3597 Placements Eco reelle 
Crédit : Julie Guillem

"La situation est exceptionnelle. Il va falloir faire plus", souligne-t-on du côté du cabinet de Bruno Le Maire.

Julie Guillem

Comment relancer la machine économique ? C'est la question qui agite Bercy depuis des semaines, alors que les entreprises reprennent progressivement leurs activités. Et il y a de quoi, car le chantier est immense ! Tourisme, transport, automobile... Quels que soient les secteurs, le confinement a fait d'énormes dégâts. Et si les dizaines de milliards d'euros de prêts garantis par l'Etat ont permis de sauver les meubles, les entreprises vont devoir cravacher dur pour se remuscler, et surtout trouver des capitaux.

Publicité

Habituellement, les entreprises se financent auprès des banques, des fonds d'investissement et des places boursières, sur lesquelles une partie des économies des épargnants sont investies. Mais les besoins sont tels que les acteurs financiers n'auront pas assez de liquidités pour accompagner tout le monde. Le gouvernement le sait, il va falloir viser plus large. Et dans ce contexte, Bercy a une idée : surmobiliser les Français, à l'heure où leur bas de laine n'a jamais été aussi important...

Rien qu'avec le confinement, les Français ont épargné presque 60 milliards d'euros supplémentaires, selon les données de la Banque de France. Un chiffre aussi historique que stratosphérique, qui vient encore gonfler les plus de 3000 milliards d'euros que les Français possèdent déjà par le biais des assurances-vie, des livrets et de leurs comptes à vue... "La situation est exceptionnelle. Il va falloir faire plus", souligne-t-on du côté du cabinet de Bruno Le Maire. Notamment auprès des centaines de milliers de PME.

LIRE AUSSI >> Plan de relance économique : le vert est-il (déjà) dans le fruit ?

Une partie de l'épargne des Français peut aider au redémarrage. "C'est l'enjeu majeur de l'Etat dans les semaines qui viennent : convaincre les Français d'utiliser le matelas qu'ils ont accumulé", souligne le président du Cercle de l'épargne, Philippe Crevel. Et peut-être plus encore avec les livrets et les comptes à vue...

Pratique >> Diversifiez vos placements avec l'investissement en SCPI en partenariat avec CORUM L'EPARGNE

"Les Français sont prudents. Il faut que l'on soit inventif"

Alors évidemment, les Français ne vont pas tout placer du jour au lendemain dans les entreprises. Surtout dans le contexte d'incertitude actuelle. Mais une petite partie de leur épargne peut l'être et pourrait changer la donne... "Ce serait considérable pour le tissu économique", souligne le vice-président de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, Daniel Labaronne (LREM). C'est en tout cas le pari du gouvernement.

Le défi est de taille. "Les Français sont assez prudents. Il faut que l'on soit particulièrement inventif", ajoute le parlementaire. Comment faire ? Plusieurs solutions existent : d'abord, dynamiser les dispositifs déjà en place, en augmentant, par exemple, les avantages fiscaux qui leur sont liés : niveau de l'abattement, durée de l'investissement pour en bénéficier. "Il faut des avantages fiscaux. C'est le meilleur moyen de mutualiser le risque", souligne Philippe Crevel.

LIRE AUSSI >> En U, en V, ou encore en L, à quelle reprise économique doit-on s'attendre?

Actuellement, les particuliers peuvent investir dans les entreprises via plusieurs véhicules ; tout dépend de leur taille : groupes cotés ou start-up ? Pour les sociétés cotées, outre la Bourse, les épargnants peuvent aller vers des plans d'épargne en actions (PEA), qui donnent accès à toutes les entreprises introduites en Bourse (petites et grandes).

Du côté des sociétés hors marché, les dispositifs sont plus nombreux. En plus de l'investissement direct, deux des moyens les plus connus d'investir dans les PME et TPE sont les fonds communs de placement dans l'innovation (FCPI) et les fonds d'investissement de proximité (FIP). Les investisseurs peuvent aussi placer une partie de leur épargne dans les entreprises via les fonds de capital-investissement, qui sont toutefois plus rares et plus risqués, ou le crowdfunding, qui s'est fortement développé ces dernières années.

Ouvrir le "fonds de solidarité" pour les entreprises aux épargnants

Mais Bercy n'envisage pas seulement de doper les dispositifs existants. Même si les travaux ne sont qu'au stade de la réflexion, d'autres pistes pourraient être envisagées, comme celle d'ouvrir le "fonds de solidarité" pour les entreprises aux épargnants. Créé au début de la crise du Covid-19, ce fonds permet aux entreprises de toucher des aides (jusqu'à 3500 euros). Les Français pourraient-ils abonder un tel fonds, qui serait transféré en véhicule d'investissement ? Pas impossible. Reste la question de la "contrepartie" : incitations fiscales ou/et rémunération sur le capital investi ?

LIRE AUSSI >> "La reprise la plus rapide de l'Histoire" : les raisons de la folle remontée des Bourses

L'Etat et Bpifrance, son bras armé financier, travaillent également sur un fonds d'investissement qui permettrait aux épargnants d'investir dans le tissu de PME françaises. Mais le projet, qui devait être lancé officiellement au printemps, a été suspendu provisoirement à cause de la crise et de l'incertitude sur la santé de nombreuses PME...

Publicité