Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres. “Nouvelle loi de notre président Macron : nouveau prix minimum de vente majoré de 10% à compter du 01/02/2019 sur des centaines d’articles”, peut-on lire sur une affiche tweetée dimanche 20 janvier (ci-dessous) par le spécialiste de la consommation Olivier Dauvers, de passage dans le Leclerc de Lanester (Morbihan). Le directeur du magasin, auteur de la pancarte, donne deux exemples : le litre de pastis Ricard et le café Carte Noire. Son commentaire est assorti de l’interrogation “Pourquoi la presse reste-t-elle silencieuse ?”. Qu’il se rassure, nous en parlons depuis de nombreux mois ou encore ici.

Cette augmentation aura bien lieu et résulte de l’entrée en vigueur, le 1er février, de la loi Alimentation. Celle-ci est une réaction à la crise des producteurs et des éleveurs observée depuis 2015. Ce texte vise à rétablir l’équilibre des relations commerciales entre les producteurs et la grande distribution. La mesure principale est l’interdiction pour les distributeurs de vendre des produits alimentaires à prix coûtant ou avec une très faible marge. Désormais, elle doit fixer un prix d’au moins 10% supérieur au prix d’achat au fournisseur. Ainsi, les produits sur lesquels les magasins ne dégagent pas ou peu de marge augmenteront.

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Selon le gouvernement, 7% des produits alimentaires sont vendus à très faible marge. Ce sont ceux que les magasins fixent volontairement bas pour attirer les clients. Parmi eux, peu de produits laitiers ou de viande : ce sont surtout le Coca-Cola, les pâtes Panzani et les bouteilles de vin Baron de Lestac. Ou alors le Nutella. On se souvient de l’émeute suscitée par la promotion des pots vendus à -70% en janvier 2018 par Intermarché. Ce sont ces produits symboliques, dont les prix sont auscultés de près par les consommateurs, qui vont augmenter.

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La loi Alimentation est critiquée par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. Cette dernière estime qu’elle pourrait coûter aux ménages jusqu’à cinq milliards d’euros par an, soit 177 euros euros en moyenne par foyer. “La guerre des prix ne concerne que les produits de grandes marques dont le consommateur peut comparer les prix d’une enseigne à l’autre. Sur ces marques phares, le distributeur ne fait effectivement pas ou peu de marge car il veut absolument garder son client”, déclarait en février 2018 au Parisien son président Alain Bazot. Celui-ci allait même plus loin : “Revendre plus cher de 10% un produit industriel ne garantit en rien que la production agricole française est achetée plus cher en amont. Si l’on prend l’exemple du lait : qu’est-ce qui obligera les industriels à mieux payer les éleveurs ? Tout cela est de l’enfumage et un mauvais coup pour le consommateur.”

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Michel-Édouard Leclerc, patron du groupe éponyme, a lui aussi critiqué dimanche 20 janvier le manque de cohérence du dispositif : “Il faut reconnaître qu’augmenter le Ricard en disant que ça aide l’agriculture, ça craint”, a-t-il déclaré sur Twitter. Celui-ci est néanmoins connu pour exercer de fortes pressions sur ses fournisseurs.