Législatives 2022 : Chez LREM, militants et cadres peinent à prendre la mesure du revers

DECONFITURE La situation est inédite, catastrophique sur bien des points pour les macronistes, mais on ne s’en rend peut-être pas encore tout à fait compte chez LREM

Rachel Garrat-Valcarcel
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Sylvain Maillard, au QG de LREM, dimanche soir.
Sylvain Maillard, au QG de LREM, dimanche soir. — JEANNE ACCORSINI/SIPA

Au QG de La République en marche, Paris 8e

Un silence de mort. Pas un mot. La découverte des premières projections des résultats des législatives sur les écrans du QG de LREM, dans le 8e arrondissement de Paris, a été pour les quelques militants et militantes macronistes présents, un choc. Un vrai. De ceux qui vous paralysent, par l’ampleur de la déconvenue, par la surprise aussi, sans doute. Même dans leurs pires cauchemars, les macronistes n’avaient vraisemblablement pas anticipé de se retrouver avec environ 245 sièges, soit une grosse centaine de moins qu’en 2017. Très loin d’une majorité absolue (289).

Très vite entourés par les journalistes dans les minutes qui ont suivi, les militants et militantes manquent en effet de mots et se contentent des éléments de langage de base. « On est déçus, bien sûr, mais on reste quand même le premier groupe de l’Assemblée nationale », expliquait Patrick, les yeux dans le vide. On a comme l’impression que personne n’est en capacité de prendre la mesure de ce qu’il se passe. Score du RN, de la Nupes, l’abstention, les ténors battus… Tout le monde est hagard. Est-ce que la campagne a été mauvaise? « Ah non ici, on a fait une très bonne campagne », note un militant de Sylvain Maillard, candidat macroniste de la première circonscription de Paris, qui tenait son QG au siège du parti.

Se rassurer sur le local

Comment souvent, quand les résultats nationaux ne sont pas bons, on se concentre sur le local. Dans cette circonscription sans enjeu, le sortant a été largement réélu face au candidat de la Nupes : l’annonce de sa victoire, et des victoires des ministres parisiens Clément Beaune et Stanislas Guerini, a donné l’occasion aux militants et militantes de donner de la voix. La seule fois. « C’est sûr que c’est une élection difficile, ce n’est pas à la hauteur de nos espérances », explique le député réélu, qui dit toute sa tristesse de voir trois ministres battus.

Mais même un cadre de la majorité comme Sylvain Maillard est-il en mesure de prendre la mesure de l’événement ? A savoir une faible majorité relative pour un président à peine élu, un cas de figure complètement inédit sous la Ve République? L’élu insiste sur les points positifs (Elisabeth Borne élue, « on reste la force principale ») et veut rappeler qu’Ensemble ! est le seul pôle avec « un projet cohérent ». Il lance même un appel à rejoindre la majorité présidentielle aux élus de tout bord « car, bon, être élu d’opposition ce n’est pas drôle à l’Assemblée nationale ».

Même sur le score du RN, Sylvain Maillard se borne à dire qu’il « regrette » le succès du parti d’extrême droite, comme si, comme d’habitude, le parti de Marine Le Pen avait fait élire une petite poignée de députés. Tout le monde va avoir besoin de temps pour s’habituer à un nouveau paysage. Un paysage non pas chamboulé, ni même retourné, mais, en vérité, inconnu de toutes et tous.