Législatives 2022 : triomphe total de la défiance au premier tour

Désormais, l’ultra-gauche a pris la place de la social-démocratie, et la Macronie est en train de prendre celle de la droite et du centre.

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Législatives 2022 : triomphe total de la défiance au premier tour

Publié le 13 juin 2022
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Qui a remporté le premier tour de ces élections législatives ce dimanche 12 juin ?

Si on s’en tient aux chiffres, et qu’on s’appuie sur le nombre de suffrages exprimés, c’est la Macronie, qui arrive en tête avec 25,75 % des voix, suivie de très près par la NUPES avec 25,66 %. Seulement, on ne peut pas vraiment dire que le résultat soit glorieux, et certaines analyses, notamment celle du quotidien Le Monde, contestent même la victoire présidentielle. Après la présidentielle, la nullité de la campagne de la coalition macronienne fraîchement élue a non seulement réussi à annuler toute dynamique politique en sa faveur, mais aussi à remettre en selle politiquement un Mélenchon largement défait.

Pire encore, par souci de cohérence, la Macronie appelle désormais à faire battre le RN et à voter NUPES en cas de duel, se tirant au passage une balle électorale dans le pied.

On s’achemine donc vers une majorité relative pour le parti de l’exécutif, et donc à un réveil du Parlement. Emmanuel Macron va devoir demander à ses députés de faire autre chose que d’approuver sans rechigner les initiatives de l’exécutif. À quelque chose malheur est bon : la peur du rouge va peut-être pousser les parlementaires macronistes à jouer leur rôle et à chercher la discussion et les compromis avec les formations de la droite et du centre.

 

Mélenchon ne rassemble pas toute la gauche

Si ce n’est pas Macron, ce serait donc Mélenchon le grand vainqueur du premier tour de ces législatives 2022 ? En fin tacticien, le porte-parole de l’extrême gauche a réussi à transformer sa défaite présidentielle en tremplin pour les législatives, éclipsant du même coup la rivale Marine Le Pen de la scène médiatique. Mais malgré le talent de bateleur de foire du leader maximo de la NUPES, le rassemblement à gauche ne s’est pas fait. La coalition hétéroclite n’en a séduit qu’une fraction, les éléments les plus modérés ayant préféré Macron ou tout bonnement l’abstention.

À droite, c’est la débandade. Le RN (extrême droite) est à 18,68 % et les Républicains à 13,62 %.

Dans un pays réputé en voie de droitisation, où les scores du FN et même de Reconquête rivalisaient il y a encore quelques mois avec ceux de la Macronie, la défaite et cuisante et les scores lamentables. À la droite de la droite, la faute à une campagne atone de la part de Marine Le Pen et de la « mégrétisation » progressive d’un Éric Zemmour qui finit par se crasher dès le premier tour dans le Var. Au centre-droit, on lutte contre vents et marées contre l’enterrement de première classe que Nicolas Sarkozy semble avoir lui-même acté en soutenant plus ou moins ouvertement Macron.

 

Abstention record aux législatives 2022

Alors, qui remporte la mise aux législatives 2022 ?

D’abord l’abstention record. 52,49 %, c’est presque 1,5 % de plus qu’en 2017. Les électeurs désertent les urnes, et ne se sentent plus écoutés par un gouvernement de moins en moins représentatif. Des courants idéologiques entiers, en particulier le libéralisme, ont disparu de l’offre politique.

Si on ajoute à l’abstention record, le score des partis protestataires d’extrême droite et d’extrême gauche, qui aspirent à renverser la table et changer les institutions, alors la physionomie globale de l’élection devient franchement inquiétante. C’est la défiance ou le rejet qui domine les esprits.

Quelle est l’origine de cette explosion de défiance ?

Le climat économique et géopolitique anxiogène d’aujourd’hui n’est pas le seul responsable : on pouvait lire certains signes avant-coureurs du désastre depuis des mois. Certains se souviendront par exemple de l’extrême volatilité des intentions de vote lors de la présidentielle. Une partie non négligeable du corps électoral s’était alors décidé une bonne fois pour toutes dans l’isoloir.

La politique cynique et faussement habile d’Emmanuel Macron porte une large responsabilité dans cette nouvelle configuration politique monstrueuse. Par sa politique autoritaire et technocratique, il a fait exploser la défiance au sein de la société civile. Certes, ses prédécesseurs ont aussi beaucoup œuvré en ce sens, mais la Macronie a porté l’hyperprésidentialisation à son comble. Au plus grand mépris des pratiques démocratiques admises, il a « enjambé » la campagne présidentielle. Sans vergogne, il a tenté de siphonner le programme électoral de son concurrent d’extrême gauche. Résultat : la compétition pour celui qui incarnait le mieux la gauche du gaspillage, du socialisme et de la misère a normalisé le discours de l’extrême gauche mélenchoniste.

Désormais, l’ultra-gauche a pris la place de la social-démocratie, et la Macronie est en train de prendre celle de la droite et du centre. L’absence de talent de Marine Le Pen est en train de dégonfler le RN pour le reléguer à la place qu’avait le FN historique dans les années 1980. Nous assistons donc à un retour farcesque du clivage droite/gauche. C’est aussi un retour au « sinistrisme » cher à Thibaudet, qui faisait du déplacement du clivage politique vers la gauche une loi de la politique française : les formations radicales chassent les plus modérées, et les déportent automatiquement vers la droite.

Ce qui était progressiste et de centre gauche hier devient conservateur et de centre-droit aujourd’hui, simplement parce que l’opposition de gauche se durcit. Et le libéralisme dans tout ça ? Il devient urgent de le ressusciter. Il est la seule alternative pour faire revivre un gouvernement représentatif passablement abimé par une classe politique omnipotente en roue libre totale.

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  • Les français vont enfin avoir le gouvernement communiste dont ils rêvent depuis des décennies.

    A force de voter systématiquement (et autistiquement) socialiste depuis 40 ans, il ne faudra pas venir se plaindre.

    • Plus d’un Français sur deux n’a pas voté socialiste puisqu’il s’est abstenu. Que vouliez-vous qu’il fît et en quoi n’aurait-il pas la légitimité pour venir se plaindre ?

  • « la Macronie appelle désormais à faire battre le RN et à voter NUPES en cas de duel ».
    En fortifiant ainsi le pôle le plus fort de leur future opposition !
    Quel message envoient-ils ?
    RN = Gauche radicale (retraite à 60 ans etc…) + nationalisme (et anti-islamisme)
    LFI = Gauche radicale (retraite à 60 ans etc…)+ soutien à l’islamisme.
    Macron/LREM choisissent donc de favoriser le soutien à l’islamisme.
    Est-ce par parti pris anti-nation ou pro-islam ?
    Je caricature mais est-ce faux ?

  • En préparant une majorité relative pour la Macronie, le peuple lui permet de tenir une promesse oubliée : la proportionnelle.
    Un esprit modérément optimiste comme le mien pourrait y voir une victoire de la démocratie.
    Évidemment la note est salée. Normal. Il faut payer les intérêts de retard.

    • Comme si un gadget pouvait résoudre tous nos problèmes !!!! La proportionnelle était le socle des régimes parlementaires de la 3 et 4 eme republique qui a fini en lambeau et n a eu d autre solution que de recourir au GdG pour sauver le pays de la banqueroute financiere et pokitique Voir ce que cela continue de donner chez nos amis italiens avec de nouveaux gouvernements tous les ans.
      La proportionnelle est adaptée aux peuples responsables comme les nordiques……..par contre pour les éternels rebelles râleurs c est l échec assuré……😆😆😆

      -1
      • La proportionnelle permettrait de neutraliser les dangereuses velléités du gouvernement de se mêler de tout. La banqueroute financière s’en passe de toutes façons très bien. Quant à la banqueroute politique, en quoi faudrait-il l’éviter ?

    • 25.7% ne poussent guère à choisir la proportionnelle, hélas.

  • Commentaire de Balthazar = +++
    C’est le résumé en dix lignes de la très inconfortable situation politique de la France…
    SOS SOS SOS

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