Ségolène Royal veut prolonger la durée de vie des centrales nucléaires

La ministre de l'Environnement s'apprête à accéder à la demande d'EDF de repousser de dix ans la fermeture des centrales françaises.

Par

Les tours de refroidissement de la centrale nucleaire de Dampierre-en-Burly. 
Les tours de refroidissement de la centrale nucleaire de Dampierre-en-Burly.  © SIPA

Temps de lecture : 3 min

Sa décision était très attendue par les acteurs de l'énergie. Ségolène Royal devrait accéder à la demande d'EDF en prolongeant la durée d'exploitation des centrales nucléaires françaises de dix ans. Ce qui ferait passer leur espérance de vie de 40 à 50 ans. Europe 1, qui révèle l'information, précise que l'annonce de la ministre de l'Environnement et de l'Énergie devrait être formalisée début mars dans un décret de programmation pluriannuelle de l'énergie.

La newsletter politique

Tous les jeudis à 7h30

Recevez en avant-première les informations et analyses politiques de la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Un « grand carénage », vaste programme industriel pour ravaler la façade des centrales les plus anciennes, est envisagé par EDF. Cette opération devrait avoisiner les 50 milliards d'euros de budget sur 10 ans, selon l'opérateur. La Cour des comptes évoque plutôt le montant de 100 milliards d'euros sur 15 ans.

Un reniement

Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, l'avait laissé entendre la semaine dernière lorsqu'il avait affirmé qu'« il n'y a pas [de] fermeture [de centrale] prévue dans les dix ans à venir » en réplique au rapport de la Cour des comptes qui avait estimé que la mise en œuvre de la loi de transition énergétique, promulguée en août dernier, pourrait se traduire par la fermeture de 17 à 20 de ses 58 réacteurs français.

Contrairement à ce texte, qui indique que la part de l'atome doit être réduit à 50 % du volume total de production électrique de la France à l'horizon 2025, contre 76 % en 2015, le nucléaire restera donc la base énergétique de la France à moyen terme. EDF préparerait même de nouveaux argumentaires pour obtenir au-delà de ce délai une nouvelle prolongation de ses centrales de 50 à... 60 ans.

Quelle réaction chez les écolos ?

Si l'association Greenpeace a vigoureusement protesté, qualifiant cette décision dictée par EDF de « mépris absolu du projet politique de François Hollande, qui devrait viser à fermer 5 réacteurs d'ici à la fin de son mandat et au moins 28 réacteurs d'ici à 2025 - seule et unique façon d'appliquer la loi de transition énergétique », on attend aujourd'hui avec intérêt la réaction des Verts. À commencer par leur ancienne numéro un, Emmanuelle Cosse, appelée au ministère du Logement lors du dernier remaniement.

Selon plusieurs indiscrétions, le dossier nucléaire aurait bien été évoqué avec François Hollande avant son entrée au gouvernement. Mais selon Europe 1, le président serait resté très « flou » sur le sujet. Et notamment sur la fermeture, plusieurs fois annoncée, de Fessenheim - la plus vieille centrale nucléaire de l'Hexagone, mise en service en 1978. « Cette fermeture est actée », évacue-t-on en haut lieu, oubliant de préciser que cela ne représente que deux réacteurs sur les 58 que compte le parc nucléaire français. Et que la date de fermeture comme les moyens mis en place pour le démantèlement de Fessenheim restent inconnus.

Retard dans la transition énergétique

Lors de la campagne présidentielle de 2012, François Hollande avait promis de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité française (63,2 gigawatts annuels) de 75 % aujourd'hui à 50 % à l'horizon 2025. Si l'objectif demeure officiellement inchangé, il devrait ne rester qu'un vœu pieux tant le développement des énergies renouvelables dans notre pays est lent à démarrer. Alors que 23 % de l'énergie consommée devait provenir d'énergies vertes d'ici à 2020, ce seuil ne sera pas atteint, selon tous les spécialistes.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (34)

  • red riding hood

    L'analyse de "Biglotron" est parfaite, les décisions sont prises pour des raisons idéologiques, politiques, sans prise en compte des possibilités technologiques. Le terme " nucléaire" suscite de telles réactions pavloviennes qu'il a amené a supprimer le N de RMN à propos de l'imagerie par résonance magnétique nucléaire devenue IRM. Un service pionnier avait été l'objet d'une protestation antinucléaire.

  • maurice2

    Souvenons-nous qu'en 2012, les centrales lui étaient insupportables et qu'elle rêvait de les toutes fermer... Sauf qu'au contact du vécu, c'est une toute autre affaire ! Mme Royal ou l'art de gouverner avec des moulins à vent !

  • Biglotron

    Dans l'art de l'amalgame, je pense que vous pouvez raisonnablement prétendre à un oscar... Même si la concurrence s'annonce rude. Restez confiant !