Val-d’Oise : un plan d’urgence d’un milliard d’euros après l’abandon d’EuropaCity

La présidente (Libres !) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, prévoit ces investissements sur plusieurs années dans le département.

 Paris, ce jeudi. Le « plan d’urgence pour le 95 » devrait prendre cinq à dix ans.
Paris, ce jeudi. Le « plan d’urgence pour le 95 » devrait prendre cinq à dix ans. LP/A.C.

    « Un milliard d'euros d'investissement sur le Val-d'Oise dans les années à venir ». Voici l'annonce faite ce jeudi par la présidente (Libres!) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. Un « plan d'urgence pour le 95 », en soit des crédits supplémentaires sur cinq à dix ans, présenté quinze jours après la décision du gouvernement d'abandonner le projet EuropaCity. Le complexe de loisirs et de commerces controversé, à plus de 3 milliards d'euros et 10 000 emplois selon le promoteur, devait voir le jour sur le Triangle de Gonesse en 2027.

    « Ce plan est nécessaire car il y a aujourd'hui, dans tous les départements d'Ile-de-France, un projet structurant sauf désormais dans le Val-d'Oise, souligne l'élue. Et pourtant les difficultés de l'est du Val-d'Oise n'ont rien à envier aux problèmes du 93. Si le gouvernement détourne les yeux du 95, nous ne le ferons pas », lance Valérie Pécresse, aux côtés de nombreux élus du territoire de diverses couleurs politiques.

    Attirer les investisseurs

    Alors pourquoi ne pas avoir annoncé ces investissements avant ? « Parce qu'EuropaCity était un formidable espoir. 10 000 emplois créés et des recettes fiscales considérables pour ce département. On aurait pu avoir l'argent pour financer ce que je propose là pour le Val-d'Oise », estime-t-elle pourtant réservée sur le projet, qu'elle souhaitait voir de nouveau modifié.

    Ce plan d'urgence ne porterait pas sur un projet alternatif pour le Triangle de Gonesse, mais sur une série de mesures thématiques pour le département, dont certaines étaient déjà dans les tuyaux. « Ce n'est pas nous qui allons créer des emplois privés. Pour cela il faut des investisseurs mais nous pouvons leur donner les meilleures conditions pour le faire. Transports, formation… », affirme l'ex-ministre.

    Des aides pour passer le permis de conduire

    Au menu, la création d'un nouveau lycée international avec internat d'excellence à Garges-lès-Gonesse et le développement d'un campus sécurité à Argenteuil. Un nouveau CFA des métiers de l'aéronautique, en plus de celui de Bonneuil-en-France, devrait également voir le jour. Dans le cadre de l'accès à l'emploi, la région s'engage à « financer à 100 % le permis de conduire des jeunes val-d'oisiens accompagnés par les missions locales et les écoles de la deuxième chance.

    Côté culture, la région annonce aussi 20 M€ sur deux ans en faveur de la rénovation et de la construction de lieux culturels. Une somme en partie déjà engagée sur des projets en cours comme à Garges-lès-Gonesse.

    « Tout dépend du feu vert de l'Etat »

    « Les affectations précises seront définies en concertation avec les élus du territoire », précise la région… mais aussi avec le gouvernement. Car de nombreux projets ne pourront se faire qu'avec le large cofinancement et l'engagement de celui-ci. « Tout ce que j'annonce peut se réaliser dans les cinq ans, tout dépend du feu vert de l'Etat. Nous attendons que l'Etat vienne en cofinancement de ces projets », répond Valérie Pécresse.

    C'est le cas du T11 express ouest à Argenteuil, dans les cartons depuis longtemps. « La région s'engage à le faire réaliser au prochain CPER (contrats de plan Etat-région) » ajoute-t-elle.

    Avancer sur l'extension de l'avenue du Parisis et du T5

    La région demande aussi à l'État d'entériner l'utilité publique de l'avenue du Parisis (le Bip), dont le chantier est au point mort après un revers juridique. Valérie Pécresse promet également un renforcement de la desserte vers Roissy via le futur bus à haut niveau de service de Goussainville et de Garges-lès-Gonesse.

    Engagement également d'une étude du prolongement du T5 de Garges-lès-Gonesse vers le 93 et de l'interconnexion de la ligne H à Saint-Denis-Pleyel. Les annonces concernant le Vexin « d'un grand plan de transports à la demande » semblent un peu désuètes. Celui-ci est déjà lancé dans plusieurs communes depuis juin dernier.

    Valérie Pécresse s'adresse encore une fois à l'Etat lorsqu'elle propose de décentraliser la future Agence nationale de la cohésion des territoires à Villiers-le-Bel.

    « Nous avons besoin d'un peu d'espoir »

    Des annonces accueillies favorablement par les élus. « Je retrouve un peu le sourire », assure la présidente (LR) du département, Marie-Christine Cavecchi. « Merci, nous avons besoin d'un peu d'espoir sur ces territoires », poursuit le maire (PS) de Gonesse, Jean-Pierre Blazy. « Tout ça nous va bien. Mais attention s'il n'y a pas d'emplois à côté, cela ne bénéficiera pas à notre population », prévient Patrick Renaud, président (LR) de l'agglomération Roissy-Pays-de-France.

    « Où est le grand plan annoncé ? Nous avons assisté à un aveu de faiblesse de l'exécutif régional qui n'a même pas été en capacité de présenter un projet alternatif pour le Triangle de Gonesse », tacle de son côté Ghislaine Senée, présidente du groupe alternative écologique et sociale au conseil régional d'Ile-de-France.