Plan de 50 milliards d’économies : Valls frappe fort
+ DOCUMENTS et VIDEO - Manuel Valls a fait une déclaration à la presse ce mercredi matin, dans la foulée du Conseil des ministres. Un rendez-vous exceptionnel dans la forme où il a levé le voile sur les 50 milliards d’économies. Le point d’indice des fonctionnaires sera gelé jusqu’en 2017. La promesse des 60.000 créations de postes dans l’Education est en revanche maintenue. Des prestations sociales sont gelées, les mesures de lutte contre l’exclusion reportées.
Par Pierre-Alain Furbury, Frédéric Schaeffer
François Hollande a laissé Manuel Valls annoncer la potion amère. Même s’il a pris soin de le raccompagner sur le perron de l’Elysée, lui serrant ostensiblement la main devant les journalistes. Intervenant après un Conseil des ministres long de plus de deux heures avec, selon des participants, des « débats » animés, le nouveau locataire de Matignon a dévoilé ce mercredi les mesures principales du plan de 50 milliards d’euros d’économies sur trois ans. Un effort d’une ampleur inédite censé financer les mesures du pacte de responsabilité et de solidarité mais également réduire le déficit. Après l’engagement assumé lundi de ramener le déficit à 3 % en 2015 , c’est donc clairement le cap de la rigueur qui est maintenu. « Il faut tenir le cap, redonner de la force à l’économie », a martelé le chef de l’Etat devant ses troupes.
« Un seul objectif : le bien commun ! Ces efforts seront justes car ils seront collectifs. Ils seront justes car ils seront équitablement répartis. Ils seront justes car ils serviront à tous », a plaidé Manuel Valls sur un ton martial, jugeant que « nous ne pouvons pas vivre au-dessus de nos moyens ». Les économies porteront pour 18 milliards d’euros sur l’Etat , pour 11 milliards sur les collectivités locales , 10 sur les dépenses de santé et 11 sur les autres dépenses de Sécurité sociale .
La politique du coup de rabot n’est pas abandonnée
Contrairement aux intentions énoncées en début d’année par le chef de l’Etat, la politique du coup de rabot n’est pas abandonnée. Car elle permet de faire rapidement des économies. Au nom du « redressement de la France », les prestations sociales seront gelées. Une mesure sans précédent. « Dans le contexte exceptionnel qui est le nôtre », a dit le Premier ministre, la revalorisation du RSA et des autres allocations prévues par le plan pauvreté sont « décalées d’une année », même si « les minima sociaux seront préservés ».
Dans la même logique de rabot, le point d’indice des fonctionnaires, qui sert de base au calcul de leur rémunération, va continuer à être gelé jusqu’à la fin du quinquennat . Cette mesure, qui concerne toute la fonction publique (Etat, territoriale et hospitalière) est extrêmement puissante : une hausse de 1 % du point coûte au moins 750 millions d’euros pour l’Etat. Mais elle est aussi explosive : le point d’indice est gelé depuis 2011.
L’exécutif a en revanche décidé de ne pas revenir sur son engagement de 60.000 créations de postes dans l’Education nationale. C’était, il est vrai, un marqueur fort de la campagne de François Hollande. Pas touche non plus aux créations de postes promises dans la police et la justice. Ces créations seront compensées par des baisses d’effectifs dans les autres ministères, permettant aux effectifs dans la fonction publique d’Etat d’être stabilisés sur l’ensemble du quinquennat.
« Il fallait tuer le concours de farces et attrapes »
Pas question non plus de remettre en cause le « modèle social » notamment le SMIC. « Je le dis avec force », a insisté Manuel Valls, pas mécontent de pouvoir se servir de la proposition faite la veille par le président du Medef , Pierre Gattaz, pour envoyer un petit message rassurant à gauche. Annoncée mardi dernier, la mesure allégeant la fiscalité sur les ménages modestes sera prise dès juin dans la loi de Finances rectificative. Environ 500 millions y seront consacrés, a précisé le secrétaire d’Etat Jean-Marie Le Guen.
« Le gouvernement doit aller plus vite et plus loin dans son ambition de diminuer les dépenses publiques et proposer de véritables réformes structurelles », a déploré le Medef. Celles-ci sont principalement concentrées dans le domaine de la santé et du côté des collectivités locales. L’exécutif a un peu accéléré la présentation de sa copie, attendue pour la semaine prochaine, pour crédibiliser le pacte de responsabilité mais aussi le retour aux 3 % de déficit dès 2015. « On nous accusait d’être une bande de prestidigitateurs. Il y aurait rien sur les économies, disait-on. Là, les 50 milliards d’économies apparaissent », tranche un proche du chef de l’Etat. « Soit on fait les choses, soit on ne les fait pas. La France a une signature et elle la respecte », dit un autre. En outre, explique un proche du Premier ministre, « il fallait tuer le concours de farces et attrapes qui brouillait le message et donnait le sentiment que l’exécutif hésitait ».
Les syndicats heurtés, des élus PS crispés
Le plan d’économies a heurté les syndicats (Manuel Valls est « dur avec les faibles », a fustigé la CGT) et « crispé » de nombreux parlementaires socialistes. « Lutter contre la dette, contre les dépenses publiques, le peuple de gauche approuve. Il ne supportait plus les augmentations d’impôts », insiste-t-on au sommet de l’Etat.
Reste à savoir si les annonces de ce mercredi satisferont Bruxelles. Car des détails manquent encore pour arriver au total des 50 milliards d’euros. Il faudra, par exemple, attendre les lettres-plafonds de l’été pour connaître l’effort précis des ministères et des opérateurs de l’Etat pour 2015.
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DOCUMENTLe plan d'économies du gouvernement