Logement : Duflot bloque les loyers à la relocation

Prévu à la rentrée, un décret interdira l'augmentation des loyers lors d'un changement de locataire.

Source AFP

Le 9e arrondissement de Paris.
Le 9e arrondissement de Paris. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Pour lutter contre "l'emballement" des prix des loyers sans attendre une nouvelle loi qui exigera de longues négociations, le gouvernement entend bloquer par décret dès la rentrée prochaine les tarifs à la relocation. "Il s'agit d'une disposition d'urgence pour répondre à la crise du logement qui pèse sur les ménages", annonce la ministre du Logement, Cécile Duflot, dans Libération lundi. "François Hollande avait promis l'encadrement des loyers et c'est dans cet objectif que s'inscrit ce projet de décret", justifie-t-elle.

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Le décret, présenté fin juin en Conseil d'État, serait publié à la mi-juillet pour entrer en vigueur à la rentrée. Il ne gèlera pas les loyers. En revanche, les propriétaires ne pourront plus profiter d'un changement de locataire pour les augmenter à leur guise et le nouvel entrant sera soumis au même tarif que le sortant. Son loyer continuera ensuite d'évoluer selon l'indice de référence (IRL) publié par l'Insee et adossé à l'inflation. Ce décret doit "permettre que, dans les agglomérations et les zones où les loyers ont atteint des niveaux insupportables, l'accès à la location redevienne possible", explique Cécile Duflot.

"Spéculation"

La ministre reproche au marché locatif français de s'être "embolisé, avec une logique de spéculation et un emballement des prix des loyers". "À l'inverse d'autres pays européens où les loyers sont régulés, on est en France dans une situation intenable, où il est devenu impossible de se loger pour les jeunes et pour beaucoup de ménages, qui doivent fuir Paris et les grandes agglomérations", dénonce-t-elle.

Selon l'Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne, les loyers ont progressé de 2,4 % en région parisienne en 2011, un niveau supérieur à la valeur moyenne de l'IRL (+ 1,7 %) en raison notamment d'une hausse moyenne de 6 % "à la relocation". À Paris, les locations se sont conclues l'an dernier à un loyer moyen de 23,4 euros/m2, soit une progression de 3,5 % en un an.

Promesse

Le blocage des loyers par décret est une revendication de la Confédération nationale du logement (CNL), la plus importante association de locataires de l'Hexagone, et de la Confédération générale du logement (CGL), à l'origine d'une pétition en ligne signée par plus de 20 000 personnes. En janvier, François Hollande avait annoncé qu'il voulait "encadrer par la loi" les loyers "dès la première location ou à la relocation" dans les zones où "les prix sont excessifs", autrement dit l'essentiel de l'Ile-de-France, une partie de Provence-Alpes-Côte d'Azur et la côte basque. Il avait ensuite précisé à la fin du mois d'avril que ces montants ne devraient "pas dépasser la moyenne des loyers pratiqués dans le quartier pour un logement similaire", avertissant que "dans les zones où les loyers sont manifestement surévalués, ils devront même baisser au moment de la relocation".

Une grande loi en 2013

Cécile Duflot devrait exploiter une possibilité ouverte par l'article 18 de la loi du 6 juillet 1989 sur les "rapports locatifs". Tombé dans l'oubli, il permet de fixer par décret "le montant maximum des loyers des logements vacants" dans les zones où l'évolution des loyers s'avère "anormale". L'interprétation extensive de cet article par le cabinet de la ministre pourrait toutefois prêter à des contestations que le Conseil d'État serait amené à trancher, selon Libération.

Le décret anticipera une révision en profondeur de la loi de 1989 dans le cadre d'une grande loi sur le logement, qui ne sera pas prête avant 2013. D'ici là, Cécile Duflot entend collecter "des données très précises" sur les loyers en France et engager une concertation "avec tous les acteurs" du secteur, publics et privés, associations de propriétaires ou de locataires.


Commentaires (87)

  • Petit malin

    Pour une fois je vais défendre Cécile Duflot. D'abord tous les loyers ne seront pas bloqués puisque cela ne concernera que les grandes villes (plus de 250. 000 habitants) dans certaines zones (IDF, PACA, Pays basques) là où il y a spéculation et hausse effrénée. Ensuite, le blocage n'est pas intégral, en cas d'amélioration du logement (travaux substantiels) une augmentation pourra toujours être appliquée.
    Donc je pense que bloquer des loyers qui ont déjà augmentés déraisonnablement (40 % parfois) sans raisons objectives, n'est pas une mauvaise idée en soit. Les jeunes (nos enfants) alors qu'ils débutent dans la vie, ont la plus grande peine du monde à se loger sans y passer la moitié de leur salaire !
    Je suis plus circonspect et en accord avec les commentaires sur la grande refonte de la loi de 1989. Les socialistes et le Verts veulent faire intervenir lourdement l'Etat en fixant des "loyers moyens par quartier". Vaste programme (!) qui amèneront des milliers de propriétaires à attaquer l'Etat en justice... Ou à ne plus louer ! Et puis c'est quoi un "quartier" au sens des prix du logement ? Parfois cela diffère d'une rue à l'autre... Quelle usine à gaz que de tenir "à jour" tout ceci ! Comment pourra faire le futur locataire pour trouver l'information ? C'est bien une idée socialiste ! Il me semble plus judicieux de laisser faire le marché, d'autant qu'il y aura déjà eu des garde-fous de poser contre les abus et la spéculation. Pour les cas restant ce sera à la justice de trancher.

  • dr1

    C'est quoi un loyer modéré, selon vous ? Plus de chance d'avoir un loyer réglé >Un être malhonnête les restera, quel qu'en sera le prix ! Et enfin pourquoi louer quand cela vous coute plus au final ! Les bailleurs ne louerons plus, tout simplement ! Et cela est certainement en désaccord avec les règles de l'UE, en matière de prix !

  • utopie

    Mme la Ministre empêche simplement à certains propriétaires de spéculer et de profiter du manque de logements pour augmenter exagérément leur loyer. Les loyers continueront à s'ajuster sur l'indice du coût de la construction. Mrs les journalistes, il faut choisir ses mots.