Le modeste succès de la France au G20

Paris a rempli les objectifs limités qu'il s'était fixés. Mais le plus dur reste à faire.

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Les grands argentiers des 25 pays du G20 ont conclu un accord sur des
Les grands argentiers des 25 pays du G20 ont conclu un accord sur des "indicateurs" préalables à la construction d'un cadre de croissance, "forte, durable et équilibrée". © Sipa

Temps de lecture : 4 min

"Christian Noyer et moi-même sommes très satisfaits du résultat atteint." Visiblement fatiguée, la ministre de l'Économie peut afficher son large sourire. Elle a ouvert le premier sommet du G20 sous présidence française par un succès. Comme elle avait dit l'espérer en début de semaine, les grands argentiers des 25 pays du G20 (20 permanents plus 5 pays invités) ont conclu un accord sur des "indicateurs" préalables à la construction d'un cadre de croissance, "forte, durable et équilibrée". La discussion n'a toutefois pas été facile, elle a duré toute la nuit de vendredi à samedi, jusqu'au petit matin, après un dîner des grands argentiers et dirigeants de banques centrales, selon la délégation française. Il a notamment fallu vaincre les réticences chinoises. Du coup, il ne s'agit que d'un compromis. Mais il est "équilibré et exigeant", assure Christine Lagarde. Pour le reste, la ministre avait prévenu que rien d'autre n'était à attendre de ce premier sommet centré sur les questions économiques et financières. Le bilan de la présidence française du G20 ne pourra être jugé qu'après le sommet de clôture, à Cannes, en novembre prochain.

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Concrètement, sur quoi les pays du G20 se sont-ils mis d'accord samedi ? Sur des critères objectifs de mesure de leur économie. L'idée sous-jacente : la croissance équilibrée des uns fait la croissance des autres. En d'autres termes, il faut mettre fin à la manière dont l'économie mondiale fonctionne aujourd'hui : les États-Unis s'endettent, les Européens consomment et s'endettent, la Chine épargne et exporte, selon l'analyse de Christine Lagarde. À terme, le G20 doit en effet pouvoir formuler des conseils sur les politiques économiques à mener pour le bien-être de tous.

Pas d'avancée majeure

On n'en est pas là. C'est d'ailleurs bien parce que les objectifs de la présidence française du G20 Finances étaient très modestes que la ministre française de l'Économie peut se targuer d'un accord. Pour la prochaine étape, il sera nécessaire de définir une méthode qui permettra d'interpréter les critères retenus. Le FMI est chargé d'y travailler. Derrière cette discussion technique se cachent en réalité des enjeux très politiques : il s'agit de ne pas donner l'impression de contraindre un pays à mener des politiques contraires à ses intérêts.

Sur les autres sujets chers à Nicolas Sarkozy, les discussions n'ont pas débouché sur des décisions concrètes. Sur la réglementation du marché des matières premières agricoles, la réflexion continue. Mais, selon le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, il s'agit davantage de faire la transparence sur les marchés physiques (évaluations des stocks dans les différents pays) et d'augmenter la coordination que de faire la chasse à la spéculation, dont le rôle dans l'envolée des prix ne semble pas démontré ou retenir l'attention des pays du G20. Sur la réforme du système monétaire international, un nouveau rapport technique a été commandé pour définir les modalités d'accompagnement de l'émergence de nouvelles monnaies de stature internationale comme le yuan chinois. Mais la Chine a bien fait comprendre qu'elle ne se ferait pas dicter de calendrier vers la convertibilité totale de sa monnaie avec les autres devises. Les possibilités de donner plus de pouvoir au FMI vont être explorées.

Résurgence des intérêts nationaux

Autre sujet phare de Nicolas Sarkozy, l'instauration d'une taxe "infinitésimale" sur les transactions financières pour financer le développement écologique des pays du Sud. La proposition n'a visiblement pas reçu l'accueil espéré. Nicolas Sarkozy peut toutefois compter sur le soutien du FMI, même si, techniquement, leurs projets diffèrent quelque peu. L'Élysée entend en tout cas mettre la question des "financements innovants" pour les pays du Sud sur la table tout au long de la présidence française.

Enfin, en ce qui concerne la réforme de la finance internationale, le G20 s'engage à appliquer les nouvelles règles de capitalisation des banques dites de Bâle III. Cela signifie notamment que les États-Unis soumettront leurs établissements aux mêmes contraintes que leurs concurrents européens. Outre la poursuite des chantiers déjà engagés précédemment, comme la lutte contre les paradis fiscaux, le G20 entend aussi s'attaquer au "shadow banking" et à toute une partie de la finance non régulée comme les "dark pools".

C'est pour toutes ces raisons que, contrairement à Christine Lagarde, Dominique Strauss-Kahn s'est montré peu optimiste. Le directeur général du FMI a parlé d'un "bon sommet", mais s'est inquiété de la résurgence des pays non coopératifs. "On a avancé, mais c'est difficile parce que la volonté de travailler ensemble est moins forte que quand la crise financière était là et que tout le monde avait le couteau sous la gorge."

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Commentaires (66)

  • daniel02

    @lyonnais Globalisation : Avec Christine Lagarde, l’industrie US entre au gouvernement français. Inconnue des Français, l’avocate Christine Lagarde a été nommée ministre du Commerce extérieur dans le gouvernement de Dominique de Villepin. Il y a quelques jours encore, elle défendait les intérêts des multinationales états - uniennes contre ceux des entreprises françaises et européennes. Ses positions politiques s’accordent parfaitement avec son engagement militant au sein du CSIS, le think - tank du lobby pétrolier aux États - Unis.
    Madame Lagarde est inconnue en politique. Brillante avocate, spécialisée en droit social, elle a rejoint, en 1981, le cabinet Baker & McKenzie à Chicago et a poursuivi toute sa carrière aux États - Unis. Tout en menant sa vie de femme, soulignent ses attachés de presse, elle a monté tous les échelons du premier cabinet mondial de droit des affaires (4 400 collaborateurs dans 35 pays) jusqu’à devenir membre de son Comité exécutif, puis à l’automne 2004 présidente de son Comité stratégique. En outre, en avril 2005, elle entrait au Conseil de surveillance de la multinationale néerlandaise ING Groep, une des principales sociétés financières au monde.
    Christine Lagarde figure en 5e position du classement des femmes d’affaires européennes établit par le Wall Street Journal et en 76e position du classement des femmes les plus puissantes du monde établit par Forbes. Éblouie par ce parcours exceptionnel, la presse française s’est abstenue de toute enquête sur la nouvelle ministre. Bien que cela ne figure pas sur sa biographie officielle, Madame Lagarde militait aux États - Unis au Center for Strategic & International Studies (CSIS) Au sein de ce think tank, elle co - présidait avec Zbigniew Brzezinski [4] la commission Action USA/UE/Pologne et suivait plus particulièrement le groupe de travail Industries de défense USA - Pologne (1995 - 2002) et les questions liées à la libéralisation des échanges polonais. Or, dans ces instances, elle représentait les intérêts états - uniens contre ceux du Commerce extérieur français dont elle est aujourd’hui la ministre. En sa qualité d’avocate du cabinet Baker & McKenzie, elle poussait plus particulièrement les intérêts de Boeing et Lockheed - Martin contre ceux d’Airbus et de Dassault. Au sein de chacune de ces diverses commission, un homme jouait un rôle central : Bruce P. xxx, fondateur du Comité états - unien pour l’expansion de l’OTAN (US Committee for Expand NATO). Il représentait les intérêts de l’avionneur Lockheed Martin, dont il avait été vice - président. C’est au travers des relations nouées dans les commissions présidées par Christine Lagarde que M. xxx monta le contrat du siècle : la vente, en avril 2003, de 48 chasseurs F - 16 Lockheed - Martin à la Pologne pour 3, 5 milliards de dollars. Cette transaction provoqua la consternation en Europe dans la mesure où le gouvernement polonais payait cette commande avec les fonds de l’Union européenne destinés à préserver son secteur agricole.
    Ce contrat était disproportionné par rapport aux besoins réels de la Pologne. En outre, la logique eut voulu que Varsovie s’équipe de Mirage 2000 - 5 MK2 Dassault ou de Jas - 39 Saab en entrant dans l’Union. Cependant, ce contrat était indissociable de l’engagement de la Pologne dans la colonisation de l’Irak aux cotés des États - Unis, du Royaume - Uni et de l’Australie. M. Jackson était d’ailleurs le principal bailleur de fonds du Comité pour la libération de l’Irak (Committee for the Liberation of Iraq).

  • Lyonnais

    Vous dites ne pas avoir les compétences. Bien. C'est bien la raison pour laquelle je ne comprends pas votre point de vue virulent contre Mme Lagarde.
    Si vous avez des arguments, d'accord mais votre propos est général et non argumenté. Vous accusez en particulier Mme Lagarde d'avoir joué délibérément contre les intérêts français. Mon message a été coupé : je vous demandais, de me donner des infos à ce sujet que j'ignore. Je ne connais pas Mme Lagarde mais elle me semble avoir des qualités reconnues (elle a eu des éloges de journaux spécialisés et de l'ensemble de ses collègues à l'échelon mondial. pas trop courant en politique). Elle a quitté son emploi très lucratif pour faire de la politique et "servir son pays " dit'elle. C'est plus que rare et cela devrait lui valoir des éloges. Je répète si vous avez des infos sur sa" trahison", donnez les donc. Franchement c'est agaçant tous ces gens qui jouent les fiers mais ne donnent jamais d'info précise. Alors, allez y ! Je suis prêt à vous croire si vous argumentez.

  • daniel02

    En réponse @Lyonnais... Voilà qui est intéressant, en effet...
    Premièrement, je ne vois pas en quoi - et pourquoi - je revendiquerais une place que je ne saurais tenir ; la seule différence étant que mon humble personne, aux qualités fort modestes, admet ne pas avoir les compétences et ne cherche surtout pas à le faire croire...
    Ceci étant dit, si vous ne voulez pas avoir les Chinois dans les jambes, fallait pas aller là-bas et délocaliser, ou acheter tous leurs produits de seconde qualité, ou pire encore...
    Ce n'est pas quand on a donné le bâton pour se faire battre qu'il faut venir s'en plaindre. Cependant, je persiste : Madame Lagarde a, pendant des années, travaillé contre des intérêts économiques français au profit des Américains, et vient maintenant nous donner des leçons sur la façon de gérer la crise avec les Chinois ? Mais de qui se moque-t-on en réalité ? Qu'est-ce que cette femme fait dans notre gouvernement ? On a perdu la mémoire ou quoi ?
    Imaginons bien que les autres doivent quand même bien rire de nous... Tout simplement rire, et... sourire, pour les plus polis.
    Et imaginez bien que je suis de droite ! Qu'est-ce que je n'écrirais pas si j'étais un pur gauchiste, avec des oeillères...