'ai vu des mères pleurer en demandant à la police d'aller arrêter leurs enfants qui se droguaient et les dealeurs qui leur vendaient leurs doses. Sans résultat. Personne n'a réellement pris conscience de l'ampleur du phénomène. Je pense qu'à un moment certains se sont dit : « Tant qu'ils meurent entre eux, ça nous débarrasse. » Aujourd'hui, le premier employeur des jeunes à Marseille, c'est le trafic de drogue. Et je n'ai pas peur de le dire. Il y a mêmes des filles qui dealent. Ici, la délinquance s'est professionnalisée. Le trafic fait vivre des familles entières. Je pense que les autorités ne mesurent pas la gravité de la situation.

    Que préconisez-vous ?

    Il faut commencer par casser les barres d'immeubles pour désenclaver les cités. Ensuite, je prône le recours à l'armée pour bloquer l'accès des quartiers aux clients des dealeurs. Comme en temps de guerre, avec des barrages. Et même si cela doit durer un an ou deux, il faut tenir. Combattre les dealeurs revient à combattre une fourmilière. Vous en arrêtez dix, dix autres se présentent aussitôt pour les remplacer. Il faut également rétablir le service militaire pour obliger les jeunes qui arrêtent l'école trop tôt à sortir de leur quartier et à apprendre la discipline.