Bobigny : la CAF porte plainte contre Génération identitaire

Les militants de ce mouvement d’extrême droite ont déroulé une banderole sur la façade. La police les a délogés en fin de matinée et placé 19 personnes en garde à vue.

 Bobigny, le vendredi 29 mars. Des militants de Génération identitaire ont occupé le toit de la CAF de Bobigny.
Bobigny, le vendredi 29 mars. Des militants de Génération identitaire ont occupé le toit de la CAF de Bobigny. DR/CFDT93

    Les réactions d'indignation et de colère se sont multipliées, après l'occupation sauvage du toit de la Caisse d'allocations familiales (CAF) de Bobigny, par des militants de Génération identitaire Ile-de-France. Très tôt, ce vendredi, une petite vingtaine de membres de ce groupuscule d'extrême droite sont parvenus à monter sur le toit de l'établissement, avant de déployer une banderole avec ce slogan : « De l'argent pour les Français, pas pour les étrangers ». Certains d'entre eux ont également allumé des fumigènes, en criant : « Stop immigration, stop, stop immigration ».

    « Par cette action symbolique, Génération Identitaire réclame la suppression de toutes les aides sociales aux étrangers extra-européens », indique ce mouvement dans un communiqué, sur leur site Web. « Chaque année, des milliards d'euros sont ainsi déversés sur les banlieues, via notamment la « politique de la ville », pendant que la France périphérique est délaissée », est-il encore écrit dans le communiqué.

    19 personnes interpellées

    La police a délogé les militants de Génération identitaire en fin de matinée et placé 19 d'entre eux en garde à vue. Selon les premières constatations, il n'y a pas eu d'effraction. Ce vendredi soir, il est encore trop tôt pour connaître les suites judiciaires. La CAF a d'ores et déjà déposé plainte, dénonçant « une agression » qui « porte atteinte au fonctionnement du service public, mais également à ses valeurs ». L'institution ajoute : « En appelant à restreindre les droits sociaux des étrangers, le groupe Génération identitaire nie l'identité de la branche Famille de la Sécurité sociale. »

    « Ce discours haineux, raciste et xénophobe est intolérable »

    « C'est insupportable ! Cette initiative montre à quel point, ces gens se croient autorisés à organiser une action de haine, s'emporte Stéphane Troussel, le président (PS) du conseil département de Seine-Saint-Denis. Ils sont dans un département qu'ils exècrent, un département qui représente un modèle de société qu'ils exècrent : jeune, populaire, mixte et divers. » La municipalité a également condamné l'action de Génération identitaire : « Bobigny est fière de sa diversité, de son multiculturalisme et d'accueillir sur son territoire des administrations qui rendent un service nécessaire à la population. »

    Les syndicats de Seine-Saint-Denis dont les locaux de la bourse du travail sont tout proches de la CAF ont également promptement réagi. « Ce discours haineux, raciste et xénophobe est intolérable », estime Raphaël Breton, secrétaire général de la CFDT93. Très rapidement, des militants syndicaux en particulier de la CGT et de FSU93 ont à leur tour organisé une contre-manifestation devant la CAF, pendant que la police bouclait le périmètre et se préparait à évacuer les membres de Génération identitaire. « Notre manifestation a poussé la police à accélérer son opération, affirme Kamel Brahmi, militant de la CGT 93. Et des habitants sont sortis de chez eux pour nous rejoindre. »

    Reza Painchan, secrétaire général de FO93 est également en colère. « C'est une très grosse provocation. Ces gens sont venus provoquer les allocataires et les stigmatiser. » La CAF a dû faire évacuer son personnel et les usagers ont été réorientés vers d'autres sites pour y être accueillis, notamment vers Saint-Denis, Rosny-sous-Bois et Aulnay. Le site de Bobigny a rouvert vers 13 heures.

    Six syndicats appellent à un rassemblement départemental unitaire, ce mercredi 3 avril, à 12 h 30, sur le parvis de la préfecture de Bobigny.

    LA DISSOLUTION DE CE GROUPUSCULE RECLAMEE

    Stéphane Troussel, le président (PS) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis ne veut pas en rester là. « Il y a urgence, explique-t-il. Je demande au ministre de l'Intérieur, la dissolution de ce groupuscule pour incitation à la haine, propos xénophobes et trouble à l'ordre public. » Dans un communiqué, il qualifie le mouvement « d'idiot utile de Marine Le Pen ». SOS racisme a également demandé la dissolution.

    « Cette question est un peu prématurée car les faits ne datent que de ce matin et l'affaire relève maintenant de l'autorité judiciaire, répond le cabinet du préfet de Seine-Saint-Denis. Il y a eu une réponse de fermeté puisque les 19 individus ont été délogés et placés en garde à vue. Les matériels ont été saisis et remis à la justice. » Le ministère de l'Intérieur n'a en revanche pas répondu à nos sollicitations, sur ce sujet de la dissolution.

    Vendredi après-midi, la Maison des potes - Maison de l'Egalité a adressé une plainte auprès du procureur de la République et « entend se constituer partie civile ». Stéphane Peu, député PC de Seine-Saint-Denis a également écrit au parquet pour qu'il engage des poursuites.