Le Venezuela tente d’éviter le défaut de paiement
Caracas suspend son programme PetroCaribe, dont le coût, sur dix ans, avoisine 50 milliards de dollars.
Par Michel De Grandi
Menacé de défaut de paiement depuis plusieurs semaines, le Venezuela a décidé d’en finir avec les livraisons de pétrole bon marché qu’il consentait à divers pays de la région. Hugo Chavez, président de la République, avait officialisé les ventes d’or noir subventionné aux pays de la zone Caraïbe à partir de 2005 dans une alliance, PetroCaribe. Un ensemble d’Etats comme la Jamaïque, le Nicaragua et bien entendu Cuba, pouvaient alors profiter du pétrole vénézuelien bon marché. L’ancien homme fort de Caracas a même utilisé ce levier comme une arme politique. En 2009, Chavez a suspendu l’envoi de pétrole vers le Honduras afin de faire pression pour que Manuel Zelaya retrouve son poste de président dont il avait été évincé par la force. Ce qui était possible du temps de Chavez ne l’est plus aujourd’hui. Le coût de ce programme, selon les calculs de Barclays, a atteint 50 milliards de dollars sur dix ans !
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En suspendant PetroCaribe, Caracas élargit son volant d’économies et s’éloigne du défaut de paiement. Mais il doit encore trouver 22,6 milliards de dollars cette année pour boucler son budget. Jusque-là, son besoin de financement était estimé à 33 milliards de dollars. En janvier, la République dominicaine a accepté de rembourser à son voisin exportateur de pétrole quelque 1,9 milliard de dollars dus sur un total de 4,1 milliards de dollars au titre des livraisons de pétrole. La Jamaïque serait à son tour en négociations avec Caracas pour rembourser son dû. Si, aujourd’hui, le Venezuela parvient à éviter le couperet du défaut de paiement, il n’est pas pour autant tiré d’affaire.
La chute des prix du pétrole subie de plein fouet
Dépendant à 95 % de ses exportations de pétrole, Caracas subit de plein fouet la chute du prix du baril qui, depuis juin, a perdu 53 %, à 46 dollars le baril. Le pays demeure particulièrement vulnérable avec des réserves de change limitées à 20,8 milliards de dollars. Après avoir gagé récemment une partie de ses réserves en or, Caracas doit honorer au cours des douze prochains mois le paiement d’obligations d’Etat pour un montant de 4,84 milliards de dollars. Il doit en outre rembourser quelque 7,4 milliards de dollars à Pékin. Les Chinois sont devenus les principaux créanciers de Caracas, avec notamment un prêt de 42 milliards de dollars, destiné à être remboursé en pétrole. Seulement, les livraisons vénézueliennes ont été suspendues en octobre de l’an dernier, et les autorités chinoises ont, depuis, fermé leur robinet d’aide.
Pour bon nombre d’experts, le Venezuela reste engagé aujourd’hui dans une course contre la montre sans que personne ne sache comment il honorera ses échéances de 2016, tant ses caisses sont vides.
M.G.