Des lettres de Hollande et Valls au procès des biographes de Trierweiler

Des lettres de Hollande et Valls au procès des biographes de Trierweiler

    François Hollande et Manuel Valls ont chacun écrit une lettre au tribunal de grande instance de Paris pour soutenir l'assignation déposée par Valérie Trierweiler contre les auteurs de sa biographie intitulée «La Frondeuse». C'est ce qu'a révèlé lundi RTL, le jour où se tenait le procès au TGI de Paris. Les avocats de la défense d'insurgent.

    «Je tiens à dénoncer comme pure affabulation les passages du livre La Frondeuse (p. 46 et 47) concernant une prétendue lettre jamais écrite et donc jamais parvenue à son prétendu destinataire. L'invention ne peut être un procédé dans un essai politique sauf à être présenté comme un roman», explique François Hollande dans une courte lettre manuscrite sans l'en-tête de la présidence. Selon l'ouvrage, François Hollande aurait fait une tentative d'approche du camp Balladur en 1995, après le refus de Jacques Delors de se présenter à l'élection présidentielle.

    «La séparation des pouvoirs a été violée»

    Pour Me Olivier Pardo, avocat des auteurs de  la biographie, «la séparation des pouvoirs a été violée» avec l'envoi de cette lettre au tribunal. «Le président de la République est garant de l'indépendance de la magistrature. C'est absolument incroyable!» Selon un proche du Président, François Hollande a voulu apporter «un témoignage», pas une «pression».

    Dans une deuxième lettre, avec cette fois l'en-tête du ministère de l'Intérieur, Manuel Valls confirme avoir reçu en juin dernier l'un des auteurs, Christophe Jakubyszyn, dans le cadre de la rédaction de son ouvrage «qui devait selon l'auteur lui être favorable». «Les propos qui me sont prêtés, dans ce livre, sont souvent approximatifs, partiels et sortis de leur contexte», affirme le ministre de l'Intérieur dans cette lettre, ajoutant que certains propos cités dans six pages lui «sont attribués alors même qu'(il) ne les (a) pas tenus».

    Le Syndicat de la magistrature évoque «un problème d'éthique politique»

    Ces lettres posent «un problème d'éthique politique», mais ne constituent pas une atteinte à la séparation des pouvoirs, selon le Syndicat de la magistrature. «Ni la loi, ni la Constitution n'interdisent au président de la République ou à un membre du gouvernement d'attester ou de témoigner dans un procès», mais les deux courriers posent un problème différent, a estimé le président du syndicat, Matthieu Bonduelle.

    «François Hollande a fait une attestation, mais le président du tribunal de grande instance ne peut pas le convoquer pour venir témoigner au procès s'il veut l'entendre», c'est interdit par l'article 67 de la Constitution, a expliqué le magistrat. «Cette démarche pose problème au regard du statut» du chef de l'Etat, d'après lui. Concernant Manuel Valls, «il a utilisé un papier à en-tête» de son ministère et «ce n'est pas correct, c'est un mélange des genres», a considéré Matthieu Bonduelle. «Il donne un poids institutionnel à un courrier dans lequel il dit des choses à titre personnel», a-t-il souligné.

    Valérie Trierweiler réclame 80 000 euros de dommages et intérêts

    Les auteurs de La Frondeuse, une biographie de Valérie Trierweiler, étaient lundi au Tribunal de Grande Instance de Paris pour «diffamation et atteinte à la vie privée» de la compagne de François Hollande. Les débats n'ont pas abordé le fond du dossier. Seuls des «moyens de nullité», portant notamment sur les délais de citation, ont été soulevés par la défense, qui a demandé l'annulation de l'assignation des auteurs et éditeur du livre. Une décision sur ces points de procédure a été fixée lundi au 28 janvier.

    Valérie Trierweiler réclame 80 000 euros de dommages et intérêts et 5 000 euros de frais de justice aux auteurs, Christophe Jakubyszyn, en charge du service politique de TF1-LCI, et Alix Bouilhaguet, grand reporter au service politique de France 2, et à leur éditeur Yves Derai (Editions du Moment). Elle demande également devant la 17e chambre civile 70 000 euros de dommages et intérêts au magazine Point de Vue, qui avait publié début octobre un entretien avec les auteurs de la biographie.

    L'ouvrage s'est, selon l'éditeur, vendu «autour de 20 000 exemplaires». Les auteurs y évoquent une relation intime qu'auraient eue dans le passé Valérie Trierweiler et le président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian.

    Le courrier de François Hollande (document RTL)

    Le courrier de Manuel Valls (document RTL)